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Biodiversité

Douceur hivernale : quelles conséquences sur les écosystèmes ?

Certaines espèces de colibri pourraient être menacées par l'augmentation des températures hivernales. Image d'illustration. © Adobestock.

Le constat est sans appel : l’année 2022 a été la plus chaude jamais enregistrée en France, et ce début d’hiver a connu des records de températures clémentes pour la saison. Cette douceur conditionnant pour une bonne part les cycles naturels, il y a lieu de s’inquiéter pour certaines espèces sauvages et, in fine, pour l’ensemble des écosystèmes. Si le phénomène n’en est qu’à ses prémisses, 30millionsdamis.fr rappelle à quel point il demeure urgent d’agir.

Même si le mercure a fortement chuté et que la neige a fait son apparition, la France – comme le reste de l’Europe – a connu une « vague de chaleur hivernale » qui a donné aux fêtes de fin d’année et à ce début du mois de janvier de faux-airs de printemps. Pour preuve, du 21 au 31 décembre la moyenne des températures enregistrées est légèrement supérieure à ce qu’on observait, auparavant, sur la première semaine… d’avril ! De quoi perturber de nombreuses espèces animales.

La « désynchronisation » des floraisons et des hivernages de pollinisateurs

Si les premiers organismes frappés par ce dérèglement sont évidemment les végétaux, les animaux aussi en subissent les conséquences. Les insectes –  en particulier – sont généralement des animaux « ectothermes », c’est-à-dire qu’ils ne produisent pas leur propre chaleur (comme les mammifères par exemple) mais adaptent leurs modes de vie, voire leur physiologie à la température ambiante. Ainsi des abeilles. Si les espèces sauvages entrent en « diapause » (diminution des activités métaboliques pour dépenser moins d’énergie et survivre à l’hiver), les abeilles domestiques « hivernent ». C’est-à-dire qu’elles demeurent actives, mais seulement à l’intérieur de la ruche, qui est organisée de façon à survivre à la baisse des températures. Dès lors que ces dernières remontent durablement, elles sortent à nouveau pour se nourrir. Autrement dit, les abeilles domestiques sont « synchronisées » aux cycles des plantes. Mais si elles n’ont pas encore eu le temps de fleurir, ou qu’elles ont commencé à bourgeonner du fait des températures élevées mais qu’un retour à un hiver froid a tué ces bourgeons, elles peuvent n’avoir pas fleuri au moment où les abeilles ressortent. Celles-ci, par conséquent, n’auront pas assez de nourriture, et la colonie entière peut disparaître.

Des animaux « à sang chaud » également en difficulté

Cette désynchronisation concerne d’autres espèces, y compris des animaux « homéothermes », comme l’oiseau-mouche. Celui-ci migre l’hiver, pour hiverner dans des espaces plus favorables, et remonte au nord ensuite. Là, il reprendra son butinage de nectar. Seulement, si l’hiver est trop chaud, les fleurs sortiront en avance. Mais l’oiseau-mouche détecte la venue des beaux jours non pas par la température, mais par la durée du jour. Qui, elle, n’est pas affectée par le réchauffement climatique. Par conséquent, il peut se trouver en manque de nourriture au moment où il en a le plus besoin… et mourir.

C’est d’ailleurs globalement le cas des oiseaux migrateurs, qui peuvent donc se trouver « désynchronisés » avec leurs sources de nourriture (des insectes en général), qui sortent de leur diapause plus tôt. Le retour de migration (habituellement au printemps) demande beaucoup d’énergie et ne coïncide plus avec un moment de grande abondance, entraînant une surmortalité des oiseaux.

Des mammifères (homéothermes) peuvent aussi être concernés, selon les facteurs déclenchant leur hibernation. Si les ours, par exemple, ne sont pas de « vrais » hibernants et se réveillent (et agissent) plusieurs fois par hiver, ce n’est pas le cas d’autres animaux tels que le hérisson ou encore la marmotte. Ainsi, les éléments déclenchant l’hibernation chez le hérisson sont pluriels, mais la température extérieure en est une composante. Dès lors, un réchauffement anormal suivi d’un refroidissement pourrait avoir un impact sur son sommeil d’hiver, et donc perturber son cycle. Or, les hérissons, comme tous les animaux hibernants, doivent d’une part dépenser beaucoup d’énergie pour en sortir, d’autre part sont très affaiblis en sortant d’hibernation.

Des espèces tirent leur épingle du jeu… pour le pire ?

D’autres animaux – au contraire – sont favorisés par des températures hivernales clémentes. Leur diapause dure moins longtemps, ce qui leur permet d’être actifs sur une plus longue période de l’année. Ce qui n’est pas nécessairement une bonne nouvelle : certaines de ces espèces sont des « ravageurs », comme par exemple les scolytes (parasite des épicéas), qui font donc des dégâts plus importants. On peut aussi mentionner les moustiques, qui peuvent être présents toute l’année si les températures ne baissent pas suffisamment. Avec les effets bien connus liés à leur prolifération.

Ce n’est évidemment pas cette seule « vague de chaleur hivernale » qui peut produire de telles conséquences, mais la succession de températures « anormales » (par rapport aux moyennes des décennies précédentes) qui, à force d’affaiblir les écosystèmes, peut finir par en anéantir en masse.

Or, l’année 2022 a été, sur le plan des températures, celle de tous les records, en France comme ailleurs.

En l’état, la communauté scientifique est encore réservée sur les effets à prévoir, comme elle l’est globalement sur les impacts des bouleversements climatiques sur la biodiversité. Mais elle exprime assez unanimement son inquiétude. Il est donc urgent d’agir pour lutter contre le réchauffement climatique, lutte dont ont désespérément besoin les animaux... et les humains !