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Débat

Pays-Bas : les tirs de paintball autorisés contre des loups « au comportement problématique » !

Pour rendre les loups plus craintifs aux Pays-Bas, un tribunal a autorisé les tirs de paintball sur les individus trop curieux envers les randonneurs... ©AdobeStock

La justice néerlandaise autorise les tirs de paintball contre les loups qui représentent un « danger pour la sécurité publique » dans un parc national des Pays-Bas. Pour la Fondation 30 Millions d’Amis, cette décision ne va pas dans le sens d'une cohabitation harmonieuse avec le canis lupus.

Aux Pays-Bas, les loups peuvent désormais être visés par des fusils de paintball… au motif qu’ils n’ont pas suffisamment peur des humains ! Cette décision avait été adoptée après qu'une louve se soit rapprochée de randonneurs dans le parc national de Hoge Veluwe, fin 2022. Une situation « indésirable » pour la province de Gueldre, craignant alors d’éventuelles futures « situations dangereuses ». Pour éviter tout risque, la province avait décidé d’autoriser le tir de paintball sur les loups au « comportement déviant ». Le but n’étant rien de moins que faire souffrir l’animal pour le rendre plus craintif envers l’humain !

La curiosité du loup, un comportement normal selon la fondation de protection de la faune néerlandaise

Mais la fondation de protection de la faune néerlandaise – De Faunabescherming – a aussitôt porté l'affaire en justice, défendant que la curiosité des jeunes loups était un comportement normal. Le tribunal d'Utrecht lui a d'abord donné raison en suspendant l'autorisation d'utiliser des fusils de paintball. Selon le juge, la province n’avait pas « suffisamment argumenté la nécessité de l'exemption » ni « mené suffisamment de recherches sur des solutions alternatives ».

Malheureusement, par une décision du 24 janvier 2024, le juge a décidé de faire marche arrière, aux dépens de l’animal. Selon le rapport d’expertise fourni par les autorités, un ou plusieurs loups présenteraient un « comportement anormal », comme celui d’une louve « audacieuse » qui « se laisse approcher par les photographes » et qui « recherche également elle-même les cyclistes et les promeneurs ». De sorte que les autorités sont donc, selon le juge, « en droit de conclure que le comportement anormal d'au moins un loup présente un danger pour la sécurité publique ».

Selon le tribunal, la province aurait également suffisamment étayé la motivation supplémentaire selon laquelle il n'y a pas d'autre solution satisfaisante que de tirer sur le loup avec un pistolet de paintball : « Les moyens de dissuasion tels que gifler et/ou crier sont trop doux et ont un effet à court terme, et le gaz poivré peut endommager les yeux, relate le rapport d’expert. Si le pistolet de paintball est utilisé correctement et n’est pas dirigé vers les yeux, c’est un outil sûr ». En conclusion, selon le juge, tirer sur le loup avec un fusil de paintball est nécessaire dans l'intérêt de la sécurité publique : « Cet objectif l’emporte sur la nécessité d’éviter de perturber les loups »…

Rien ne prouve l’efficacité des tirs de paintball sur le comportement des loups

Cet argumentaire n’a évidemment pas convaincu l'organisation De Faunabescherming qui a fait appel de la décision de justice. Selon l’ONG, rien ne prouve l’efficacité des tirs sur le comportement des loups : « On ne sait pas ce qu'un loup apprend lorsqu'on lui tire dessus avec des balles de paintball, a réagi son président Niko Koffeman. Il existe toutes sortes de façons d'amener le loup à modifier son comportement, mais pas par un stimulus douloureux qu'il ne peut pas associer aux humains. » L’organisation propose plutôt de fermer la réserve naturelle au public pour préserver la tranquillité des meutes qu’elle abrite.

Si l’autorisation désormais valide n’est censée valoir que jusqu’au 1er février 2024, la province envisage de la prolonger, tout en l’étendant à d’autres secteurs géographiques que celui initialement visé. L’organisation de protection animale néerlandaise a fait savoir qu’elle n’hésitera pas à contester toute nouvelle dérogation.

Un moindre mal ? 

Toutefois, « ce qui est alternatif aux méthodes létales est bon à prendre », préfère nuancer Pascal Sourdin, référent loup de l'association Animal Cross« Avoir recours à de l'effarouchement est un moindre mal », considère le spécialiste qui dénonce la politique française exclusivement basée sur les tirs létaux. « La France n'a aucune leçon à donner aux autres pays, elle qui souhaite réduire le niveau européen de protection du loup, ajoute-t-il. Contrairement à la France, les Pays-Bas misent tout sur une cohabitation du loup avec les activités humaines, en imposant des standards de protection supérieurs aux nôtres. »