La destruction d'espèces « susceptibles d'occasionner des dégâts » (ESOD) est inefficace, selon un rapport publié par un comité d'experts indépendants, fin septembre 2023. Un constat partagé par la Fondation 30 Millions d'Amis qui dénonce de longue date une réglementation biaisée à maints égards.
Non ! Tuer des renards, fouines ou corneilles ne permettrait en rien de réduire les dommages qui leur sont imputés ! Telle est la conclusion rendue par le comité d'experts indépendants, réuni à la demande de la Ligue pour la Protection des Oiseaux et de l'Association pour la Protection des Animaux Sauvages. Leur mission était d'examiner, en toute impartialité, la réglementation sur les « espèces susceptibles d'occasionner des dégâts » (Rapport, 26/09/2023).
À l'heure de la sixième extinction de masse, et alors que la biodiversité est plus que jamais menacée, la destruction des êtres vivants ne peut être justifiée, comme le rappelle le rapport, que par de strictes conditions. Primo « l'urgence à agir pour empêcher un dégât jugé grave par des critères objectifs et mesurables » , deuxio « l'absence de mesures alternatives » et tertio « la preuve de l'efficacité de la destruction »... Or, ces trois conditions semblent insatisfaites en l'état des connaissances scientifiques !
En effet, « Les évaluations scientifiques sur les effets des prélèvements ESOD sur la réduction de dégâts sont inexistantes ou ne montrent que peu de résultats positifs, précisent les experts. Recourir aux prélèvements d'ESOD de manière systématique pour réduire les dégâts qui leur sont imputés, semblerait donc être une solution peu efficace. D'autres mesures existent et pourraient être mises en place pour réduire ces dégâts ».
Il importe également de souligner les services rendus par ces espèces, trop souvent oubliés : « le déclin de ces espèces, même localement et en faible proportion, perturbe la structure et le fonctionnement des écosystèmes, déplorent les scientifiques. Ce qui peut diminuer les services écosystémiques que les humains retirent des écosystèmes ».
Et pour cause, de nombreuses espèces chassées, généralement considérées comme communes, sont indispensables aux écosystèmes. Par exemple, en tant que granivores et frugivores, la corneille noire, la pie bavarde et le geai des chênes sont des disperseurs de graines et de fruits. Plus particulièrement, le geai des chênes, en dispersant les glands, implante des chênes et contribue ainsi à façonner les paysages agricoles et forestiers ! Le renard roux, quant à lui, régule naturellement la population de campagnols qui peuvent occasionner des dégradations aux cultures. En tant qu'« ingénieur » des écosystèmes, le goupil peut également favoriser l'établissement de nouvelles espèces végétales et animales, et ainsi augmenter la diversité biologique.
« Ce rapport éclaire, pour la première fois, un débat obscurci par les mauvaises habitudes, conclut Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO. On sait désormais que la destruction systématique des ESOD est à la fois injuste et inefficace. Alors que la biodiversité connaît un effondrement dramatique, il est inacceptable de perpétuer le massacre ».
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