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Faune

Des rapaces victimes de pales d’éoliennes

Un Gypaète barbu a été tué par une éolienne aux Pays-Bas : c'est le deuxième de son espèce à succomber ainsi en Europe. ©Hans Pohlmann / Vulture Conservation Foundation (Facebook)

Libéré en 2022 dans le cadre d'un programme de réintroduction en France, un Gypaète barbu a été tué par les pales d'une éolienne aux Pays-Bas (10/06/2023). Pour la Fondation 30 Millions d’Amis, la nécessaire transition énergétique doit concilier les impératifs de protection de la biodiversité. Des solutions existent !

Roc, un jeune Gypaète barbu, a été tué par une éolienne au nord-est d’Amsterdam. Le rapace né dans un zoo avait été réintroduit en mai 2022 dans les Cévennes, au titre du programme européen LIFE Gypconnect, censé restaurer une métapopulation européenne de cette espèce. « Le signal de sa balise GPS a cessé de se déplacer sur l’écran de contrôle ; il a été mortellement frappé par une pale d’éolienne le 10 juin 2023, déplore la Ligue pour la Protection des Oiseaux. Avec l'augmentation significative du nombre de parcs éoliens en Europe, ce type d’incident pourrait se multiplier dans les années à venir. »

Roc est le deuxième de son espèce à succomber aux pales d’éoliennes, deux ans après la mort d’Angèle là-encore aux Pays-Bas. Le rapace avait, lui-aussi, été relâché un an plus tôt en France dans le cadre de LIFE Gypconnect…

Des accidents loin d’être isolés

S’il est difficile de connaître précisément le nombre d’oiseaux tués par des éoliennes, il ressort, selon une étude publiée par la LPO en 2017 qu’une seule éolienne tuerait, chaque année, de 0,3 à 18,3 volatiles (rapport « Climat et biodiversité », ORÉE, 2017). À lui-seul, le parc français compte 8 000 éoliennes ; ce qui fait au bas mot 56 000 oiseaux tués par leur pales annuellement. Et 75 % de ces décès concerneraient des espèces protégées, aux effectifs souvent très faibles.

Les rapaces qui survivent, quant à eux, restent handicapés à vie. Fin avril 2023, un vautour est entré en collision avec une éolienne dans la vallée de Filiouri en Grèce. L’oiseau de 3 ans portait un émetteur GPS qui a permis à la Société pour la protection de la biodiversité de Thrace d’intervenir au plus vite. Grâce au soutien des agents de parcs nationaux, le rapace a pu être transporté dans un centre de soins. S’il a survécu, il a toutefois dû être amputé d’une aile. Le pauvre animal ne pourra plus jamais voler… « Ce vautour faisait partie d’un nouveau projet de réintroduction, regrette l’ONG "Vulture Conservation Foundation". Si les parcs éoliens doivent jouer un rôle important dans l’atténuation du changement climatique et la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles, ils doivent être développés en tenant compte de la biodiversité. »

Des destructions illégales, constitutives d’un délit en France !

En France, ces destructions d’espèces protégées sont théoriquement passibles de 3 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende, en vertu de l’article L 415-3 du code de l’environnement. Et la justice semble – enfin – l’avoir compris ! Fin 2022, la Cour de cassation a effectivement confirmé la condamnation d’Électricité de France et de sept exploitants du parc éolien de Causse d’Aumelas dans l’Hérault, pour avoir porté atteinte à la conservation de faucons crécerelettes. Et pour cause, depuis la mise en service du parc, une soixantaine de faucons inanimés avaient été retrouvés au pied des éoliennes… Un nombre qui, selon l’association requérante France Nature Environnement, constituerait la seule part visible de la mortalité causée par le parc, en réalité estimée au triple !

Par cette décision inédite, la Cour de Cassation a donc confirmé que de telles destructions étaient illégales : « Elle a remis en question la doctrine du ministère de l’Environnement, élaborée main dans la main avec l’industrie éolienne, qui consiste à contourner les lois de protection de la biodiversité au prétexte de la transition énergétique, confirme l’organisation. L’un ne peut, et ne doit, pas aller sans l’autre. »

Planifier en amont les aménagements de parcs éoliens

Il revient donc aux acteurs de la filière de prendre, dès la conception des projets, les dispositions nécessaires pour protéger l’avifaune. « Les aménagements de parcs éoliens mal planifiés représentent une menace importante pour les rapaces, oiseaux et chauves-souris, en particulier s’ils sont situés près de colonies de reproduction, de gites ou de voies migratoires, tance l’ONG "Vulture Conservation Foundation". Pour prévenir de tels accidents, il faut évaluer l’impact des parcs éoliens (existants et futurs) et établir des zones d’exclusion. »

À cet égard, la LPO préconise, par exemple, d’interdire l’implantation de parcs éoliens, non seulement à proximité des lieux de reproduction des rapaces diurnes, mais également à moins d’un kilomètre des secteurs à forts enjeux.

Privilégier l’arrêt des éoliennes en présence de l’avifaune

Pour les parcs déjà construits, l’effarouchement sonore - bien qu’intéressant - n’a pas toujours été fructueux, comme dans le parc du Causse d’Aumelas (34), où les collisions des oiseaux avec les éoliennes ont perduré malgré l’instauration, en 2014, d’un système électronique d’effarouchement.

C’est pourquoi, les ONG préconisent plutôt l'arrêt des éoliennes pendant la période de présence des oiseaux. « Des systèmes de détection entrainant automatiquement un arrêt temporaire des pales représentent une piste prometteuse », confirme la LPO. Une solution qui fait ses preuves depuis 2006 en Espagne, au-dessus du détroit de Gibraltar.

En somme, l’ensemble des parties prenantes doit rechercher et identifier des solutions innovantes pour limiter l’impact des éoliennes sur les oiseaux et les chiroptères. Il en va de la survie d’espèces protégées.