L’Organisation des Nations Unies a publié un rapport alarmant sur le déclin progressif des espèces migratrices. Pour bon nombre d’entre elles, le risque d’extinction ne cesse d’augmenter malgré des efforts de conservation déjà déployés. 30millionsdamis.fr passe en revue ces constats, dévoilés à l’ouverture de la 14e Conférence pour la conservation des espèces migratrices qui se tient jusqu’ au 17 février 2024 à Samarkand (Ouzbékistan).
Une situation préoccupante. Dans un nouveau rapport publié le 12 février 2024, l’Organisation des Nations Unies (ONU) alerte sur le déclin des espèces migratrices dans le monde. Au total, 20 % des espèces répertoriées par la Convention de Bonn de 1979 sont menacées d’extinction, et 44 % voient leur population se détériorer. « Le rythme de disparition est plus rapide que prévu », prévient Maud Lelièvre, présidente du Comité français de l’Union internationale de la conservation de la nature (UICN). Pour inverser la tendance, les Nations Unies appellent à une coopération internationale.
Sur l’ensemble des 1 200 espèces inscrites à cette convention portant sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS), la quasi-totalité des poissons migrateurs sont menacés d’extinction (97 %). Cet exemple s’explique par la menace perpétuelle des activités humaines, telles que la fragmentation des habitats naturels, la surexploitation et la pollution. Les cétacés et les tortues marines ne sont pas épargnés par ces risques.
À cela s’ajoute le changement climatique, dont les impacts touchent d’ores et déjà un grand nombre d’animaux. « Les espèces d’oiseaux déclinent par exemple plus rapidement que les grands mammifères car ils n’ont pas le temps de s’adapter à de grands changements », explique Maud Lelièvre à 30millionsdamis.fr. Mais parmi l’ensemble des espèces migratrices, au moins 399 d’entre elles, mondialement ou quasi menacées, ne bénéficient pas encore de la protection internationale offerte par la CMS. « Certaines espèces ne représentent pas une priorité pour tous les Etats », souligne la présidente du Comité français de l’UICN.
Pourtant, les espèces migratrices jouent un rôle essentiel pour le maintien des écosystèmes. « Elles assurent un rôle important de pollinisation, de transport des graines, et maintiennent une diversité biologique », liste Maud Lelièvre. À titre d’exemple, les chauves-souris dispersent les graines d’un grand nombre de fleurs, utilisées pour le caoutchouc, le bois, le papier, les fibres et la médecine. « On peut également citer les cadavres de baleines qui séquestrent du CO2 au fond des océans pendant des centaines d’années », ajoute l’experte. Véritables indicateurs de la santé environnementale, les espèces migratrices risquent de « perdre leurs fonctions » si elles continuent de disparaitre à grande vitesse.
Face à ces constats inquiétants, Maud Lelièvre espère des « actions politiques fortes » pour la conservation des espèces migratrices. Le rapport des Nations Unies a été publié à l’ouverture de la 14e Conférence des Parties à la Convention sur les espèces migratrices (COP14) organisée en Ouzbékistan du 12 au 17 février 2024. L’évènement doit permettre à plus de 130 nations signataires d’adopter un nouveau plan stratégique en faveur des espèces migratrices pour la période 2024-2032.
En marge de ce sommet, plusieurs organisations environnementales dont l’UICN ont initié un Partenariat mondial sur la connectivité écologique (GPEC). Cette alliance doit veiller au maintien, l’amélioration et la restauration des espaces de migration de la faune sauvage. « Elle garantira que les actions visant à s’attaquer à la connectivité écologique sont mobilisées dans le monde entier », a déclaré Amy Fraenkel, secrétaire exécutive de la CMS dans un communiqué. La France, la Belgique, Monaco et l’Ouzbékistan figurent parmi les participants à cette nouvelle initiative, de plus en plus reconnue comme une priorité de conservation mondiale.
Enfin, en suivant les recommandations du rapport, la CMS vient d’inclure en annexe I le marsouin commun de la Baltique, reconnaissant l’urgence de sa survie. Le Comité a également répertorié trois espèces – le guanaco, le piramutaba et le poisson chat daurade – à l’annexe II, ainsi que le requin tigre des sables aux annexes I et II. Une adoption finale est attendue, et d’autres mesures pourraient être annoncées avant la fin de ce sommet mondial.
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