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Juridique

Expérimentation animale : le ministère de la Recherche rappelé à l'ordre par la justice

Le gouvernement a été rappelé à l'ordre par le Tribunal Administratif de Paris./Adobe Stock

Dix autorisations de projets scientifiques utilisant des animaux ont été annulées par le Tribunal Administratif de Paris le 8 février dernier, suite à une action juridique portée par l’association Transcience et son conseil, Maître Anne Monpion, avec l’appui de la Fondation 30 Millions d’Amis et du Comité Pro Anima. Un camouflet pour le ministère de la Recherche.

Un recadrage en règle ! Dix projets de recherche utilisant des animaux vont devoir être arrêtés  à la suite d’une décision du Tribunal Administratif de Paris. En cause : des comités d’éthique – non agréés – pourtant chargés de l’évaluation desdits projets… 

Le non-respect de la réglementation nationale et de dispositions européennes 

Ces annulations interviennent à la suite d’une action juridique portée par l’association Transcience – avec l’appui de la Fondation 30 Millions d’Amis et du Comité Pro Anima – et témoignent du laxisme gouvernemental concernant l’application de la réglementation en matière d’évaluation des projets scientifiques utilisant des animaux. De février 2013 jusqu’à fin 2021, ce sont en effet 20 391 projets (impliquant au total entre 16 et 18 millions d’animaux !) qui ont été autorisés sur le fondement de l’avis de comités d’éthique en expérimentation animale… non agréés. Dans un article paru le 8 mars 2024, Le Monde n'hésite pas à parler de « fiasco » (article pour abonnés).

Un jugement « pas surprenant » pour Pauline Türk, professeur de droit public à l’Université Côte d’Azur et membre de l’Observatoire de l’Éthique Publique, contactée par 30millionsdamis.fr : « Le droit a prévalu, juge l’universitaire. Ce qui est surprenant, c'est que le ministère ait pu faire évaluer, pendant presque une décennie, des projets impliquant des animaux vivants par des comités incompétents puisque non agréés. Ceci en violation du droit. 

Les comités n’ayant pas été agréés, aucune vérification n’a été réalisée depuis 2013 par le ministère de la recherche sur leur composition, leur fonctionnement, leurs moyens, éléments qui devaient  garantir une bonne application de la réglementation en vigueur. La directive européenne de 2010 (relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques) dispose que les Etats membres de l’Union européenne doivent s’assurer que les autorités chargées de l’évaluation des projets présentent toutes les garanties requises. En France, l’agrément prévu dans la réglementation était  l’un des moyens de s’en assurer.

 

« C’est un caillou dans la chaussure du ministère !  »

Muriel Obriet - Présidente Transcience

Le résultat de ce recours déposé par Transcience fait souffler un vent d’espoir et met le ministère de la Recherche face à ses responsabilités. « Il est à peine croyable de voir que durant 9 ans, ces projets ont été autorisés  dans l’illégalité, sans que personne ne s’en émeuve au ministère »  réagit Muriel Obriet, présidente de l’association Transcience « C’est une réussite d’avoir obtenu ces annulations. C’est un cailloux dans la chaussure du ministère de la Recherche qui, à l’avenir, va devoir veiller à une application beaucoup plus rigoureuse de la réglementation et ce, dans l’intérêt des animaux » ! », se félicite M. Obriet.

« Un vrai souci pour le gouvernement »

Pour rappel, en France, un comité d’éthique en ’expérimentation animale doit s’assurer notamment de la mise en œuvre par les chercheurs de la règle dite « des 3 R » (Remplacer, Réduire, Raffiner) . Dans sa décision, le Tribunal rappelle que « l'autorisation ne peut être accordée à un projet que s'il a fait l'objet d'une évaluation éthique favorable » et que « tout projet fait l'objet d'une évaluation éthique par un comité d'éthique en expérimentation animale agréé par arrêté du ministre chargé de la Recherche ». 

Après l’examen de l’ensemble des dossiers, le tribunal administratif de Paris confirme que « le ministre chargé de la Recherche ne peut autoriser la réalisation dun projet comportant lexécution dune ou de plusieurs procédures expérimentales quaprès un avis conforme délivré par un comité d’éthique en expérimentation animale agréé ». C’est précisément là que le bât blesse, les comités d’éthique ont rendu des avis alors même qu’ils n’étaient pas agréés. 

« C'est un vrai souci pour le gouvernement, car ce sont des milliers d'autorisations de projets qui ont été délivrées depuis 2013 par des dizaines de comités non agréés et donc "incompétents", analyse Pauline Türk. « Beaucoup de ces projets sont d'ailleurs encore en cours de réalisation… » 

Effectivement, les autorisations de projets étant délivrées pour 5 ans, de très nombreux projets autorisés avant 2022 ne sont pas terminés.

Une jurisprudence favorable aux animaux utilisés à des fins scientifiques ? 

Transcience ne pouvait déposer des milliers de recours pour demander l’annulation de toutes les autorisations « illégales ».  Elle a donc visé  des projets portant sur des études toxicologiques qui utilisent un nombre considérable d’animaux (certains prévoyaient d’en utiliser entre 50 et 60 000 sur 5 ans), ceux qui comprenaient des  procédures très douloureuses et ceux qui utilisaient des primates. Les projets interrompus ayant commencé en 2022, des animaux ont malheureusement déjà été mis à mort mais une partie des  342 000  inclus dans ces projets sont momentanément sauvés ! 

Cette décision - qui pourrait faire jurisprudence - « témoigne d’une grande défaillance de la part du ministère de la Recherche en la matière » et démontre que, « contrairement à ce que le ministère de la recherche laisse entendre depuis des années, tout n’est pas sous contrôle », souligne Muriel Obriet. 

La Fondation 30 Millions d’Amis, qui a soutenu l’action en justice de Transcience, se félicite de cette décision du Tribunal administratif de Paris  et espère qu’elle contribuera également à  une meilleure prise en compte des méthodes substitutives (sans utilisations d’animaux, NDLR). « Ces méthodes avancent très vite ces dernières années », soutient Muriel Obriet. « Il n’est d’ailleurs pas impossible que des chercheurs dont le projet aura été stoppé modifient leur approche en réduisant le nombre d’animaux voire en  les remplaçant par des méthodes non animales dans leur prochain projet … »