780 taurillons en provenance du sud de la France ont été confinés à bord d’un navire bétailler pendant plusieurs semaines, les autorités algériennes refusant leur débarquement au port d’Alger en raison d’un risque sanitaire. Ces animaux ont dû retourner au point de départ – Sète (34) – où ils seront euthanasiés. La Fondation 30 Millions d’Amis réitère sa demande d’interdire le transport d’animaux vivants pour privilégier le transport de carcasses.
Kafkaïen ! Bloqués 3 longues semaines dans un cargo hors d’âge… pour finir euthanasiés à l’endroit d’où ils sont partis. Tel est le sort tragique réservé à 780 taurillons qui ont embarqué à Sète (34) le 2 septembre 2022 à bord du Nader-A, un navire bétailler en activité depuis 45 ans.
Arrivés à destination à Alger, la capitale algérienne, les animaux n’ont pu débarquer, les autorités ayant refusé le déchargement des animaux à défaut de document certifiant qu’ils ne sont pas porteurs de la rhinotrachéite infectieuse bovine, une maladie très contagieuse. « En l’absence de certification, le transport des taurillons n’aurait jamais dû être approuvé par les autorités françaises au port de Sète, tance l’association Welfarm. Dans ce cas de figure, le bateau doit retourner à son port d’origine. » Des allégations réfutées par le gouvernement français selon lequel les animaux au départ de Sète étaient « sains » et les certificats sanitaires « correctement transmis », le blocage provenant « d’une différence d’interprétation par les autorités algériennes sur le statut sanitaire de ces animaux ».
Quoi qu'il en soit, le transport était risqué au regard de l’état du cargo : lors de l’inspection du navire, le 3 mars 2022 au port de Sète, une vingtaine de défaillances de sécurité auraient été révélées. Le Nader-A est d’ailleurs de pavillon togolais ; or, le Togo figure en 67ème position sur 68 sur la liste noire du « Memorandum de Paris sur le contrôle des navires par l’Etat du Port : un accord international de 1982 visant à améliorer la sécurité maritime au travers d’inspections des navires.
Une « double peine »
À leur funeste destinée on ajoute la souffrance du transport dans de terribles conditions.
Reha Hutin
Il faudra attendre 15 jours (qui s'ajoutent aux 6 jours de transport en mer) pour que le cargo quitte enfin le port d’Alger avec les 780 taurillons à son bord. « Destination : le port de Sète où il doit accoster le 22 septembre, précise Welfarm. Les animaux à bord seront euthanasiés ». Motif invoqué ? Leur affourage avec du foin algérien lors du stationnement… un fourrage issu d’un pays où la fièvre aphteuse est présente. « Le risque de contamination est extrêmement minime, mais on ne peut l’écarter », a déclaré le gouvernement français à l’AFP.
Un dénouement sordide pour des animaux qui auront vécu l’enfer durant plusieurs semaines. « Nombre d’entre eux seraient déjà morts ; les cadavres tout comme les déjections des animaux n’ont pas été évacués, fustige Welfarm. Les conditions d’hygiène à bord sont catastrophiques. En raison de leur gabarit, ces taurillons ont des besoins (abreuvement, alimentation, espace) particulièrement importants qui ne peuvent être satisfaits dans la situation de promiscuité et d’attente insoutenable qui leur a été imposée ! » « C’est la double peine pour ces pauvres bovins, réagit Reha Hutin, Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis. À leur funeste destinée on ajoute toute la souffrance du transport dans de terribles conditions. C’est insensé ! »
Privilégier le transport de carcasses au transport d’animaux vivants
« Les scandales ne cessent de se répéter, montrant les lacunes du règlement européen sur le transport d'animaux vivants », conclut l'ONG partenaire de la Fondation 30 Millions d’Amis. Chaque année, la France exporte 1,5 million de bovins vivants.
Pour limiter cette souffrance animale insupportable, la Fondation 30 Millions d’Amis demande au ministère de l’Agriculture et à l’Union européenne, l’interdiction immédiate du transport d’animaux vivants et le transport de viande en containers réfrigérés. La pétition qu’elle a lancée a déjà recueilli près de 40 000 signatures. Par ailleurs, une très large majorité de nos concitoyens (83 %, baromètre Fondation 30 Millions d’Amis / Ifop Opinion - 2022) réclament que les animaux soient abattus sur leur lieu d’élevage.
Hel.Helheim 28/09/2022 à 20:57:19