Avant cette interdiction définitive, la Belgique importait des trophées d’espèces menacées d’extinction, telles que les ours polaires, les guépards ou les hippopotames. Jusqu’à présent, une centaine de permis de chasse étaient délivrés chaque année par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). « Cela semble minime, mais lorsque l’on sait qu’il reste 6 à 7000 individus de rhinocéros noirs dans la nature, il faut comprendre les menaces qui pèsent sur chaque espèce », précise Kris Verduyckt. L’appel à projet avait notamment mené le Parlement à couvrir six espèces qui figurent à l'Annexe A, à savoir le rhinocéros, l'éléphant d'Afrique, le lion, l'ours polaire et le mouton argali. La nouvelle loi va désormais plus loin, en étendant cette protection sur l’ensemble des espèces menacées d'extinction.  

La Belgique veut montrer l’exemple à l’échelle européenne 

Pour convaincre le Parlement, les députés à l’initiative de cette proposition de loi ont dû insister sur l’urgence environnementale, alors que la biodiversité fait face à une sixième extinction de masse. « Le monde de la chasse s’inquiétait des conséquences économiques en Afrique, prétendant que le continent dépendrait de ce commerce. Or, les importations de trophées de chasse ne représentent que 0,3% du PIB du pays [étude menée par Human Society Internationale dans huit pays africains : NDLR] », nuance Sandra Regol, députée écologiste française. « Et au contraire, l’Afrique est fière de sa faune sauvage. Si on la préserve, le tourisme ne pourrait être que valorisé. » 

A l’échelle européenne, la Belgique est le 13^ème plus grand importateur de trophées de chasse d’espèces internationalement protégées en Europe. Le continent représente quant-à-lui le deuxième importateur de trophées de chasse après les Etats-Unis, où environ 3000 trophées ont été importés vers l’Europe entre 2014 et 2018. « On espère montrer la voie au reste de l’Europe », conclut Kris Verduyckt. Atteindre des mesures supplémentaires à l’échelle européenne définit  alors « la prochaine étape pour faire avance la cause animale », souligne Capucine Meyer, porte-parole de la charité de protection animale Humane Society International Europe.

Un prochain vote décisif en France

La Belgique n’est pas le premier pays à interdire l’importation de trophées de chasse. Avant elle, les Pays-Bas et la Finlande ont eux-aussi adopté une loi similaire. « Quant en Angleterre, il y a plusieurs processus législatifs en cours. Une proposition de loi a également été déposée en Italie et en Pologne », informe Capucine Meyer.

En France, une proposition de loi transpartisane déposée par la députée écologiste Sandra Regol fait actuellement l’objet d’un examen en cours au Parlement. Cette interdiction est soutenue par Corinne Vignon, députée du groupe Renaissance et présidente du Groupe d’étude de l’Assemblée sur la condition et le bien-être animal. L’Assemblée nationale se prononcera jeudi 1^er février 2024 sur son adoption. À ce jour, 752 trophées de chasse ont été délivrés en France par la CITES entre 2014 et 2018 selon un rapport de Human Society International. Seuls les lions sont protégés depuis 2015. « À présent, notre espoir ne repose pas seulement sur la France, mais surtout sur l'Europe », confie Capucine Meyer.