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Biodiversité

41 propositions pour une coexistence apaisée entre le loup et les éleveurs

Quand la présence du loup est suffisamment prise en compte, la coexistence avec les éleveurs fonctionne. © Adobestock.

Alors qu’un nouveau Plan national d'actions (PNA) sur le loup et les activités d'élevage doit être adopté pour 2024, sept ONG de protection animale font des propositions pour une coexistence apaisée entre loups et éleveurs. Mesures de protection, développement des connaissances scientifiques, interdiction des tirs de prélèvement… 30millionsdamis.fr décrypte cette feuille de route.

7 axes, 41 propositions, et un maître mot : coexister. Ainsi peut être résumée la démarche de 7 ONG de protection animale et de l’environnement rendue publique le 31 mars 2023 pour le prochain Plan National d’Actions (PNA) « loup et activités d’élevage ». Le PNA est un document qui définit les orientations stratégiques et opérationnelles pour la préservation (le rétablissement, ou la conservation, selon les cas) d’une espèce protégée, sur plusieurs années (de 5 à 10 ans). Il en existe un grand nombre, et celui relatif à la protection du loup arrive à échéance cette année : un nouveau PNA doit donc être élaboré. L’occasion pour Férus, France Nature Environnement, l’ASPAS, Animal Cross, le WWF, la LPO et Humanité et biodiversité de décliner la politique qu’elles aimeraient voir mettre en œuvre. L’objectif ? Parvenir enfin à ce que loups et humains (et en particulier les éleveurs) coexistent en paix. Et peser sur les discussions en cours en vue de l’adoption du prochain PNA.

Denis Doublet, vice-président et coordinateur ‘’loup’’ de l’association Férus, explique la démarche à 30millionsdamis.fr : « Nous avons voulu nous exprimer en amont de l’adoption du prochain PNA, et publiquement » car s’il y a bien des concertations en cours avec les autres parties prenantes – ministères, éleveurs… - celles-ci sont assez frustrantes pour les défenseurs des animaux : « Férus a évidemment répondu à chaque fois qu’elle a été sollicitée pour participer à un groupe de travail, nous avons fourni des notes écrites, etc. mais nous sommes très peu entendus ». 

Une logique conciliatrice

C’est donc au public que les 7 organisations s’adressent cette fois, avec une ambition claire : la paix entre les loups et les éleveurs. A condition de procéder avec méthode et de s’en donner les moyens. La logique qui sous-tend les propositions des ONG se veut donc profondément conciliatrice : « Il faut déjà que soient systématiquement mises en place des mesures de protection des élevages, précise Denis Doublet ; fermer les parcelles avec des clôtures adaptées aux loups ; protéger les troupeaux avec des chiens de protection ; aider à l’embauche de personnels ; favoriser la présence de bénévoles en estive ; remettre en place des tirs d’effarouchement [pour faire fuir l’animal sans lui nuire, NDLR] n’autoriser les tirs dérogatoires létaux que si ont été préalablement mises en place ces mesures de protection et interdire les tirs de prélèvements [souvent illégaux, NDLR]  qui ne servent à rien, ne dissuadent pas les meutes d’attaquer les troupeaux et sont autorisés dans des proportions telles qu’ils peuvent nuire au maintien de l’espèce sur le territoire. »

 

Il faut interdire les tirs de prélèvement, qui ne servent à rien.

Denis Doublet, vice-président de l'association Férus.

Alors que, rappelons-le, le loup est une espèce protégée, dont la présence en France est le fruit d’un retour naturel et non d’une réintroduction, et l’Etat est juridiquement tenu de préserver l’espèce.

Des propositions qui ne nient pas les difficultés du monde de l’élevage et qui cherchent le point d’équilibre entre éleveurs et animaux. Denis Doublet précise en effet que « le PNA est intitulé ‘ loup et activités d’élevage‘ mais celui du cycle 2018-2023 était orienté en faveur de l’élevage : c’est ce balancier qu’il faut rééquilibrer ». Il faut d’ailleurs rappeler que Férus, comme 30millionsdamis.fr s’en est récemment fait l’écho, travaille régulièrement avec des éleveurs pour améliorer les conditions de la coexistence avec le loup.

Des connaissances à développer

Les organisations signataires appellent aussi à un développement important des travaux scientifiques sur les sujets connexes à la coexistence entre le loup et les élevages. « La littérature scientifique dont nous disposons est globalement assez fruste, regrette Denis Doublet. Nous avons par exemple trop peu de données sur l’impact des tirs létaux sur les dynamiques de prédation, hormis une thèse récente qui reconnaît elle-même qu’elle est insuffisante. » Autre domaine lacunaire : la prospective, c’est-à-dire la modélisation des dynamiques futures : « Il faudrait modéliser une éventuelle répartition du loup à l’horizon 2040, car cela permettrait de prévenir individuellement les éleveurs, de mettre en place des mesures de protection en amont de l’arrivée du loup, de former les acteurs… Or rien de tout ça n’est fait, pour le moment », déplore D. Doublet.

Le document publié par les organisations souligne que les mesures de protection mises en place dans les Alpes, où le loup est présent depuis plusieurs décennies, fonctionnent.  Une diminution de la prédation y est observée sur les troupeaux alors que le nombre total de loups y est en augmentation. « L’effarouchement fonctionne partout où cela est mis en place, la cohabitation fonctionne. Il peut y avoir des problèmes ponctuels, mais le bilan est globalement positif », souligne le vice-président de Férus. Anticiper l’arrivée du loup est donc fondamentale, puisque cela permettrait de mettre en œuvre des mesures efficaces avant que les conflits entre éleveurs et canidés ne s’enveniment, et que la tension monte.

Mettre les moyens à la hauteur des enjeux

Ceci demande évidemment des moyens. Mais l’Etat dépense déjà des millions d’euros pour indemniser les éleveurs, et, au titre de ses obligations juridiques à l’égard de l’Union européenne comme de celles qu’il s’est imposées à lui-même via des lois et des règlements, il est tenu d’investir sur cette question. Dans un contexte où la mortalité globale des loups français est encore trop élevée pour que la population soit pérennisée, il est urgent que les propositions des ONG soient débattues, pour la survie du loup en France. Tout le monde a à y gagner. En effet, comme le rappelle Denis Doublet : « le loup régule la faune sauvage bien plus efficacement que les humains, et notamment les sangliers, ce qui est largement documenté ». La Fondation 30 Millions d’Amis appelle l’Etat à prendre ses responsabilités et salue l’initiative de ses associations.