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Culture

Dans la peau d’un animal, le temps d’un poème

Deux étudiants ont été désignés lauréats ex-aequo. Félicie Huc, avec son grand hamster d’Alsace et Enzo Séchaud, avec ses loups. / iStock

La Revue Salamandre et le festival suisse ‘’Printemps de la poésie’’ ont organisé un concours à l’occasion de la Journée mondiale de la poésie. L’édition 2024 était centrée sur les animaux. 30millionsdamis.fr a pu échanger avec les « poètes » lauréats.

« Un animal dans la peau ». C’était l’idée du concours de poèmes coorganisé par la Revue Salamandre et le festival suisse Printemps de la poésie. Les vainqueurs ont été révélés lors de la Journée mondiale de la poésie (21 mars 2024).

La contrainte : créer un poème adoptant le point de vue d’un animal sauvage du continent européen, en lui donnant une voix, révélant des sensations, émotions ou encore en inventant un dialogue. Deux étudiants ont été désignés lauréats ex-aequo. Félicie Huc, avec son grand hamster d’Alsace et Enzo Séchaud, avec ses loups.

Hamster vs homme : David contre Goliath

« Je suis sensible aux impacts négatifs que l’humain a sur l’environnement, sur les animaux », confie Félicie H., 20 ans, à 30millionsdamis.fr. Pour son poème, l’étudiante en sciences criminelles à l’Université de Lausanne (Suisse) s’est tournée vers le grand hamster d’Alsace, seule race sauvage en France.

« Ils viennent, nous chassent, mais nous n’avons pas d’arche », écrit-elle. La jeune femme dénonce le fait que l’homme empiète de plus en plus le territoire de ce rongeur, en y installant des champs d’agriculture. Au-delà de l’aspect négatif, Félicie a voulu imbiber ses rimes d’une essence moins dramatique.

On perçoit un certain réalisme sur la condition du grand hamster, mêlé d’une référence historique dans cet autoportrait de l’animal : « On m’a donné pour titre le Grand, / Mais l’histoire ne me retiendra pas comme Alexandre », peut-on lire, accentuant la différence de poids entre les deux camps. Sans oublier la positivité qu’amène le printemps, avec l’espérance d’une vie plus douce durant cette saison : « Il faut inspirer, aussi petits que soient nos poumons, / Ressentir, jusqu’au frémissement du bourgeon ».

"Le Grand Hamster d'Alsace", de Félicie Huc. / Montage Fondation 30 Millions d'Amis.

Course poursuite entre hommes et loups

De son côté, Enzo S. aborde le récit d’une meute de loups traquée par les hommes, prenant les lecteurs de son poème nommé « Anima » (souffle, âme) dans un certain élan. « Dresseur de frères, / tueur de pères, / brûleur de terres, / qu’on te pardonne, / tu ne connais / de la forêt / que les faux-noms / que tu lui donnes », écrit-il. « C’est une attaque assez classique au fait que l’homme exploite la nature sans tenir compte de la richesse du vivant », explique l’étudiant parisien de 26 ans en Lettres Modernes.

Le jeune homme voulait souligner la parenté qui existe entre l’humain, le loup et le monde vivant en général. « La soif de l’air / que l’on partage… Ce qui nous tient / en corps vivants », peut-on lire notamment. « Ce qui m’a d’abord marqué dans Anima, c’est le travail poétique du rythme, le jeu des sonorités, la force des images suscitées », explique Colin Pahlisch, coordinateur de l’Observatoire des Récits et Imaginaires de l’Anthropocène (UNIL – Université de Lausanne), l’un des membres du jury final.

Il ajoute : « On peut lire Anima comme une quête, une volonté de circuler à travers les signes du langage pour recréer du sens là où le manque se fait aujourd’hui sentir : dans notre rapport aux autres vivants, aux animaux. »

"Anima", d'Enzo Séchaud. / Montage Fondation 30 Millions d'Amis.

« Inspirer, ressentir, la base de toute vie sur terre »

Concernant l’autre poème lauréat, « Le Grand Hamster d’Alsace » de Félicie, c’est le côté simple et à la fois profond de l’écriture qui a séduit le jury. Deux adjectifs qui s’apparentent « à ce qu’est la vie », confie Sofia Matos, rédactrice à la Revue Salamandre et biologiste.

« Le poème s’ouvre et se conclut sur deux mots-clés qui sont la base de toute vie sur terre : inspirer, ressentir, poursuit-elle. Donc il traduit bien selon [elle] le point de vue animal, dans l’instant présent et qui ne s’encombre pas de choses complexes ou futiles comme l’humain. »

« ‘’L’Homme est un animal poétique’’ plongé dans une forêt de symboles, foisonnant d’êtres animés qui rampent, volent, hululent certes, mais qui lui parlent indirectement et lui indiquent peut-être sa propre voie », résume le site Internet consacré à l’évènement. À méditer, en vers et contre tout.