Si le bilan des comptages hivernaux témoigne d’une hausse pour la moitié des espèces, ce constat s’explique en réalité par la raréfaction des ressources alimentaires dans les zones d’agriculture intensive. ©AdobeStock
Comme chaque année depuis 10 ans, la Ligue pour la Protection des Oiseaux et le Muséum national d’histoire naturelle invitent chacun à compter les oiseaux des jardins. 30millionsdamis.fr relaie cette initiative, utile à la préservation de la biodiversité.
Les 28 et 29 janvier 2023, tous aux aguets pour compter les oiseaux ! Le principe est simple : il suffit de recenser, pendant une heure (de préférence le matin), les différentes espèces d’oiseaux présentent sur un lieu donné (jardin ou balcon) et de transmettre ses observations sur la plateforme dédiée de l'Observatoire des oiseaux des jardins.
Le but ? Sensibiliser à la protection de l’avifaune – riche mais fragile – et permettre aux scientifiques de disposer des données nécessaires à la connaissance et à la préservation de cette biodiversité. Malheureusement, la première décennie de ce suivi citoyen s’est clôturée par un bilan qui confirme le déclin des oiseaux.
« Au cours des dix dernières années, les effectifs de 41% des espèces rencontrées dans les jardins au printemps ont ainsi diminué, confirmant le déclin lié à la déstructuration globale des écosystèmes naturels déjà observé par ailleurs », déplore la LPO. De nombreuses espèces sont victimes de la disparition des insectes volants due aux pesticides, de la récurrence des épisodes caniculaires et des rénovations de bâtiments qui réduisent les possibilités de nicher sous les toitures.
C'est un déclin alarmant, et pour certaines espèces une véritable hécatombe
A. Bougrain Dubourg, Président de la LPO
Et si le bilan des comptages hivernaux témoigne d’une augmentation pour la moitié des espèces, notamment les granivores (tels que le chardonneret élégant et le pinson des arbres) – malgré la régression des populations nationales – en réalité, ce constat s’explique surtout par la raréfaction des ressources alimentaires dans les zones d’agriculture intensive et la « migration » de ces oiseaux vers les jardins. Malheureusement, pour d'autres espèces en déclin (comme le martinet noir ou le verdier d'Europe), les coins de verdure domestiques ne permettent pas de compenser la disparition de leur principale source de nourriture que sont les insectes, décimés par les pesticides.
Les résultats des comptages printaniers, quant à eux, sont catégoriques : 41% d'espèces apparaissent en régression, 24% stables et 2% en progression. « Le constat est clair, c'est un déclin alarmant, et pour certaines espèces une véritable hécatombe que l'on observe », fustige Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO.
Une bonne nouvelle en revanche : la hausse constante de la participation citoyenne pour ce comptage national qui a été multipliée par 10 depuis 2012. Près de 25 000 personnes ont contribué au comptage hivernal de janvier 2022. En 10 ans, environ 6,5 millions d’oiseaux ont ainsi été comptabilisés pendant près de 115000 heures d’observation !
Un engouement dont se réjouit le Président de la LPO – car il démontre « l’intérêt des Français pour la nature de proximité » et « l’utilité et la fiabilité de ces opérations de comptage ». « Le succès de cet observatoire apparaît ainsi comme un signal fort qui témoigne de l’engagement croissant de la société civile auprès de la communauté scientifique, ajoute Bruno David, Président du MNHN. À travers les programmes de sciences participatives, il s’agit d’inventorier la nature pour mieux la connaître et contribuer à une préservation durable de ce patrimoine commun. »
Commenter
Vous souhaitez déposer un commentaire dans cette liste de discussion ? Pour ce faire, il faut vous créer un compte. La création de compte est GRATUITE : Créez votre compte ou bien identifiez vous.
0 commentaires