L’association L214 dénonce les conditions d’élevage de plus de 5000 canards dans un établissement en Mayenne (Pays de la Loire). Censés être élevés en plein air, ces volatiles sont enfermés dans des conditions insalubres. Une plainte a été déposée et les lanceurs d’alerte demandent au groupe LDC de rompre ses liens commerciaux avec l'élevage. La Fondation 30 Millions d’Amis relaie cet appel.
Des canards élevés « sans accès à l’extérieur », agonisant sur une « litière jamais changée saturée d’urine et de fientes ». Dans une vidéo publiée mercredi 17 juillet 2024, L214 dénonce les conditions « désastreuses » d’un élevage situé à Châtillon-sur-Colmont en Mayenne (Pays de la Loire), où plus de 5000 canards de chair à croissance rapide restent enfermés à plein temps dans un bâtiment délabré, avant d’être abattus, transformés et commercialisés par le groupe LDC. Ces images, tournées en juin selon l’association, ont été filmées par une ancienne salariée. Cette dernière témoigne à visage découvert, après avoir exercé huit mois au sein de cet établissement.
Aucun accès à l’extérieur
D’après l’étiquetage LDC, ces canards sont censés élevés en free-range (élevage en plein air). Or, selon la lanceuse d’alerte, la réalité est toute autre : « On se moque un peu de tout le monde parce qu'ils ne sortaient jamais, rapporte l’ex employée. Dans un premier temps il y avait une restriction grippe aviaire donc ils n’avaient pas le droit de sortir, mais même quand la restriction a été levée, les canards ne sortaient pas. »
Faute de terrains conformes et de clôtures en bon état, ces volatiles sont privés de parcours extérieur au risque de s’échapper, selon l’enquête. À ses débuts, Anaïs, ex-salariée, s’étonne et s’interroge : « On m’a expliqué que c’était trop compliqué pour les faire rentrer, qu’on n’avait pas le temps, que les terrains n’avaient pas été réparés. Il faudrait faire des travaux et le patron n'a pas trop envie. »
Conditions insalubres et manque de nourriture
Ces canards s'étouffent entre eux pour essayer de se réchauffer
Anaïs, ex-salariée de l'élevage
« Ce qui m'a vraiment poussée à partir, c'est de voir autant d’animaux mourir », témoigne Anaïs. Auprès de L214, elle décrit des canards qui peinent à respirer « dans un bâtiment délabré, sur un sol paillé qui reste le même pendant 50 jours ». Parmi les 5000 volatiles, un grand nombre d’entre eux sont « déplumés », en souffrance et manquant « parfois d’eau et de nourriture ». « Ils s'étouffent entre eux pour essayer de se réchauffer, parce que les températures ne sont pas respectées », poursuit Anaïs.
Selon la lanceuse d'alerte, le groupe agroalimentaire LDC avait signalé en mars 2024 l’état critique des animaux provenant de cet établissement. Mais « sans pour autant rompre ni suspendre ses liens commerciaux avec l’élevage », pointe du doigt l’association. Selon L214, entre mai et juin 2024, 155 canards sont morts en 50 jours, avant de partir à l’abattoir SNV à Château-Gontier-sur-Mayenne.
Il s’agit d’un « chiffre 2,5 fois plus élevé que la mortalité moyenne pour ce type d’élevage », précisant qu’une mortalité « inexpliquée à 2 % doit déclencher une visite ou un examen clinique du vétérinaire ». Or, l’enquête conclut qu’il n’en est rien.
Des cadavres brûlés et jetés dans les champs
Cette « surmortalité » s’accompagne d’un traitement illégal imposé aux cadavres. « Pour des raisons sanitaires évidentes, les éleveurs doivent remettre aux services d’équarrissage les cadavres des animaux morts ou tués en élevage », rappelle L214. Or, cette obligation légale du Code rural ne serait pas respectée. L’ancienne salariée explique qu’il est demandé aux employés de « jeter les cadavres de ces canards dans le champ du voisin ou de les brûler ».
À la suite de ce signalement, L214 a saisi la justice et porte plainte contre l’élevage pour « mauvais traitements et abandon d’animaux », mais aussi contre l’abattoir et le groupe LDC pour « tromperie du consommateur ». L’association demande également à la marque de suspendre ses liens commerciaux avec l’élevage.
84% des Français contre l’élevage intensif
Selon les derniers chiffres de l’Agreste, du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, la France est sur le podium des plus importants consommateurs de canards au monde, avec la Chine et le Vietnam. Son bilan 2023 affirme par ailleurs que la consommation française d viande de volaille est repartie à la hausse en 2023 (+13 % par rapport à 2022).
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