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Biodiversité

Des bières bios artisanales pour protéger le grand hamster d’Alsace

Le grand hamster, emblématique de l'Alsace, y est en difficulté. Certains agriculteurs se mobilisent pour aider à préserver l'espèce. © Adobestock.

Les amateurs de houblon peuvent désormais consommer de la bière pour favoriser la protection du hamster d’Alsace. Derrière ce breuvage, tout un ensemble d’acteurs engagés pour la préservation de l’espèce, et de toute la biodiversité associée ! 30 millionsdamis.fr a "choppé" l’occasion de partager ce projet novateur et vertueux.

Boire de la bière en protégeant la biodiversité ? La proposition peut paraître absurde, elle est pourtant une réalité en Alsace. Un collectif d’artisans brasseurs lance en effet cinq bières « Grand Hamster ». Sous la dénomination, un breuvage obtenu à partir de matières premières produites localement de façon à favoriser la préservation du grand hamster d’Alsace. Emblématique de la région, l’espèce est en grande difficulté, en dépit de mesures de protection mises en place depuis une dizaine d’années. Longtemps classé « nuisible », le hamster a fait l’objet d’une chasse excessive le menant au bord de l’extinction. Aujourd’hui, l’augmentation des effectifs est malheureusement entravée par des techniques agricoles qui lui sont devenues défavorables alors que nombre de ses habitats se situent dans les champs.

Du champ au goulot

Pour faire en sorte que leurs pratiques professionnelles permettent au grand hamster de s’épanouir de nouveau dans la plaine d’Alsace, des organisations regroupant les agriculteurs « bios » de la région se sont lancées dans un ensemble de démarches. Inscrites dans le cadre du Plan National d’Action (PNA) (*) « en faveur du hamster commun et de la biodiversité de la plaine d’Alsace » 2018-2029, elles ont débouché, après plusieurs années de discussions et de réflexions, sur la création d’un G.I.E (Groupement d’Intérêt Économique) « Grand Hamster d’Alsace ».

 

On a besoin que les consommateurs soient au rendez-vous.

Francis Humann

Cette structure regroupe plusieurs opérateurs, ce qui permet de structurer des filières complètes de production jusqu’au produit final, dont les bières « Grand Hamster » sont le dernier avatar. Francis Humann, agriculteur et président du G.I.E, résume le dispositif pour 30millionsdamis.fr : « Les agriculteurs concernés s’engagent à supprimer les cultures défavorables au grand hamster et à mettre en place des cultures qui sont favorables, en échange de quoi ils reçoivent une aide de l’Etat, au moins jusqu’en 2029. En aval, le G.I.E regroupe différents acteurs : des agriculteurs, des meuniers, des malteurs… ce qui permet d’obtenir des produits finaux à présenter aux consommateurs, dans le cadre d’une structure unique. »

Une production protectrice du hamster…

Ainsi, la bière « Grand Hamster » est produite à partir d’orge brassicole d’hiver, maltée dans une malterie locale et brassée par des brasseurs exerçant en Alsace [lien vers le collectif]. Pour le hamster, l’important est surtout dans le choix de la céréale, comme l’explique Francis Humann : « En Alsace, on cultive beaucoup de maïs. Or, c’est une céréale qui est semée au printemps, au moment où les hamsters sortent de leur hibernation [et où ils sont particulièrement vulnérables, NDLR]. Ce qui les met en grand danger, parce que les champs sont parcourus par les machines agricoles, et le sol est en outre nu, ce qui le rend très vulnérable à ses prédateurs. Alors que l’orge d’hiver est semée en automne, au moment où les animaux hibernent. Et on s’engage par ailleurs à maintenir un couvert protecteur sur certaines zones de la parcelle. » Ce qui permet en outre de diversifier les variétés présentes, et donc l’alimentation des hamsters.

Autrement dit, acheter une bière « Grand Hamster », c’est bel et bien contribuer à préserver l’espèce. Et ça marche ! Ce que confirme Francis Humann : « Les cultures favorables ont été mises en place en 2021, et on a observé 30 % de terriers supplémentaires en 2022 par rapport à 2021. »

… et de la biodiversité en général !

Et ce n’est pas tout. D’abord parce que la dénomination « Grand Hamster » concerne aussi d’autres produits (des biscuits, des farines…).

Ensuite et surtout parce que le hamster d’Alsace est une espèce « sentinelle », c’est-à-dire une espèce dont l’état hic et nunc atteste de l’état de la biodiversité en général dans la zone considérée. Enfin parce que les mesures mises en place pour l’établissement de cultures favorables ont aussi des effets vertueux sur d’autres aspects environnementaux essentiels : les sols, qui demeurent couverts, sont moins affectés par l’érosion ; l’orge réclamant que moins d’eau que le maïs, la ressource est mieux préservée ; et le fait d’ajouter d’autres variétés de plantes dans les zones de refuge prévues pour le hamster fait revenir les abeilles. C’est donc tout un écosystème que les consommateurs de bière alsaciens peuvent contribuer à préserver.

Une démarche vertueuse

Une démarche vertueuse pour tous, donc, mais encore fragile, souligne Francis Humann : « Les agriculteurs prennent un gros risque parce que l’orge brassicole doit présenter certaines propriétés pour pouvoir être brassée, et ces propriétés dépendent du climat et de la météo. L’orge brassicole est aussi une céréale qui implique des pertes sur une partie de la récolte. Alors que le marché du maïs est moins risqué. On a donc besoin que les consommateurs soient au rendez-vous » Si le projet fonctionne, la gamme de bières « Grand Hamster » deviendra permanente, et surtout les acteurs impliqués pourront, in fine, se passer du soutien de l’Etat. « Pour l’instant, on a de très bons retours. La bière est un produit convivial, c’est une très bonne occasion de se fédérer autour d’un projet commun », se réjouit Francis Humann, optimiste.

*: document stratégique comprenant les orientations et mesures visant à préserver une ou plusieurs espèces menacées. Ici, donc, le grand hamster d’Alsace.