Des étudiantes de l’université de Strasbourg ont refusé de participer à une séance de travaux pratiques impliquant une expérience sur des hamsters. Bien que pénalisante pour leurs résultats finaux, leur prise de position a pourtant permis d’envisager des avancées sur les pratiques de l’Université alsacienne en matière d’expérimentation animale. 30millionsdamis.fr revient sur cet événement.
Le 9 décembre dernier, Le Monde publie un article qui finira par faire grand bruit. Il révèle que sept étudiantes de l’université de Strasbourg ont refusé de participer à une séance de travaux pratiques (TP) pour des raisons éthiques, puisqu’elle impliquait de réaliser des expériences sur des hamsters vivants. N’ayant pas réalisé l’expérience, elles ont été pénalisées et ont reçu la note de 0/20.
Une réaction rapide de la faculté des Sciences de la vie
Le même jour, le doyen de la faculté des sciences de la vie de l’université informait l’AFP que le TP ne serait pas reconduit l’année suivante, ajoutant que sur le bien-être animal, « il faut être bien plus vigilant qu’il y a 15-20 ans ». Reconnaissant que sur ce sujet, « il vaut mieux arrêter, et réfléchir d’une manière différente à partir de maintenant ». L’université de Strasbourg « recherche si d’autres enseignements peuvent être concernés par cette question éthique », apprend-on également dans les colonnes des Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA). Une réaction rapide… et un « bad buzz » des plus utiles ! Même s’il conviendra de s’assurer lors de la rentrée de septembre 2023 si cette réflexion a véritablement été menée.
Initialement réticentes à s’exprimer, les étudiantes concernées ont accepté de répondre au quotidien du soir. Selon elles, l’expérience demandée pour ce TP ne respecterait pas le principe des « 3R », « Réduire, remplacer, raffiner », à savoir le fondement éthique de l’expérimentation animale. Elles décrivent ainsi l’expérience prévue (description non contestée par l’université) : dans un premier temps, insérer une sonde dans l’abdomen de l’animal ; dans un second temps, et après la mise à mort des hamsters par asphyxie au CO2, récupérer les sondes et certains tissus pour récolter des données. Puisque chaque étudiant doit pratiquer l’expérience, et qu’il y a en tout 22 étudiants dans cette formation, il s’agissait donc de mettre à mort 22 hamsters.
Des étudiantes courageuses et engagées
Les étudiantes réfractaires précisent bien au journal ne pas être opposées par principe à l’expérimentation animale, mais que ce TP se répétant chaque année, il existait déjà des données et qu’il n’était donc pas scientifiquement ou pédagogiquement justifié de tuer autant d’animaux. C’est en cela qu’elles considèrent que le TP ne respecte pas les « 3R ». L’université conteste cette analyse et argue qu’il a été autorisé par le comité d’éthique de l’université. Ceci n’est pour autant pas une garantie absolue de respect des « 3R », comme le soulignait Pauline Türk, professeure de droit public, dans une note récente sur le sujet. De surcroît, selon Muriel Obriet, présidente de l'association Transcience, « on peut s'étonner qu'un comité d'éthique ait donné un avis favorable pour ce TP dès lors qu'il peut in fine être supprimé pour faire autrement, sans animaux ».
La Fondation 30 Millions d’Amis, qui œuvre pour qu’un terme soit mis à l’expérimentation animale, est engagée avec divers partenaires pour faire émerger des méthodes substitutives. Elle salue le courage et l’engagement de ces jeunes femmes et se félicite que leur démarche ait permis de faire évoluer l’université de Strasbourg sur ses pratiques.
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