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Biodiversité

Comprendre les cris des hippopotames pour mieux les protéger

Dans la réserve de Maputo (Mozambique), les scientifiques ont diffusé à des groupes d'hippopotames en liberté, des enregistrements sonores de cris de contact émis par leurs congénères. ©Nicolas Mathevon

Les hippopotames font partie des espèces animales emblématiques de la faune africaine. Pourtant, leurs comportements demeurent méconnus. Une équipe de scientifiques s’est intéressée à la communication sonore entre ces animaux. Nicolas Mathevon, l’un des auteurs de l’étude, explique à 30millionsdamis.fr les implications potentielles de ces travaux sur la protection de l'espèce et la réduction des conflits avec les humains.

Le lion rugit, l’éléphant barrit... et l’hippopotame grogne ! Oui, mais c’est plus subtil que cela. « Les hippopotames ont ce qu’on appelle un "répertoire vocal", c’est-à-dire qu’ils sont capables d’émettre différents types de cris », confie Nicolas Mathevon, auteur du livre "Les animaux parlent - sachons les écouter" aux éditions Humensciences, joint par 30millionsdamis.fr. Ces animaux – aux mœurs nocturnes en raison de la sensibilité de leur peau aux rayons du soleil – émettent en effet une grande variété de sons : grognements, mais aussi rugissements, cris aigus, etc. « On ne sait pas bien à quoi servent ces différents cris et quelles sont les informations qui sont codées dedans », affirme néanmoins le chercheur en bioacoustique (science consacrée à la manière dont les êtres vivants s’échangent de l’information en utilisant les sons, NDLR) à l'Université de Saint-Etienne.

Un mystère qui commence toutefois à s’éclaircir grâce à une étude, publiée par N. Mathevon et son équipe dans la très sérieuse revue Current Biology (01/2022). « Le cri que nous avons étudié, c’est un cri qu’on pourrait appeler un "cri de contact", (…) qui est la vocalisation la plus commune », explique le bioacousticien. Dans la réserve de Maputo (Mozambique), les scientifiques ont diffusé à des groupes d'hippopotames en liberté, à travers des haut-parleurs, des enregistrements sonores de cris de contact émis par leurs congénères. Résultat : les pachydermes ont réagi très différemment selon qu'ils connaissaient ou non les individus dont provenaient les cris. Des informations précieuses sur le comportement de ces animaux.

Un animal très territorial !

« Dans l’eau, les hippopotames se regroupent toujours au même endroit. Ce sont des groupes familiaux, où il y a des mâles, des jeunes et des femelles. L’endroit du lac où un groupe se place tous les jours, c’est leur territoire, qu’ils défendent vis-à-vis des autres hippopotames », précise Nicolas Mathevon. Or, les chercheurs ont estimé que les cris de contact pouvaient se propager, dans l’air, jusqu’à 1 kilomètre de distance. Ainsi, les membres des groupes partageant un même lac entendent très régulièrement les cris de leurs voisins. « Mettez-vous à la place d’un hippopotame : c’est intéressant (…) de savoir si le congénère que vous entendez un peu plus loin est un individu d’un groupe stable – que vous avez déjà entendu la veille, l’avant-veille, la semaine d’avant etc., analyse le chercheur. En revanche, si vous entendez un nouvel individu que vous n’avez jamais entendu auparavant, cela peut représenter un danger. Celui-ci va peut-être chercher à bouleverser la hiérarchie, à prendre la place du mâle dominant. C’est une situation de perturbation. » D’où, selon le bioacousticien, l’agressivité observée.

Si ce phénomène comportemental était déjà décrit chez de très nombreux oiseaux, les mammifères connus pour réagir de cette manière s’avéraient jusqu’ici plus rares ; or, d’après l’étude de N. Mathevon et de ses collègues, l’hippopotame en est un « exemple typique ». Par ailleurs, outre les signaux sonores, ces animaux utilisent également d’autres modalités pour communiquer entre eux. « On a observé beaucoup d’animaux faire ce qu’on appelle du "marquage territorial", c’est-à-dire qu’ils aspergent autour d’eux leurs excréments en battant de la queue (tel un) fouet », note le chercheur. Une communication « chimique » à travers l’odeur, complétée par des signaux visuels : « dans nos expériences, quand on obtenait des réponses agressives, très souvent les hippopotames ouvraient grand leur gueule. C’est un marqueur visuel pour les autres individus », traduit le scientifique.

Mieux gérer les conflits avec les humains

 

Il y a de plus en plus de conflits entre les hippopotames et les humains.
Nicolas Mathevon

Selon les auteurs, cette étude pourrait permettre, à l’avenir, de mieux gérer les conflits entre les hippopotames et les humains. « L’hippopotame est l’animal, en Afrique, qui tue le plus de personnes par an (après les moustiques vecteurs de maladies, NDLR). C’est vraiment un animal dangereux, (qui) n’hésite pas à attaquer les petits bateaux de pêcheurs », explique Nicolas Mathevon. Or, « il y a de plus en plus de conflits entre les hippopotames et les humains », avertit le chercheur. Plutôt que d’éliminer les pachydermes dans les zones où leur présence s’avère problématique, il serait pourtant possible de privilégier les « translocations » (déplacements d’animaux à des fins de conservation, NDLR), à l’instar des transferts d’éléphants déjà organisés dans la réserve de Maputo et ailleurs en Afrique.

Dans le cas de l’hippopotame, « l’acoustique pourrait être un outil pour préparer – en quelque sorte – ces transferts », espère N. Mathevon, suggérant de diffuser les cris des individus à déplacer aux hippopotames déjà présents dans un endroit donné, afin de réduire l’agressivité envers les nouveaux venus à leur arrivée. Une approche intéressante, mais qui devrait toutefois être testée afin de vérifier son efficacité. « Je ne dis pas que cela serait suffisant, (car) il n’y a pas que l’acoustique qui entre en jeu. Lorsque d’autres individus arrivent, il y a aussi une présence visuelle, des nouvelles odeurs, etc., nuance le scientifique. Ce que l’on dit, c’est que ça pourrait peut-être permettre de faciliter l’arrivée d’un nouveau groupe. »

La connaissance, clé de la protection de l’espèce

 

Il faut absolument qu’on affine nos connaissances sur les hippopotames pour pouvoir prendre les bonnes décisions.
Nicolas Mathevon

Prochaine étape pour l’équipe de scientifiques : parvenir à identifier les individus dans un groupe donné, en caractérisant la « signature vocale » de chaque hippopotame. « On va placer des enregistreurs sur la berge à 50 mètres des hippopotames, et on va essayer de localiser ceux qui crient, prévoit N. Mathevon. (…) A ce moment-là, on aura un outil pour regarder sur le long terme l’évolution de la composition des groupes familiaux. » Autant de découvertes qui contribueront à la protection de l’espèce, et à une meilleure coexistence de ces animaux avec les humains. « Il faut absolument qu’on affine nos connaissances pour pouvoir prendre les bonnes décisions », souligne le chercheur.

Commenter

  1. pouguy 04/02/2022 à 18:51:03

    c'est vrai que cet animal est bien connu de nom mais inconnu de sa vie

  2. nous pour eux 03/02/2022 à 21:04:53

    Pour moi, tout animal de la faune Africaine font partie des espèces animales emblématiques. Ils sont tous à protéger et apprendre à tous les connaitre...

  3. AnneV 31/01/2022 à 18:46:18

    Ces animaux s'expriment avec leur language, sûrement aussi complexe que le nôtre !!! Certains "humanoïdes" ne voient que leurs cornes, d'autres, plus intelligents y voient une vraie communication !!!!!!!