Mardi 17 septembre 2024, une quinquagénaire est comparue au tribunal de Créteil (94) pour avoir détruit des nids d'hirondelles de fenêtre, une espèce menacée dont la population a fortement diminué en Île-de-France. Une amende de 5.000 euros à son encontre a été requise.
Le tribunal de Créteil a jugé mardi 17 septembre 2024 une femme de 53 ans pour pour avoir détruit des nids d'hirondelles de fenêtre, une espèce protégée, lors de travaux en 2023 sur la façade d'un garage lui appartenant à La Queue-en-Brie (Val-de-Marne). Condamnée à l'issue de l'audience, elle connaîtra le quantum de son éventuelle peine le 19 décembre prochain. Elle doit d'ici là installer "une dizaine" de nichoirs artificiels sur sa façade, a ordonné la présidente du tribunal. La procureure a quant à elle requis 5.000 euros d'amende.
Entre 2001 et 2023, le nombre d'hirondelles de fenêtre a décru de 66% en Île-de-France, a indiqué à l'AFP Eric Grosso, chargé de mission pour la Ligue de protection des oiseaux (LPO), partie civile dans ce dossier. L'hirondelle de fenêtre est inscrite comme espèce "quasi-menacée" en France sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) depuis 2016. Si un nid est détruit, cela "retarde la couvée: arrivée la fin de l'été, les jeunes ne sont potentiellement pas assez forts pour partir en migration" vers l'Afrique subsaharienne, résume à la barre Cécile Grimaldi, responsable environnement à l'Office français de la biodiversité (OFB).
Devant le tribunal correctionnel de Créteil, à grand renfort de gestes agacés, Murielle J. a maintenu ne "pas avoir la sensation d'avoir fait quelque chose de mal". Malgré le courrier que l'OFB assure avoir envoyé et le contact pris avec ses agents en 2022, la prévenue a affirmé qu'on ne lui avait "rien expliqué". "Je pensais que [les agents de l'OFB]venaient me casser les pieds", se défend-elle, qualifiant la rencontre d'"agression".
Les hirondelles peuvent avoir été chassées selon elle par d'importants travaux de voirie, non loin de sa propriété, ou par le bruit d'une proche route départementale. "Lorsque Madame J. fait ses travaux, ce ne sont plus des nids, c'est effectivement des résidus de terre", a assené son avocat, Me Pierre Darkanian, en demandant la relaxe. Or pour détruire les nids même vides, il faut obtenir une dérogation qui s'accompagne souvent de mesures de compensation.
Dans un procès-verbal, la quinquagénaire a admis avoir nettoyé au karcher des "ovales" de terre présents sur sa façade. "Tout ça est motivé par pure envie de faire des économies et de ne pas se 'prendre la tête' avec les règles habituelles en matière d'urbanisme et d'environnement", a tancé le ministère public. La prévenue avait déjà écopé d'une amende par le passé pour avoir effectué des travaux sans permis de construire.
(Avec AFP)
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