Chaque année, plusieurs millions d'animaux de boucherie sont transportés, à travers l'Union européenne et vers des pays tiers, dans des conditions déplorables. ©AdobeStock
Le naufrage d’un cargo pris dans un typhon en mer de Chine orientale, avec à son bord 5 800 vaches (04/09/2020), rappelle la catastrophe qui, en novembre 2019, avait coûté la vie à plus de 14 000 moutons noyés dans les cales du navire qui les transportait. Avant cette fin tragique, ces bovidés avaient dû, comme des millions d’autres animaux, supporter des conditions de transport insoutenables. Face à ce fléau, la Fondation 30 Millions d’Amis enjoint au ministère de l’Agriculture de prendre ses responsabilités.
Un milliard de volailles, 37 millions de bovins, cochons, moutons, chèvres et équidés sont transportés, chaque année, dans l’Union européenne et vers des pays tiers. Entassés, parfois sous des chaleurs étouffantes, ces animaux subissent une souffrance intolérable.
En témoignent les images cauchemardesques révélées en 2018 par Animals International et rediffusées sur France 2 (Envoyé Spécial, 3/09/2020). A bord d’un cargo koweïtien, des milliers de moutons sont à l’agonie, alors que la température est supérieure à 50 degrés. « Ils sont littéralement en train de cuire vivants », fustige Gabriel Paun, militant de l’association. 4 000 moutons auraient succombé au cours des cinq voyages filmés par le lanceur d’alerte, leurs carcasses jetées à la mer…
Sur les routes, les conditions de transport sont tout autant déplorables. En mars 2020, une enquête menée par les associations L214 et Eyes on Animals révélait des veaux entassés, assoiffés et épuisés, pendant leur acheminement de l’Irlande vers les Pays-Bas. Un calvaire subi sur plus de 2 000 kilomètres, pendant 50 heures !
Et ces cas sont malheureusement loin d’être isolés tant les dérives sont nombreuses, nonobstant le règlement européen du 22 décembre 2004 relatif à la protection des animaux pendant le transport. Ainsi, contrairement à la réglementation européenne, il n’est pas rare que les transports circulent alors que la température dépasse 30 degrés. Les contrôles vétérinaires, en principe obligatoires à chaque chargement, sont rarissimes. « En moyenne, je suis inspecté une fois sur dix seulement, explique le transporteur Romain Bardy au micro d'Envoyé Spécial. En cause ? Le manque de vétérinaire ».
Or, les camions et cargos sont régulièrement surchargés… avec un risque accru d’accident. Fin 2019, plus de 14 000 moutons ont péri lors du naufrage d’un cargo qui, selon un responsable de l’ONG Animals International, était surchargé. En septembre 2020, c’est un navire panaméen qui a coulé alors qu’il transportait 5 800 vaches à son bord. Enfin, les actes de maltraitance sont monnaie courante puisque certains dockers n’hésitent pas, en toute illégalité, à frapper les animaux pour accélérer le mouvement. Dans le port de Sète, où près de 150 000 animaux transitent chaque année, les bovidés sont - sur les images de France 2 - sommés d’avancer à coups de bâton.
Ils sont littéralement en train de cuire vivants !
Gabriel Paun - Animals International
C’est afin d’enrayer ces exactions que l’Union européenne a lancé, en juin 2020, une commission d’enquête sur le transport d’animaux d’élevage. « C’est un premier pas important qui va nous donner les moyens de nous pencher sur les raisons de ces souffrances endurées par les animaux », selon l’eurodéputée (Verts/ALE) Caroline Roose. L’objectif escompté est, à terme, de renforcer la réglementation pour améliorer la protection des animaux de ferme. Comme toujours, c’est l’Union européenne qui impulse un mouvement favorable au bien-être animal, devant une France à la traîne.
La Fondation 30 Millions d’Amis, qui se réjouit de cette initiative, réitère avec force auprès du ministre de l’Agriculture Julien Denormandie sa demande de limiter les transports d’animaux vivants à 8 heures par jour et d’interdire les exportations d’animaux hors Union européenne. Sa pétition pour réclamer l’arrêt des transports d’animaux de boucherie en temps de canicule a recueilli plus de 80 000 signatures. Afin que chacun puisse participer à ce combat, l’association Welfarm a lancé l’application TRUCKalert qui permet de signaler les convois circulant par temps caniculaire.
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