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Les destructions illégales menacent la survie du lynx boréal en France

En 2020, trois cadavres de lynx ont été retrouvés en France, tous victimes de destructions illégales... alors que l'espèce est proche de l'extinction ! ©Adobestock/Iker

Classé en danger sur la liste rouge des espèces menacées en France, le lynx boréal continue d’être la cible des braconniers. En témoigne la découverte du cadavre d’un jeune lynx, tué par arme à feu, dans le Jura Suisse (25/10/2020). Le Plan National d’Action Lynx, actuellement en cours d’élaboration pour recréer, à terme, une population viable devrait permettre de lutter contre ces destructions illégales. Des spécialistes de l’espèce, membres du comité de pilotage, ont confié à 30millionsdamis.fr leurs recommandations pour une restauration de l'espèce.

120… C’est le nombre de lynx qui arpentent actuellement quelques massifs de l’hexagone : une grande majorité dans le seul département du Jura, quelques-uns dans les Alpes du Nord et une poignée dans les Vosges. Or, ces effectifs, déjà faibles, diminuent... A tel point que l’espèce, classée en danger sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), a été intégrée, en 2018, parmi les espèces prioritaires pour l’action publique en France. Au premier rang des causes de ce déclin : les destructions illégales. 

Les destructions illégales, l’une des principales menaces à la survie du lynx

Récemment, le cadavre d’un jeune lynx a été découvert dans le Jura Suisse, sur la commune de Bémont (25/10/2020). D'après les conclusions de l'autopsie, l’ animal a été victime d'un acte de braconnage à l'arme à feu. En début d’année, deux autres cadavres avaient déjà été retrouvés : en janvier 2020 dans les Vosges et en mars 2020 dans le Jura… en plein confinement !

 

Les destructions illégales sont largement sous-estimées.

Antoine Rezer - SFEPM

« Les destructions illégales sont une grande menace pour l'espèce, déplore Antoine Rezer, chargé de mission lynx pour la Société française pour l'étude et la protection des mammifères (SFEPM), joint par 30millionsdamis.fr. Or, elles sont largement sous-estimées ». Dans les Vosges, ces destructions ont contribué à la chute drastique des effectifs : actuellement, sur les quelques lynx qui sillonnent le massif, 4 ou 5 sont venus d’Allemagne, tandis que seuls un ou deux individus seraient issus de la souche vosgienne… contre 25 ou 30 dans les années 2000 ! Dans le Jura, les destructions illégales n’en sont pas moins problématiques puisqu’elles représentent, selon des estimations, plus de 30% des causes de mortalité.

A ces destructions illégales, s’ajoutent d’autres menaces qui, en dehors des maladies, sont exclusivement anthropiques. Parmi les menaces directes figurent les collisions routières, le braconnage par confusion de tir en chasse, ou encore la chasse elle-même, responsable d’une diminution des populations de proies. De façon plus indirecte – mais non moins dangereuse – le développement des infrastructures entraîne une rupture de continuité écologique, un morcellement du domaine vital et, corrélativement, un isolement des individus et une perte de la diversité génétique, dès lors qu'il contribue à la fragmentation et à la destruction des habitats.

Renforcer les moyens d’investigation pour identifier les responsables

Si la destruction du lynx, en tant qu’espèce protégée, est strictement interdite sous peine de sanctions pénales – 3 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende – la réalité est toute autre… En effet, les auteurs d’actes dits de braconnage ne sont que rarement identifiés. D’un côté, les cadavres dissimulés sont rarement retrouvés, de sorte qu’aucune enquête ne peut être ordonnée. De l’autre, en cas de destruction illégale avérée, les enquêtes n’aboutissent généralement pas, faute de moyens humains et financiers : « Les sommes dédiées à la lutte contre les destructions illégales sont insuffisantes ! » confirme A. Rezer.

 

Il est à craindre que les coupables ne soient jamais retrouvés. 

Olivier Guder - Ferus

Pour exemple, les enquêtes menées sur les deux cas de destruction illégale avérée, survenus en janvier et mars 2020, n’ont donné lieu à aucune nouvelle information. « Il est à craindre que les coupables ne soient pas retrouvés,  déplore Olivier Guder, coordinateur lynx pour Ferus, contacté par 30millionsdamis.fr. C’est la raison pour laquelle nous demandons la création d’une cellule d’enquête spécialisée pour ces cas de destruction. Cette recommandation a été évoquée à l’occasion de l’élaboration du Plan National d’Action Lynx, dont les actions devraient être rédigées d’ici fin 2020. »

« Pour aider à identifier les auteurs des faits, les moyens de la police scientifique et technique, comme ceux de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), peuvent être mobilisés, tempère Sylvain Gatti, chargé de mission PNA lynx, contacté par 30millionsdamis.fr. Mais s’agissant de faits se produisant en pleine nature, le plus souvent sans témoins et malgré les efforts déployés par les services, le manque d’éléments ne permet que rarement de mettre en cause un ou plusieurs individus auteurs ou co-auteurs des faits. [Aussi], le PNA identifie des pistes d’amélioration des pratiques de la part des services d’enquête, dans une logique d’amélioration continue de leurs méthodes, comme pour tous les services de police ».

Informer les magistrats pour inciter à l'application des sanctions

Dans les rares cas où les auteurs sont identifiés, les peines prononcées sont insignifiantes ! En 2009, alors qu’un lynx venait d’être tué au cours d’une battue dans une commune du Jura, des chasseurs ont dénoncé le responsable. Mais celui-ci n’a été condamné, deux ans plus tard, qu’à une simple amende de 150 euros, 2 mois de prison avec sursis et un retrait du permis de chasse de 2 ans ! « Une décision lamentable… rendue à propos d’une espèce en danger d’extinction, fustige le représentant de Ferus. Il est essentiel d’informer et de sensibiliser les magistrats. » 

« Les services de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) sont en relation régulière avec les Parquets et les sensibilisent à la gravité de toute infraction envers cette espèce (au regard de son statut national et de sa fragilité face à l’impact de toute mortalité additionnelle) afin que les sanctions requises soient plus dissuasives, assure Sylvain Gatti. La décision appartient in fine aux juges du siège. Les inspecteurs de l’environnement de l’OFB veillent, lors des audiences où ils sont présents, à éclairer leurs décisions en leur rappelant les enjeux de conservation de l’espèce et en présentant le déroulement de l’enquête ».

Sensibiliser l’ensemble des parties prenantes pour une cohabitation pacifiée

 

Il est essentiel d'informer et de sensibiliser les magistrats, mais aussi, les chasseurs.

O. Guder

Outre le pouvoir judiciaire, c’est l’ensemble de la société civile qu’il faut sensibiliser. Seule l’amélioration de la connaissance et de l’acceptabilité du félin permettra de favoriser la coexistence entre le lynx et les activités humaines, telles que l’élevage, les sports de nature, les travaux forestiers et l’aménagement du territoire. Et parce que ces actes de braconnage sont majoritairement perpétrés par des chasseurs qui considèrent le lynx comme un « concurrent », il importe tout particulièrement de sensibiliser le monde de la chasse. « Il y a assez de chevreuils et de chamois pour tous, tance O. Guder. Et il serait sans doute opportun que les chasseurs en tuent moins ».

Une mission qui a été couronnée de succès en Allemagne où les réintroductions de lynx ont été décidées en concertation avec l’ensemble des parties prenantes - y compris chasseurs et éleveurs - tous favorables à la conservation de cette espèce. En 4 ans, 20 lynx ont été réintroduits et une dizaine de naissances a été comptabilisée, tandis qu’aucun acte de destruction n’a été déploré. « Le succès de ce type d'opération passe par ce long travail de médiation, de concertation, sinon on se retrouve avec un climat polarisé, et délétère comme il persiste encore dans le massif des Vosges plus de 30 ans après les réintroductions qui ont été menées avant la fin de ce processus, rappelle S. Gatti. Le PNA se propose d'engager ces dialogues, ces médiations et ces processus, et seulement quand le terrain sera favorable, nous pourrons passer à des mesures de conservation plus proactives et interventionnistes ».

Prévoir à long terme un programme de réintroduction

Pour assurer la survie de la population, les associations de protection animale œuvrent sur le long terme pour la mise en place d’un véritable projet de réintroduction, après une concertation avec les acteurs locaux. « Malheureusement, pour l’heure, l’Etat n’entend pas mettre en place de programme de réintroduction, tempête le coordinateur lynx de Ferus. Nous sommes d’autant plus pessimistes que les chasseurs sont des parties prenantes de poids ; or, certaines fédérations départementales de chasse souhaitent pouvoir réguler l’espèce. » « Dans le cadre du PNA, aucune action de renforcement des populations n'est prévue pour le moment », regrette également le représentant de la SFEPM. 

A court terme, les associations demandent, a minima, que chaque lynx détruit soit systématiquement remplacé par un voire deux individus. Une condition indispensable pour assurer une viabilité génétique, indispensable pour assurer la survie de l’espèce. C’est pourquoi, la Fondation 30 Millions d’Amis demande aux pouvoirs publics de tenir compte des préconisations formulées par les associations de protection animale, tout en s’inspirant des réintroductions, concertées et réussies, menées outre-Rhin. 

Un jeune lynx aperçu dans le Massif du Jura, en octobre 2020, grâce à un piège photograpique. ©Maël Beaufort & Marc Jardot

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  1. AnneV 10/11/2020 à 18:36:18

    Le jour où la justice sera implacable pour ces tarés, cela marchera !!!! Mais la justce envers les animaux me fait penser à une moule sur son rocher !!!! Et Macron n'aide pas et le mot est faible !!!!!!!