Si la sensibilité des animaux d’élevage ne fait aucun doute, une étude anglaise publiée en février 2024 a le mérite d’étoffer les données scientifiques sur le sujet : par exemple, les chèvres sont plus attirées par les voix humaines joviales et les visages heureux… L’occasion pour 30millionsdamis.fr de revoir notre regard porté sur les animaux dits « de rente » et de veiller au bien-être de ces êtres sensibles.
À quelques jours de l’ouverture du salon de l’agriculture 2024, une étude anglaise arrive à point nommé : les animaux d’élevage – en l’occurrence les chèvres, sujets de l’étude – sont particulièrement sensibles aux émotions humaines (« Goats discriminate emotional valence in the human voice », Animal Behaviour), que celles-ci s’expriment à travers l’intonation de la voix ou l’expression faciale.
Ainsi, « Les voix sèches peuvent effrayer les animaux, tandis que les voix entraînantes peuvent les encourager à s’approcher », confirme Marianna Mason, co-autrice de l’étude. Pour preuve : après avoir été confrontés à une série d’enregistrements vocaux pendant plusieurs heures, 27 chèvres du Buttercups Sanctuary for Goats en Angleterre ont subitement regardé la source sonore lorsque l’émotion du lecteur est soudainement devenue joviale.
« De précédentes études ont même prouvé que l’expression des visages influe sur le comportement des chèvres », ajoute M. Mason. En 2018, 20 caprins du même sanctuaire ont effectivement montré qu’ils préféraient interagir avec une personne qui affichait une mine réjouie, délaissant celle à l’air contrarié (« Goats prefer positive humain emotional facial expressions », Royal Society Open Science) ! « La capacité des animaux à percevoir les émotions humaines pourrait être plus répandue qu’on ne le pensait, avait alors réagi l’universitaire Alan McElligott, directeur des recherches. Cette étude a d’importantes implications sur la façon dont nous nous comportons avec les animaux de ferme et d’autres espèces. »
Un avis partagé par celles et ceux qui côtoient ces animaux au quotidien dans la ferme-refuge et éducative de Welfarm « La Hardonnerie » (55). Ce havre de paix abrite 150 animaux au passé difficile, parmi lesquels une quarantaine de chèvres, réformées d’élevages laitiers pour les unes, rescapées d’abandons ou de maltraitance pour les autres. « Dans cette ferme, les animaux gardent le contrôle : ils choisissent s’ils souhaitent, ou non, s’approcher des visiteurs et de leurs congénères, explique Jessica Jeanmaire, responsable du refuge, jointe par 30millionsdamis.fr. Et il est évident que leur relation à l’Homme varie selon leur passé : ceux qui ont "simplement" été négligés tissent une relation sereine avec l’humain ; en revanche, ceux qui ont été maltraités sont moins enclins à s’en approcher. »
Heureusement, grâce à la douceur des soigneuses, les animaux, même les plus traumatisés, reprennent progressivement confiance en eux-mêmes et en l’humain : « Plus les animaux ont des expériences positives, plus ils vont être optimistes, ajoute Jessica. Ils sont toujours plus enclins à s’approcher des personnes aux voix douces et visages heureux ».
Ce constat devrait, selon les chercheurs, inspirer les acteurs du monde de l’élevage, à la faveur d’une amélioration du bien-être des animaux de rente. Car il ne fait aucun doute qu’un éleveur qui affiche un air jovial et apaisé face à ses animaux initie un cercle vertueux en leur transmettant ces signaux positifs. « Des éleveurs ont déjà compris que plus ils seront sereins, plus les animaux seront confiants, confirme la spécialiste. Le facteur émotionnel est complexe à analyser mais il peut avoir un impact fort sur le bien-être animal ! »
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