La faible diversité génétique touchant la population d’ours brun des Pyrénées inquiète les associations environnementales. Elles demandent – notamment – au gouvernement la réintroduction de nouveaux spécimens. Deux défenseurs de l’ours, Patrick Leyrissoux (Ferus) et Alain Reynes (Pays de l’Ours-Adet), ont plaidé sa cause à 30millionsdamis.fr.
La population d’ours continue de progresser dans les Pyrénées. Si cette information a de quoi réjouir ses défenseurs, elle ne suffit pas à masquer les problème liés à leur consanguinité, préoccupants pour la survie de l’espèce.
Les associations Ferus, Pays de l’Ours-Adet ou encore France Nature Environnement - Hautes-Pyrénées, tirent la sonnette d’alarme ! Selon elles, la diversité génétique se dégrade et les espoirs d’amélioration – sans intervention ad hoc – disparaissent progressivement. 83 ours bruns détectés dans les Pyrénées descendent à 90 % de trois individus (du mâle Pyros et des femelles Melba et Hvala)…
Une demande ignorée par l’État
Ces dernières années, quatre ursidés ont été tués dans les Pyrénées, à la frontière franco-espagnole, par empoisonnement, tirs de balles ou lors de battues aux sangliers. Aucun nouvel ours n’a par la suite été réintroduit dans la zone pour renforcer une population déjà faible en nombre.
« Dans le plan d’action « Ours brun » 2018-2028, l’État s’est engagé à remplacer les ours morts de cause humaine, et il ne le fait pas, soupire Patrick Leyrissoux, vice-président coordinateur ours de Ferus, contacté par 30millionsdamis.fr. Ils nous disent que ce n’est pas le moment, on verra plus tard, ils nous baladent depuis des années comme ça… »
« Il faut agir en prévention, maintenant ! »
« La consanguinité au sein de la population d'ours devient une menace forte et pourrait rapidement devenir la menace principale chez cette espèce, alerte à son tour Alain Reynes, directeur de l’association Pays de l’Ours-Adet, joint par 30millionsdamis.fr. Pour l’éviter il faut agir en prévention, c’est-à-dire maintenant ! Il ne faut pas attendre que le problème devienne concret et que les animaux commencent à avoir des problèmes. » Ceux-ci pouvant se traduire par exemple par une baisse de la fertilité, des maladies qui se déclarent ou des malformations.
Pour faire face à cela, les associations signataires de l’appel à l’aide commun demandent plusieurs choses. Pour commencer, le remplacement immédiat des ours morts de cause humaine, conformément à l’engagement pris par l’État. La population ayant augmenté en Espagne, il serait possible de ramener des animaux provenant par exemple des Asturies ou de la Cantabrie.
D’autre part, l’actualisation de l’étude sur la viabilité de la population d’ours des Pyrénées : « Ce qui est intéressant pour savoir si une population est viable, c’est d’arriver à mesurer la population efficace [le nombre d’individus participant à la reproduction et de bonne diversité génétique] donc ça inclut à la fois des aspects démographiques et génétiques », poursuit Patrick Leyrissoux.
L’actuel Plan ours jugé « inopérant » et « mal mis en œuvre »
Troisième demande, la création d’un comité scientifique ours indépendant. Un panel scientifique, composé de personnalités choisies à l’international, pour évaluer ce qu’il se passe au niveau de la génétique et de la conservation. Cela précèderait l’élaboration d’un vrai Plan pluriannuel d’action pour la restauration de la population d’ours dans les Pyrénées en remplacement de l’actuel Plan ours jugé « inopérant » et « mal mis en œuvre ». « L’actuel plan ours, n’est qu’une déclaration de bonnes intentions, fait remarquer Patrick Leyrissoux. Pas de calendrier, pas d’actions précises. Quand on fait un vrai plan d’actions pluriannuel on dit « cette année, on va faire ci, on va faire ça, l’année suivante on fait ci, ça », quelque chose d’organisé pour restaurer une population. »
Les ONG l’assurent, elles feront pression jusqu’à ce que les choses bougent… enfin !
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