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Protection

Le hérisson, une espèce « sentinelle »

Situé en Maine-et-Loire, le centre de soins Noctis Hérissons soigne et remet sur pattes les hérissons blessés, dénutris et orphelins / ©Noctis Hérissons

La raréfaction des proies et l’activité humaine exposent les hérissons à de nombreux dangers. Soutenue par la Fondation 30 Millions d’Amis, l’association Noctis Hérissons a partagé avec 30millionsdamis.fr ses craintes concernant la préservation du mammifère, dont la survie de l’espèce est indispensable à la sauvegarde de la biodiversité.

250 hérissons pris en charge en douze mois. Ce bilan dressé par l’association Noctis Hérissons, interroge. Peu étudiées et méconnues, les petites boules piquantes font face à de nombreuses menaces dans la nature. « On a dû revoir notre organisation pour accueillir davantage de hérissons à la suite d’une forte demande », témoigne Solène Dahmen, responsable capacitaire de la structure. Selon elle, le nombre de prises en charge a augmenté de « 80 % en un an » !

Des hérissons dénutris

Basé à Cléré-sur-Layon (49), l’organisme prend en charge la faune sauvage en détresse. Mais contrairement aux autres centres de sauvegarde, Noctis Hérissons – comme son nom l’indique - s’occupe uniquement des érinacéidés, retrouvés « en état de dénutrition », « malades », « remplis de puces, ou de tiques », luttant tant bien que mal pour rester en vie. « Cela concerne davantage les hérissons adultes que les juvéniles. Nous les récupérons souvent entre 500 et 700g au lieu d’1kg, leurs réserves alimentaires étant affaiblies », explique S. Dahmen.

Insectivore, le hérisson d’Europe se nourrit également de petits mollusques, tels que les escargots et les limaces. Mais des éléments perturbateurs, comme l’urbanisation ou l’usage des pesticides, entraînent la raréfaction des proies et impactent sa capacité à se nourrir.  « L’affaiblissement des réserves peut aussi les empêcher d’hiberner, et cela peut développer des risques de mortalité », poursuit la bénévole.

Perturbés par l’activité humaine 

 

« La mortalité des hérissons est surtout d’origine humaine »

Solène, responsable capacitaire de Noctis Hérissons

L’insuffisance nutritive s’ajoute à la longue liste des dangers exposés à l’espèce. Toutefois, « leur mortalité est surtout d’origine humaine », révèle Solène Dahmen. Outils de jardinage, pesticides, mauvais usage des tondeuses à gazon… La liste des perturbations contraint les hérissons à délocaliser leurs propres nids pour trouver refuge ailleurs : « Leur habitat naturel se perd, et l’on intervient beaucoup auprès de hérissons situés en zone péri-urbaine », prévient la responsable.

La révision de l’espace rural, impliquant le développement d’infrastructures et la disparition des haies, intensifie leur état de stress. « La préservation et le retour des haies doivent être encouragés : elles offrent un gîte parfait pour les hérissons », soutient l’association France Nature Environnement (FNE) dans un dossier consacré au petit mammifère.  

Victimes de la circulation

Le bilan 2023 de l’« Opération Hérisson » publié par FNE est catégorique :  la mortalité des hérissons est majoritairement associée aux collisions routières [83 % des cas selon les signalements effectués en 2023 : ndlr]. Heureusement quelques-uns parviennent à passer entre les mailles du filet. Parmi les miraculés, Sissa et Gamin, deux hérissons mâles, ont été percutés et ramenés au centre Noctis Hérissons au début du mois de juin 2024. « C’est assez rare qu’un hérisson victime d’un accident de la route se rétablisse », indique l’association sur un post Facebook.

Quarante jours en enclos

Que deviennent les petits rescapés de l’association ? « Ils sont hospitalisés, avec une période de réhabilitation, notamment pour les juvénile qui ont besoin de s’adapter à un milieu naturel, détaille S. Dahmen. Pour cela, ils sont placés en enclos. En fonction des cas, ces petits mammifères sont pris en charge une quarantaine de jours par Noctis Hérissons. « Nous faisons en sorte que leur passage au centre soit le plus court possible », confie la capacitaire.

Gloony a été pris en charge par l'association Noctis Hérissons, comme beaucoup d'autres hérissons / ©DR

Néanmoins, les blessures les plus graves peuvent nécessiter plusieurs mois de prise en charge. En témoigne l’un des derniers arrivants, Nougat, recueilli avec « l’une des pattes arrière entourée de saleté », infectée et fracturée. « On s’est demandé si elle n’était pas momifiée, et s’il ne fallait pas procéder à une amputation », relève l’association. Mais au fil du temps, le centre de soins a eu la surprise de voir le jeune rescapé reprendre du poil de la bête.

Une espèce « sentinelle »

Face au nombre conséquent de hérissons en détresse, les centres de faune sauvage préconisent quelques gestes  pour mieux les protéger : « Nous recommandons aux particuliers de laisser des trous dans leurs grillages, afin que les hérissons puissent se déplacer de jardins en jardins », informe Solène Dahmen. L’association suggère également de créer des points d’eau « afin que les hérissons puissent y accéder toute l’année pour s’hydrater ». Enfin, il convient de rester prudent lors des sessions de jardinage, et pourquoi pas « favoriser les haies mortes », pour accueillir les insectes, et leurs prédateurs, les hérissons !

Leur survie est essentielle. Et pour cause : les menaces autour de cette espèce impactent directement nos écosystèmes. « Le hérisson est une espèce dite ‘parapluie’, explique la bénévole. Si on le protège, on protège également les insectes et les micromammifères. » Espèce « sentinelle », l’animal est un ennemi redoutable des parasites et des insectes ravageurs pour les plantations. Sa présence prouve que votre jardin se porte bien. De quoi insister sur l’urgence de sa protection !