La saison de la chasse a officiellement repris depuis la mi-septembre et la pratique cynégétique reste très controversée dans l’opinion. 30millionsdamis.fr revient sur quelques chiffres qui illustrent le rejet d’une partie de la population à l’encontre de ce « loisir encadré ».
Vigilance ! La saison de la chasse est ouverte depuis le 15 septembre 2024. Jusqu’au 28 février 2025 inclus, les promeneurs et leurs animaux de compagnie doivent rester extrêmement attentifs à la présence de chasseurs, pour leur sécurité. Alors que la Fondation 30 Millions d’Amis réclame un encadrement plus strict des pratiques de chasse, la règlementation ne cesse d’être assouplie.
97 accidents, dont 6 mortels
Si le dernier rapport de l’Office français de la biodiversité (OFB) note une diminution du nombre de morts liés à la chasse, au nombre de six lors la saison 2022-2023, l’organisme relève « une augmentation des accidents, au nombre de 97, dont 58 graves, par rapport aux trois saisons précédentes ». Or, ces accidents ou incidents de chasse [103 recensés en 2023] touchent autant des civils que des animaux domestiques ! « 56 concernaient des tirs vers les habitations, 18 des tirs vers des véhicules et 29 des tirs sur animaux domestiques », note le rapport.
« Il ne faut pas oublier la pratique de la chasse à courre où les animaux traqués traversent parfois les routes, jusqu’aux habitations, pour échapper aux chasseurs, prévient Benoit Thomé, président de l’association Animal Cross, à 30millionsdamis.fr. Cela ne fait qu’augmenter les risques d’insécurité à l’égard des ruraux ». Pour l’Aspas, les chiffres annoncés par l’OFB sont « forcément en deçà de la réalité », rappelant que de « nombreux incidents ne parviennent jamais aux oreilles de l’OFB ». Prudence donc, lors de vos promenades !
25 à 38 millions d’animaux chassés chaque année
S’il n’existe pas de données officielles sur le nombre d’animaux tués par les chasseurs, Animal Cross estime ce chiffre entre 25 et 38 millions. Ces calculs, basés sur les données de référence de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (devenu aujourd’hui l’OFB), coïncident avec les « 22 millions d'animaux tués chaque année », annoncés par l’OFB dans une enquête publiée en 2019 (portant uniquement sur la chasse à tir).
Une réalité encore plus révoltante lorsque l’on sait qu’en France, 20 millions d’animaux sont élevés… pour la chasse ! Parmi eux, les animaux à plumes (faisans, perdrix, canards) forment une écrasante majorité, privée d’instinct sauvage. « Le nombre de 14 millions de faisans élevés en France dépasse la population européenne de faisans estimée entre 8 et 10 millions d’individus matures en 2016 ! », apprend-on à la lecture de l’ouvrage « Article 0 », publié par Animal Cross.
La chasse autorisée 12 mois sur 12, et 7j sur 7 !
« La France détient le record européen de la plus longue période de chasse »
Article 0, Animal Cross
Si les dates d’ouverture de la chasse sont fixées, dans chaque département, par arrêté préfectoral, elles s’étalent généralement sur six mois, entre septembre et février. Mais les chasseurs peuvent – par « exception » et sur autorisation préfectorale – traquer certaines espèces tous les jours de la semaine, contrairement au reste de l’Europe ! « On est très mal informés sur les autorisations de périodes de chasse, confirme Richard Holding (Aspas), joint par 30millionsdamis.fr. C’est un peu à la carte selon les départements. »
Ainsi, la France détient « le record européen de la plus longue période de chasse », informe Animal Cross dans « Article 0 ». Et les prolongations ne cessent de voir le jour. Par exemple, le projet de modification de l’arrêté du 1er août 1986 adopté en décembre 2023 permet aux chasseurs de tuer, notamment le sanglier, douze mois sur douze !
89 espèces dites « chassables », dont 28 menacées
Des dérogations qui s’étendent « à une grande partie des espèces « susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD), déplore Richard Holding. La plupart d’entre elles, comme le renard, peuvent être persécutées toute l’année ». Des mesures rendues possibles au détriment de la sécurité des ruraux et de ces animaux pourtant. La Fondation 30 Millions d’Amis se joint de longue date aux autres ONG de protection animale pour dénoncer cette réglementation sur les ESOD, dont bon nombre sont essentiels au maintien écologique.
La liste des espèces chassables au sein de l’Hexagone s’allonge et dépasse nettement ses voisins européens. « Le pays compte 89 espèces chassables, dont 28 affichent un état de conservation défavorable selon l’Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN) », expose Benoît Thomé, président d’Animal Cross. Parmi elles, un grand nombre d’oiseaux, tel que le Grand tétras, restent dans le viseur des chasseurs. « Avec 64 espèces d’oiseaux chassés, la France (…) chasse deux fois plus d’espèces par rapport à sa [diversité d’oiseaux] », informe la LPO. Un chiffre bien au deçà de la moyenne européenne, s’élevant à 24 espèces d’oiseaux chassables !
14 000 tonnes de plomb répandus en Europe
« Le plomb de chasse est responsable de l’intoxication de nombreux rapaces et charognards »
LPO France
Outre les dégâts considérables sur la faune sauvage, les munitions de chasse se révèlent de véritables dangers environnementaux. La grenaille, ces minuscules billes rondes contenues dans les cartouches, contient du plomb. Interdites dans les zones humides depuis le 15 février 2023, les billes de plomb restent malheureusement dispersées sur la terre ferme et, selon Animal Cross, pollueront « des dizaines, voire des centaines d’années ».
À ce titre, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) précise que « 14.000 tonnes de plomb se retrouvent dispersées sur la terre ferme » en Europe. « Si l’Europe compte 5,2 millions de chasseurs, la France en compte environ 20 %, estime Animal Cross. On arrive ainsi à environ 2 800 tonnes de plomb qui continuent d’être répandues chaque année en France sur la terre ferme ». Un danger supplémentaire pour les petits mammifères et les oiseaux qui « confondent plomb et gastrolithes, ces cailloux ingérés pour leur système digestif », alerte Benoît Thomé.
Le plomb de chasse est également « responsable de l’intoxication de nombreux rapaces et charognards, qui consomment des proies contaminées », indique à son tour la LPO. Selon l’ECHA, plus d’1 million d’oiseaux meurent d’empoisonnement au plomb dans l’Union Européenne chaque année. Cet élément toxique peut également avoir de graves conséquences sur la santé humaine, en consommant de la viande de chasse. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) recommande par ailleurs « aux femmes en âge de procréer et aux enfants d’éviter toute consommation de grand gibier sauvage, et aux autres consommateurs de limiter cette consommation à une fréquence occasionnelle, de l’ordre de trois fois par an ».
8 Français sur 10 réclament week-ends et vacances sans chasse
La possibilité de chasser 7 jours sur 7 en saison de chasse représente un frein inconditionnel à la tranquillité des ruraux. Familles, randonneurs ou encore des cyclistes fréquentent les espaces naturels le dimanche, les jours fériés et lors des vacances scolaires. Afin de préserver leur sécurité et donner un peu de répit à la faune sauvage, 82 % des Français se sont déclarés favorables à l’interdiction de la chasse le dimanche [Baromètre Fondation 30 Millions d’Amis / IFOP - 2024].
Dans la même optique, 81 % des sondés sont favorables à ce que les vacances scolaires deviennent une période non chassée. Enfin, près de 8 Français sur 10 (79 %) souhaitent des week-ends et jours fériés sans chasse. De quoi insister sur l’impopularité de cette pratique néfaste pour la faune sauvage.
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