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Biodiversité

Ces 6 mammifères font leur grand retour en France… mais restent fragiles !

Le statut de protection de la loutre et les efforts envers sa conservation ont permis à l'espèce de regagner une grande partie du territoire français. ©AdobeStock

Loups, castors, phoques… Des espèces auparavant disparues ou quasi disparues du territoire français font à nouveau leur apparition dans nos régions. Ce grand retour s’explique par les efforts de conservation et de réintroduction mis en place pour renforcer leur protection. Avec les explications de l’ASPAS et du SFEPM, 30millionsdamis.fr revient sur six exemples significatifs.

À l’échelle mondiale, la France est le sixième pays hébergeant le plus d’espèces menacées, selon la liste rouge de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN). Malgré ce constat, quelques bonnes nouvelles subsistent. Des mammifères auparavant disparus ou quasi disparus du territoire sont parvenus, à leur rythme, à reconquérir des régions françaises. Grâce aux textes officiels de protection de la nature et aux efforts de conservation, « on note un retour spectaculaire de quelques espèces », annonce Marc Giraud, naturaliste et porte-parole de l’ASPAS. Toutefois, des menaces persistent et leur cohabitation avec l’Homme ne se montre pas toujours apaisée. Focus sur le retour de six mammifères emblématiques depuis ces dernières décennies.

1. La loutre d’Europe

©AdobeStock

Cette espèce semi-aquatique est en bonne voie pour reconquérir tout l’Hexagone. Et ce n’était pas gagné… Longtemps chassée pour sa fourrure, la loutre d’Europe a été considérée comme un concurrent direct des pêcheurs. « Un argument non recevable, puisque la loutre se nourrit de poissons malades », indique Marc Giraud à 30millionsdamis.fr. Néanmoins, le mustélidé témoigne aujourd’hui d’une progression nette depuis les années 1990, selon la carte de répartition de l'espèce publiée par la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM).

Bien qu’il n’existe pas de chiffre officiel sur le nombre actuel d’individus en France, des indices témoignent de sa présence sur tout le territoire qu'elle colonisait autrefois, exceptés les Hauts de France et le Grand-Est. « C’est une espèce difficile à observer mais la loutre d'Europe dépose des épreintes et des empreintes permettant de déterminer ses zones de présence et de suivre sa recolonisation », souligne Cécile Kauffman, animatrice du Plan National d'Actions (PNA) en faveur de la Loutre d'Europe pour la SFEPM. Ce retour n’aurait pas été possible sans l’arrêt de sa chasse en 1972, suivi de la protection légale de l’espèce en 1981. Au fil des années, plusieurs mesures de conservation ont été menées pour répondre à différentes menaces existantes. À titre d'exemple, « la construction de banquettes à Loutres sous les ouvrages d'art permet de rétablir des corridors écologiques fonctionnels essentiels à la recolonisation de l'espèce, trop souvent, victime de collisions routières », ajoute Cécile Kauffmann. Chaque année, plusieurs dizaines de loutres sont retrouvées mortes sur le réseau routier. Cela n’empêche pourtant pas la loutre de se développer, doucement, mais sûrement.

2. Le castor

©AdobeStock

Contrairement à la loutre, le castor a reconquis les cours d’eau français à une vitesse plus impressionnante. « Il se porte bien mieux grâce à plusieurs campagnes de réintroduction des années 1960 à 1990, alors qu’il a faillit disparaitre au début du siècle dernier », informe Thomas Ruys, président de la SFEPM. Les efforts de conservation ont porté leurs fruits, puisque l’Hexagone compte aujourd’hui « plusieurs milliers d’individus ». Lui-aussi chassé pour sa fourrure et intégralement protégé depuis 1976, le castor est néanmoins susceptible d’être « touché par des maladies à risques » en raison d’un manque de diversité génétique.

Sa cohabitation avec l’homme ne témoigne cependant pas d’une bonne entente. « Même si leur habitat naturel est protégé, il y a malheureusement encore des exemples de destructions volontaires de barrages », explique T. Ruys. L’espèce reste suivie tous les ans, dans chaque région de France.

3. Le loup

©AdobeStock

La mauvaise réputation du loup a complétement fait disparaitre ce prédateur du territoire français dans les années 1930. Son retour naturel s’est néanmoins déployé à toute vitesse. « À partir de 1992, ils sont revenus d’Italie et désormais, ils proviennent de tous les alentours », précise le naturaliste Marc Giraud. L’espèce, classée vulnérable par la liste rouge de l’UICN, a su recoloniser l’ensemble des massifs montagneux avec la capacité de se répandre sur toutes les régions françaises. En 2023, la région Auvergne Rhône-Alpes, en charge du Plan national loups, a compté plus de 1000 loups sur tout l’Hexagone, dont 204 abattus.  

Mais alors que son expansion se propage au fil du temps, les lois assurant sa protection restent trop souvent « détournées » selon le porte-parole de l’ASPAS. Depuis 2004, l’État autorise l’abattage de loups lorsque celui-ci s’attaque au troupeau. : « Le loup reste protégé sur le papier, mais sur le terrain, les chasseurs n’hésitent pas à tirer sur un individu hors troupeau », s’indigne le naturaliste. Peu à peu, ces conditions de tirs ont été assouplies, rendant possible l’abattage de 19% de la population du loup. Un fait qui s’ajoute à la dernière intention de la Commission européenne : celle d’abaisser le niveau de protection du loup, à laquelle la Fondation 30 Millions d’Amis et d’autres collectifs s’opposent.

4. Le phoque

©AdobeStock

Cet animal marin est revenu « de manière anecdotique » dans nos eaux douces ! Les deux espèces de phoque en France, le phoque gris et le veau marin, avaient aussi totalement disparues du territoire à cause de la chasse. Car le phoque, gros mangeur de poissons, est toujours perçu comme un concurrent direct des pêcheurs. L’arrêt progressif de cette pratique a permis au pinnipède, protégé par la convention de Berne, de revenir sur les côtes françaises. « Il n’y a pas eu de réintroduction pour le phoque. Il s’agit purement d’un mouvement naturel depuis le littoral britannique », affirme Marc Giraud. L’exemple de la Baie de Somme (80), devenue très touristique pour son grand rassemblement de phoques, témoigne de l’augmentation fulgurante des effectifs.

Selon l’observatoire Pelagis, plus d’un millier d’individus seraient présents aujourd’hui sur le territoire « Les populations de phoques veau-marin et de phoques gris dans l’hexagone se portent bien et on constate une augmentation des effectifs et des naissances », affirme l’organisme sur son site internet. Les captures accidentelles par les engins de pêche ainsi que le dérangement lié aux activités humaines gardent toutefois l’espèce classée « quasi-menacée » en France. 

5. Le lynx

©AdobeStock

Depuis quelques décennies, le lynx laisse de nouveau sa trace dans le massif jurassien et dans les Alpes. Les caméras-pièges confirment sa présence alors qu’il figurait, lui-aussi, aux abonnés absents au cours du siècle dernier du fait de sa persécution directe, la raréfaction de ses proies, et la régression de son habitat forestier. « Le lynx est de retour depuis 50 ans en France », annonce Antoine REZER, chargé de mission LYNX pour la SFEPM à 30millionsdamis.fr. Grâce des programmes de réintroduction dans les pays voisins – en Suisse et en Allemagne – le prédateur défile à nouveau sur les massifs forestiers, mais en petit nombre. « On compte entre 100 et 200 individus aujourd’hui », précise le spécialiste.

Il a fallu attendre 1976 pour que le lynx bénéficie du statut d’espèce protégée en France. Mais encore aujourd’hui, le lynx reste une grande victime des collisions routières. « On comptait 23 victimes de ces accidents en 2022, puis 16 en 2023. Cela reste énorme pour cet animal à faible effectif et au manque de connectivité entre massifs où l’espèce est présente. », détaille Antoine Rezer. S’ajoute à cela la destruction illégale de l’espèce, « plus rare mais dont on ne peut quantifier le nombre ». L’espèce subirait aussi un appauvrissement génétique, dû à ses faibles effectifs sur le territoire. Par conséquent, le lynx, officiellement de retour en France, reste une espèce classée « en danger » sur la liste rouge de l’UICN.

6. L'ours brun

Son retour dans les forêts françaises est notamment dû à une disparition bouleversante en 2004 : « Il ne restait que cinq ours à l’état sauvage dans les Pyrénées, dont une seule femelle, Cannelle. Elle a été abattue par un chasseur », fait savoir Marc Giraud (ASPAS). La chasse à l’ours est pourtant interdite depuis 1972, soit dix ans avant la stricte protection de l’espèce. Ce coup fatal a provoqué une vive émotion en France, jusqu’à faire réagir l’ancien président de la République Jacques Chirac. Le chef de l’État avait alors décidé de procéder à un lâché de cinq ours slovènes dans les Pyrénées centrales.

L’opération s’est répétée deux fois jusqu’en 2018, jusqu’à atteindre une population d’environ 70 ursidés en 2021. Les ours bruns réintroduits dans ces montagnes ont fait preuve d’une adaptation au territoire, ce qui a entrainé une augmentation des naissances et la colonisation d’autres espaces naturels. « Malgré ces éléments positifs, la population actuelle est encore trop fragile et réduite pour espérer pouvoir se maintenir à long terme », déplore l’association Ferus dans un dossier consacré à l’espèce.  En cause, la cohabitation difficile entre l’homme et l’ursidé : « La chasse continue d’avoir un impact sur la population d’ours, mais on remarque néanmoins un progrès dans l’opinion publique. La cohabitation ours-homme est tout à fait possible », affirme le porte-parole de l’ASPAS. Des efforts à poursuivre.