Fondation 30 Millions d'Amis

Fondation 30 Millions d'Amis
Faites un donFaire un don

La Ferme des Aubris

La Ferme des Aubris, un havre de paix pour les équidés maltraités ou abandonnés

Le refuge de la Tuilerie

Refuge "la Tuilerie" un havre de paix pour les animaux sortis de l'enfer

 €

Votre don ne vous coûte que
XXX après réduction fiscale

Débat

Le loup restera-t-il « strictement protégé » ?

Le statut de protection du loup fait actuellement l'objet d'un débat politique européen. ©AdobeStock

L’Union européenne va-t-elle remettre en cause le statut protecteur du loup ? C'est ce que laisse entendre l’actuel débat politique européen, impulsé par des propos polémiques de la présidente de la Commission européenne, début septembre 2023. Pour la Fondation 30 Millions d’Amis, cette hypothèse n’est évidemment pas souhaitable et – heureusement – peu probable !

Le statut de protection du loup fait débat au Parlement européen. Évoquant le retour du loup dans des régions de l’Union européenne où il avait longtemps été absent, la présidente de la Commission européenne – Ursula von der Leyen – a exprimé ses craintes quant au danger occasionné par la concentration de meutes de loups « pour le bétail, et potentiellement pour l’Homme ». Raison pour laquelle elle encourage les autorités locales et nationales « à prendre les mesures qui s’imposent », autrement dit à utiliser les dérogations déjà prévues par la réglementation autorisant des tirs de loups… Autant d’allégations trompeuses et contestables que condamne la Fondation 30 Millions d’Amis, qui milite de longue date pour une cohabitation apaisée entre cette espèce protégée et les activités agricoles.

Non, le loup n’est pas « un loup pour l’Homme » !

 

L’espèce reste encore vulnérable compte-tenu de la pression politique et lobbyist.

Ferus, Aspas, SFEPM

Primo, l’assertion selon laquelle le loup serait un danger pour l’humain n’a jamais été démontrée. Au contraire, « les preuves scientifiques ont montré que les loups ne considèrent pas les humains comme des proies, confirment des ONG européennes (dont le WWF et le Bureau européen de l'environnement) dans une lettre ouverte adressée à la présidente de la Commission. Les rencontres fatales sont exceptionnelles ». « Si le loup s’attaquait aux humains, on le saurait depuis longtemps, ajoutent les associations spécialistes françaises (Ferus, ASPAS, SFEPM). Même si un accident est toujours possible, comme avec n’importe quelle espèce animale sauvage comme domestique, il n’existe aujourd’hui aucun témoignage sérieux d’attaque de loup sur l’homme en Europe»

Deuxio, la présidente elle-même admet que les conflits surviennent « lorsque les mesures visant à prévenir les attaques sur le bétail ne sont pas pleinement mises en œuvre ». Et pour cause, « les dommages causés au bétail sont souvent liés à l'absence d'une surveillance adéquate et/ou d'une protection physique », assurent les ONG européennes. Dès lors, pourquoi la présidente n’a-t-elle pas plutôt invité les Etats membres à utiliser les différents moyens de protection existants ?

Une espèce encore vulnérable

Si la présidente de la Commission européenne évoque « une concentration de meutes de loups dans certaines régions de l’Europe », toujours est-il que l’espèce n’est pas encore viable à long terme.  « Même si les populations de loups sont en expansion grâce à une certaine dynamique démographique et à la présence de nombreuses proies sauvages, en particulier des ongulés, sur tout le territoire européen, l’espèce reste encore vulnérable compte-tenu de la pression politique et lobbyiste qui est exercée suite à son retour », tancent les associations françaises spécialistes de l’espèce.

« Ce succès reste fragile car la majorité des populations transfrontalières de loups dans l’UE n’ont pas encore atteint un état de conservation favorable, précise de son côté Reineke Hameleers, PDG de l’Eurogroup for Animals. Après avoir investi tous ces efforts et tous ces fonds, dégrader le statut de protection des loups affecterait non seulement leur bien-être mais mettrait également en péril leur survie et les condamnerait avant même qu’ils puissent être sauvés. »

Une rétrogradation peu probable

 

Dégrader le statut de protection des loups mettrait en péril leur survie.

Reineke Hameleers, Eurogroup for Animals

La Commission a invité les parties intéressées à soumettre, d’ici au 22 septembre 2023, des données actualisées sur les populations de loups et leurs impacts. Sur la base des données collectées, « elle décidera d’une proposition visant à modifier, le cas échéant, le statut de protection du loup au sein de l’UE (…) afin d’introduire, lorsque c’est nécessaire, davantage de flexibilité ». Pour la Fondation 30 Millions d’Amis, une telle rétrogradation est toutefois peu probable.

En effet, si le loup est protégé au sens de la directive européenne « Habitat » de 1992, il l’est également en vertu de la Convention européenne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de 1979 – dite « Convention de Berne » – … dont l’Union européenne est elle-même signataire ! C’est pourquoi, la Commission européenne ne devrait théoriquement pas pouvoir réduire, encore moins annihiler la protection du loup, au risque de méconnaître gravement cette convention internationale qui la lie ! « Le loup fait partie, des "espèces de faune strictement protégées" par la Convention de Berne. Aussi dé-lister le loup, au niveau de la directive "habitats" peut être problématique puisque la directive "Habitats" doit être conforme à la convention de Berne ; il existe donc un risque d'incompatibilité, précise Olivier Clec, maître de conférences en droit public. Un recours devant la Cour de justice serait envisageable pour établir une "illégalité". »

Quand bien même l’Union européenne, en tant qu’État signataire de la Convention de Berne, demanderait au Comité permanent de ladite Convention de réduire la protection du loup, elle s’exposerait fort probablement à un refus. Pour preuve, les demandes de la Suisse visant à rétrograder le statut de protection du loup ont systématiquement été refusées par le Comité permanent, en 2006, 2012 et 2022 !

Affaire à suivre…