Le maire de Châteauroux-les-Alpes (05) et son fils sont accusés de braconnage à la suite d’une enquête menée sur plusieurs années par l’Office français de la biodiversité (OFB). Tous deux ont comparus devant le tribunal correctionnel de Gap. Le jugement a été mis en délibéré au 6 juin 2024. S’ils sont reconnus coupables, la Fondation 30 Millions d’Amis espère une condamnation à la hauteur de la gravité des faits.
Une affaire insolite au tournant familial ! Jean-Marie Barral, maire de Châteauroux-les-Alpes (Hautes-Alpes) âgé de 76 ans, et son fils Hervé Barral, 50 ans, comparaissaient jeudi 4 avril 2024 à Gap pour des faits présumés de braconnage. Face à eux, le Parc national des Ecrins, cinq associations environnementales (ASPAS, LPO Paca, Robin des Bois, Société Alpine de la Protection de la Nature) et la Fédération nationale de la chasse se sont constituées parties civiles.
Près de 400kg de viande saisis à l’intérieur de sept congélateurs
Depuis 2020, les deux hommes sont surveillés par l’Office français de la Biodiversité (OFB) pour suspicions de braconnage. Début septembre 2023, neuf jours avant l’ouverture officielle de la chasse (17/09/2023), le quinquagénaire aurait sorti « l’arme de son sac à dos avant de tirer à une vingtaine de mètres », au sein du parc national des Ecrins, près de la maison familiale, selon le témoignage d’un inspecteur de l’environnement recueilli par l’AFP lors de l’audience.
Une perquisition menée au domicile de l’édile a ensuite révélé la présence de sept congélateurs, remplis d’un total de 386 pièces de viande, provenant de deux cerfs, trois chevreuils et quatre chamois. Selon les enquêteurs, plus du quart serait issu de braconnage. En plus de cette impressionnante découverte, une photo retrouvée dans le téléphone portable de l’élu aggrave l’affaire. Celle-ci dévoile deux bouquetins, une espèce protégée, tués par balle et laissant apercevoir des traces de sang, dans la cave du maire de Châteauroux-les-Alpes.
Une possible implication dans la destruction d’une espèce protégée
C’est l’un des points chauds du dossier. En France, la chasse du bouquetin est strictement interdite et les faits suggèrent que ces deux spécimens ont été braconnés à l’intérieur du parc national des Ecrins. À ce titre, le Parc National des Ecrins réclame un préjudice écologique. « On compte une petite population de bouquetins, entre 500 et 1000 individus dans notre parc, indique à 30millionsdamis.fr Samuel Sempé, directeur adjoint du parc. Deux bouquetins en moins entraine un problème de conservation de l’espèce qui, contrairement aux chamois, se reproduit très lentement. »
Quasi menacée, l’espèce a été réintroduite au sein du parc en 1979 mais « l’opération n’a pas fonctionné, contrairement à d’autres zone du territoire des Hautes-Alpes ». Durant l’audience, le fils du maire a affirmé que ces bouquetins avaient été retrouvés morts « chez un voisin éleveur, victimes d’une électrocution contre le câble électrique d’un parc de moutons », précise l’AFP. Or, il s’agirait, selon Samuel Sempé, de deux bouquetins mâles âgés d’environ quatre ans résidant « au cœur du parc ». « Sachant qu’un bouquetin de cet âge pèse entre 70 et 90kg, il est compliqué de les capturer », poursuite Samuel Sempé.
Trois ans de prison avec sursis requis contre les deux accusés
Jusqu’à trois ans de prison avec sursis ont été requis contre les deux individus. Des peines complémentaires, comme la confiscation des armes, le retrait et interdiction du permis de chasse pendant 5 ans et celle "de détenir une arme soumise à autorisation" pendant 7 ans ont été requises contre l’élu, et 10 ans contre son fils. Ce dernier comparaissait aussi pour "chasse en temps prohibé, détention non autorisée d'arme, de transport et de détention illicite et de destruction d'une espèce protégée". De son côté, Jean-Marie Barral est accusé de "complicité" et "recel". Plus accablant encore, l’élu, maire depuis 2011, faisait également partie du conseil administratif du parc national des Ecrins de 2017 à 2021.
« Je ne m’attendais pas à mieux comme réquisitions », confie Me Isabelle Vergnoux, avocate représentante de l’ASPAS et la FNE PACA. Le tribunal correctionnel du Gap a mis son jugement en délibéré au 6 juin 2024.
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