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Faune

Autoroutes : des écoponts pour ne pas entraver la faune sauvage

Pour protéger la biodiversité et permettre à la faune sauvage de traverser le ruban de circulation, la réglementation prévoit un écopont tous les 300m environ pour les autoroutes les plus récentes / ©PhotothèqueVINCIAutoroutes

« Écoponts » ou « passages faune » : ces infrastructures sont de plus en plus nombreuses à permettre aux animaux de traverser les autoroutes. Ces passerelles végétalisées construites au-dessus – et en dessous – des voies de circulation offrent la possibilité à tout type d’espèce de rejoindre d’autres espaces naturels. 30millionsdamis.fr s’est entretenu avec des groupes autoroutiers qui tentent de ‘’corriger’’ l’empreinte humaine pour préserver la biodiversité.

Automobilistes, vous êtes à coup sûr passé en dessous… ou au-dessus, sans le savoir. Des écoponts relient deux milieux naturels scindés par le ruban de circulation et libèrent un passage pour la faune sauvage. Construits par les groupes autoroutiers français, ces dispositifs se présentent comme des passerelles végétalisées, sur lesquelles tous types d’espèces peuvent circuler librement, alors que 29 millions de mammifères sont tués chaque année sur les routes européennes [Frontiers in Ecology and Environment/ 2020].

Protéger la biodiversité

Depuis 1960, date du premier écopont aménagé à Fontainebleau (77), ces dispositifs se sont massivement développés sur l’ensemble du réseau autoroutier dans un seul objectif : préserver la biodiversité. « Leur finalité est d’assurer un brassage éthique, à savoir reconnecter des populations d’espèces et éviter l’appauvrissement génétique », explique Arnaud Guillemin, écologue et chargé d’aménagement pour Vinci Autoroutes. Jouant un rôle de « corridors écologiques », les écoponts forment ainsi une réponse à la loi sur la biodiversité de 2016, souhaitant protéger les espèces en danger.

Ecopont sur l'A48 à Moirans ©APRR-RomainCourtaud 

C’est dans cet objectif que les groupes APRR et AREA ont édifié 19 écoponts durant la période 2022-2023 : « Nous avons obtenu un levier d’action de l’État en 2018 à hauteur de 80 millions d’euros pour assurer une continuité écologique sur nos réseaux », informe François Pich, responsable environnement d’APRR. Rappelons que les autoroutes les plus anciennes ont été construites à une époque où les enjeux de continuité écologiques n’existaient pas. »

Adapter les ouvrages pour chaque espèce

Chevreuils, renards, belettes… Les naturalistes et écologues partenaires des groupes autoroutiers ont pu identifier, grâce à l’aide de caméras pièges, différentes espèces qui empruntent ces passages. « Pour reconnaître précisément une espèce, on confie les cartes mémoires des caméras pièges à des experts pour des analyses factuelles », informe Arnaud Guillemin.

©photothèqueVINCI Autoroutes

Chaque projet ne dispose pas du même édifice ni des mêmes dimensions, variables selon l’espèce ciblée et la zone géographique : « La région centre sera plus concernée par le cerf tandis qu’on ciblera davantage les populations d’hamsters sauvages en Alsace avec des projets nommés ‘Hamsteroduc’. Au sud de la France, nous avons des projets pour laisser passer les tortues Hermann », liste Arnaud Guillemin. Des espèces principalement menacées que les experts souhaitent « rétablir » grâce à ces infrastructures.

Des résultats encourageants

De premiers résultats s’observent déjà : « Certains ouvrages sont remplis de traces ! Sur l’autoroute A75 sur un de nos projets que nous élargissons vers Clermont Ferrand, on a notamment aperçu le passage de la loutre », se réjouit le responsable environnement de l’APRR. Si la population de loutres d’Europe (lutra lutra) s’est réduite drastiquement au siècle dernier, elle a commencé à reconquérir le territoire dès la fin des années 1990.

Les rapports de suivi laissent apparaître que la petite faune s’aventure sur ces écoponts « dès la fin des travaux ». Certaines espèces viennent même s’installer directement sur ces ponts végétalisés. « C’’est le cas des rongeurs ou bien de la couleuvre verte et jaune que nous avons aperçue dans le département de l’Isère », confirme François Pich. Pour autant, les petits mammifères doivent bénéficier d’un aménagement conçu pour échapper à leurs prédateurs. C’est pourquoi les ingénieurs préconisent l’aménagement de « tubes antiprédation » où belettes et rongeurs peuvent se glisser à l’intérieur et traverser la voie en toute sécurité.

©photothèqueVINCI Autoroutes

Certaines espèces se révèlent toutefois plus craintives que d’autres. Si le loup s’est fait remarquer à de nombreuses reprises sur le réseau autoroutier, le cerf – plus méfiant – reste « l’animal le plus compliqué à faire traverser », explique le spécialiste de l’APRR. Selon Arnaud Guillemin, il faudrait attendre « plusieurs années » avant d’apercevoir cet animal traverser ces passages. « C’’est pourquoi il est indispensable de créer un dispositif végétal suffisamment ouvert et ras, qui préserve la visibilité [au-delà de l’écopont, NDLR] », ajoute François Pich.

1 écopont tous les 300m

Et pour attirer les animaux, les groupes autoroutiers mènent une réflexion systématique en termes d’infrastructures, lesquelles « dépendent de l’espèce ciblée et du climat ». Mais de manière générale, les écoponts sont recouverts « de terres végétales et de plantations de prairie », et clairsemés de « mares pour offrir un point d’eau aux animaux ».  En complément du dispositif, des clôtures viennent isoler la faune des phares des véhicules. Un obstacle visuel essentiel alors qu’il est observé que « 90% des espèces s’aventurent sur ces écoponts de nuit », selon les compagnies autoroutières.

Ecopont Vallèches sur l’A10 ©MITHRA VISIONS

Au fil des ans, les réglementations se sont renforcées pour attirer davantage d’espèces. Selon les besoins identifiés sur les différents territoires de l’Hexagone, la distance entre chaque structures s’est considérablement réduite. « Au début des années 2000, on construisait un passage faune sur une autoroute de 100km, informe Arnaud Guillemin. Désormais, on construit un passage faune tous les 300m environ sur les autoroutes les plus récentes. » S’ajoute à cela une démarche volontariste de la part des groupes autoroutiers en « réinstallant des corridors écologiques interrompus » sur les voies les plus anciennes. Les animaux ont désormais plus de possibilités offertes pour rejoindre leur milieu naturel en toute sécurité !