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Faune

« La fragilité du caribou : le symbole le plus flagrant des perturbations humaines sur la nature ! »

Les effectifs de caribous forestiers de Charlevoix (Québec) ont été divisés par 6 en moins de 30 ans... ©Jean-Simon Bégin

Symbole de l’hiver nordique, le caribou est – plus que jamais – menacé de disparaître… par la faute humaine. Jean-Simon Bégin, photographe et observateur privilégié de cet animal emblématique, a confié à 30millionsdamis.fr son pessimisme quant à la survie de l’espèce, mais aussi, ses réflexions sur son propre rôle, en tant que professionnel de l’image et, plus largement, en tant que citoyen engagé.

C’est officiel : dans la plupart des régions du Québec, « l’analyse des inventaires de caribous confirme la poursuite du déclin des populations », révèle le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, dans un récent communiqué rendu public début décembre 2020. Un triste déclin dont l’humain porte, une fois de plus, la responsabilité…

Le photographe animalier Jean-Simon Bégin a lui-même pu constater la chute des populations de cet animal onirique. « Je connais bien la harde de caribous forestiers de Charlevoix (au Québec) que j’ai la chance de suivre depuis sept ans. Des 126 bêtes enregistrées en 1992, il n’en reste qu’approximativement une vingtaine ». Car si Jean-Simon est fasciné par l'ongulé aux bois imposants, ce n’est pas tant pour sa majestuosité qui en fait « un sujet magnifique à photographier », que pour sa fragilité qui constitue « l’étendard le plus flagrant des perturbations humaines sur la nature ».

Et c’est bien cette vulnérabilité qu’il entend souligner à travers ses clichés. « La photographie animalière moderne se doit de ne pas simplement documenter sur la faune, mais bien de créer des œuvres artistiques afin de sensibiliser le plus grand nombre à la fragilité et à l’importance de la nature, assure J.-S. Bégin. Je crois fermement qu’en touchant les gens directement au cœur, on peut parvenir à créer un lien solide avec la vie sauvage ». Le photographe espère ainsi sublimer et partager, à travers le monde, cette faune rare et timide du Québec sauvage : « Je souhaite explorer les coins les moins accessibles du Nord-Québécois, notamment pour faire comprendre à tous l’impact des changements climatiques sur la planète ».

Réduction de l'habitat et recrudescence des prédateurs

Outre le réchauffement climatique, « les perturbations principales viennent de la coupe forestière, de la chasse ainsi que d’autres activités connexes, déplore le Québécois. Le caribou forestier a besoin de milieux résineux matures ouverts pour s’alimenter. En raison de la coupe intensive, les forêts ne peuvent plus jouer ce rôle pour le caribou ». La pression des activités humaines sur leur milieu a, en outre, accéléré le risque de prédation. D’un côté, les caribous, dont l’habitat est corrélativement réduit, se retrouvent confinés dans une portion de territoire, facilitant la tâche de leurs prédateurs. De l’autre, les nouveaux chemins forestiers simplifient l’accès à ces prédateurs qui peuvent ainsi traquer leurs proies sans se fatiguer, notamment en période hivernale.

Une prédation qui a conduit le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs à autoriser – pour préserver l’espèce – l’abattage de loups et d’ours ! « Je vous laisse juger de l’efficacité de ces programmes qui ont tué plus de 250 ours noirs, avec comme seul prétexte, la protection du caribou, ironise J.-S. Bégin. Combien d’espèces animales prédatrices devrons-nous tuer pour simplement ralentir la disparition du caribou forestier ? Encore une fois les coupables seront ces espèces qui n’ont pour seul crime que celui d’exister… alors que le réel problème vient de notre façon d’utiliser ce territoire. »

Le Ministère envisage également la possibilité de construire des enclos de reproduction. « C’est maintenir artificiellement la population, mais ça ne s’attaque pas aux causes du problème, nuance Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec, sur le média canadien La PresseIl faut diminuer la pression anthropique, les coupes forestières et créer des aires protégées. » « Mais ces mesures drastiques détruiraient complètement l’économie… qui reste la priorité des décideurs publics, fustige de son côté le photographe. Les revenus liés à l’industrie forestière et à la chasse ont toujours primé face à la protection de notre fragile biodiversité. »