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Insolite

Ces duos d'animaux qui luttent contre le changement climatique et restaurent les écosystèmes

Dans les grandes plaines nord-américaines, les bisons et chiens de prairies forment un duo indispensable dans la lutte contre le dérèglement climatique. ©National Park Service

En permettant l’entretien et la régénération des prairies, qui constituent d’excellents capteurs de carbone, les animaux contribuent activement à la lutte contre le dérèglement climatique et à la restauration des écosystèmes. Plus surprenant : leur réussite résulte souvent d’une alliance improbable entre des espèces bien différentes. 30millionsdamis.fr a recueilli le témoignage du biologiste Shane Campbell-Staton.

Seul, c’est bien… à deux, c’est mieux ! À travers le monde, des animaux d’espèces différentes s’allient pour faire renaître des habitats fantômes, régénérer les prairies et ainsi combattre le dérèglement climatique – grâce à l’absorption du dioxyde de carbone –  tout en favorisant l'épanouissement d’autres espèces sauvages. Petit tour d’horizon.                                 

Gnous et insectes bousiers en Tanzanie

En Tanzanie, dans le parc du Serengeti, les gnous ont contribué au verdissement de la terre. « Partout où ils broutaient, les arbres pouvaient pousser, assure le biologiste de l'évolution Shane Campbell-Staton au micro d’Arte (Espèces en voie d’adaptation, 2023). En se déplaçant à travers la région, les troupeaux de gnous ont transformé l’écosystème. Le Serengeti a pu accueillir davantage d’animaux ». Si les gnous fertilisent les sols et transforment les écosystèmes, c’est grâce à leurs déjections et, plus particulièrement, grâce aux insectes coléoptères coprophages qui les déplacent. En effet, les bousiers mâles fabriquent des pelotes compactes qu’ils incorporent à la terre pour servir de nourriture aux larves. Ce geste enrichit considérablement le sol du Serengeti. Les herbes nutritives qui y poussent nourrissent alors toutes les espèces sauvages ! Par la même occasion, le Serengeti devient un puits de carbone très important. « Car une savane en bonne santé absorbe le CO2 atmosphérique, confirme le spécialiste. D’où le rôle décisif des prairies [et des animaux qui y habitent] contre le changement climatique. »

Bisons et chiens de prairies aux Etats-Unis

Dans les Grandes Plaines nord-américaines, les bisons, lorsqu’ils sont affaiblis, partent en quête d’herbes riches et variées pour les aider à recouvrer toute leurs forces. C’est sur le territoire des chiens de prairie qu’ils trouvent l’énergie vitale dont ils ont besoin pour se rétablir. Ces rongeurs ont effectivement la capacité de régénérer les prairies qui les hébergent : « Ce sont des jardiniers qualifiés et infatigables, plaisante Shane Campbell-Staton. Ils sont toujours en train de creuser et de peaufiner des réseaux de galeries qui peuvent s’étendre sur des kilomètres. » Cette activité retourne la terre et fait remonter des nutriments essentiels. Puis, une fois à la surface, les chiens de prairie taillent et coupent la végétation avec une incroyable précision. Cet élagage leur est effectivement très important pour pouvoir guetter leurs éventuels prédateurs.

« Echange de bon procédé : les bisons font don de leur bouse et de leur urine qui enrichissent le sol. Un étrange duo qui fonctionne, se réjouit le biologiste. C’est d’ailleurs l’une des relations les plus étranges et attendrissantes sur terre. C’est d’autant plus poignant que comme les bisons, ces petites créatures ont, elles aussi, été massacrées. » Les prairies environnantes se transforment alors en oasis de verdure et deviennent même de véritables îlots de vie pour d'autres espèces qui avaient presque disparu. Les galeries des rongeurs servent d’abris aux lapins d’Amérique, aux chouettes chevêches, aux salamandres ou encore aux souris à patte blanche. Dans le Minnesota, ce sont les grands chênes qui ont commencé à s’épanouir grâce à la présence des bisons, favorisant par la même occasion le retour d’espèces d’oiseaux fragilisées, tel le pic à tête rouge.

Pumas et guanacos en Patagonie

Du Chili à l’Argentine, les guacanos sont désormais traqués par les pumas qui ont pu reconquérir leur territoire depuis le départ des éleveurs. Pourtant, « la simple présence d’un prédateur peut modifier le comportement de tous les guanacos ; les spécialistes appellent ça ''l’écologie de la peur'' », explique Shane Campbell-Staton. « Les guanacos ne restent plus au même endroit à brouter et sur-pâturer une zone. La peur les pousse à se déplacer constamment. » Comme les gnous du Serengeti, ils pâturent maintenant sur des surfaces plus étendues en remuant la terre. C’est la fin de cette sédentarisation qui participe à la régénération des prairies, à la faveur d’une meilleure absorption du CO2.

« Ce retour à une alliance ancestrale entre les animaux et les végétaux a un effet spectaculaire sur les paysages, confirme le biologiste. Mais ce ne sont pas seulement les prairies qui se transforment : là-encore, c’est l’écosystème tout entier. » Car une seule proie, lorsqu’elle est déchiquetée, peut alimenter in fine l’ensemble de l’écosystème. Elle représente donc bien plus qu’un simple repas pour une seule espèce ! En effet, en s’abstenant de dévorer la totalité des charognes – préférant cacher les « restes » pour plus tard – les félins en font profiter plus de 200 espèces. Un cercle vertueux, en somme !

Grâce à leur rôle écologique incroyable, ces espèces animales apparaissent ainsi essentielles à la survie de l'humanité toute entière.