Des projets d’arrêtés ministériels prévoient de prolonger d'un an la suspension de la chasse de trois espèces d’oiseaux en déclin : la tourterelle des bois, le courlis cendré et la barge à queue noire. La Fondation 30 Millions d'Amis réitère sa demande d’une interdiction générale et définitive de leur chasse, seule à même de garantir la survie de ces espèces.

Le Gouvernement devrait adopter, d’ici quelques jours, trois projets d’arrêtés visant à prolonger la suspension, pour une durée d’un an, la chasse de la tourterelle des bois, du courlis cendré et de la barge à queue noire. Une « bonne nouvelle » en demie teinte pour ces espèces dont la population chute en Europe depuis plusieurs années.

Des espèces en déclin dont la chasse n’est que « suspendue » chaque année

Classée vulnérable sur la liste rouge française de l’UICN, la barge à queue noire fait l’objet d’un plan international qui prohibe sa chasse dans l’ensemble des pays signataires, et en vertu duquel le gouvernement français suspend la chasse depuis 2018 pour des périodes successives, mais toujours à durée déterminée…

La tourterelle des bois, quant à elle, a vu sa population s’effondrer de près de 80% en 40 ans. Face à ce déclin, la Commission européenne avait mis en demeure la France, en 2019, de suspendre la chasse de cette espèce. Pourtant, un an plus tard, le gouvernement avait autorisé la chasse de 17 460 tourterelles des bois pour la saison 2020-2021… Une décision aussitôt suspendue par la haute juridiction administrative. Mais il faudra attendre un avis motivé de la commission européenne en date du 3 décembre 2020 pour que l’Etat français prenne enfin ses responsabilités, bien qu’il se borne à suspendre cette chasse pour les saisons suivantes.  

Même son de cloche du côté du courlis cendré dont les effectifs ont chuté de 43% depuis 1980 en Europe. En 2020, le Conseil d’Etat avait annulé un arrêté qui autorisait la chasse de 6000 courlis cendré pendant la saison 2019-2020, à la suite de quoi le gouvernement a suspendu cette chasse lors des trois saisons cynégétiques suivantes, laissant à chaque fois un – court – répit à cette espèce.

L’interdiction définitive de la chasse : seule à même de garantir la survie de ces espèces

Toujours est-il que seule une interdiction at vitam aeternam serait à même de garantir la survie de ces espèces sur le long terme. Les avis exprimés à l’occasion de la consultation publique sur les trois projets d’arrêtés abondent en ce sens. « Les espèces fragiles, comme le courlis cendré, doivent tout simplement être définitivement interdites à la chasse », peut-on lire par exemple ; mais aussi « à l’heure de l’effondrement de la biodiversité, la chasse d’oiseaux vulnérables, comme la tourterelle des bois, est une aberration » ou encore « il ne faut pas que la France, une fois de plus, se distingue négativement, en autorisant, seule en Europe, la chasse de la barge à queue noire, qui devrait être définitivement interdite ».

 « Le rétablissement de ces espèces à un niveau démographique suffisant pour éventuellement envisager d'en autoriser à nouveau la chasse reste hautement improbable à court ou moyen termes, car la dégradation de leurs habitats naturels, principale cause de leur déclin, se poursuit inexorablement, conclut de son côté la Ligue pour la Protection des Oiseaux. Pour mettre enfin un terme à ces consternantes sagas juridiques, il suffirait à Emmanuel Macron de simplement respecter son engagement pris en 2017 en retirant les espèces d'oiseaux en mauvais état de conservation et inscrites sur la liste rouge de l'UICN, qui sont au nombre de 20, de la liste du gibier chassable en France fixée par l'arrêté ministériel du 26 juin 1987, où figurent 64 oiseaux (triste record d'Europe !) »

La Fondation 30 Millions d'Amis déplore, elle aussi, que le ministère de la Transition écologique persiste à préférer des suspensions d'un an plutôt que des interdictions définitives.... pour ménager les susceptibilités des chasseurs ?