Docteure en écologie, Anne-Sophie Deville sensibilise, avec humour et pédagogie, à la protection de la nature et des animaux. Son puits de savoir inépuisable élève nos consciences pour nous inciter à préserver la vie sauvage, si belle et si fragile. La Fondation 30 Millions d’Amis a recueilli les confidences de cette scientifique engagée, qui use des réseaux sociaux pour sensibiliser l’opinion.
« A l’affût de toute vie, dans les champs, dans les vignes et sur les arbres » ! Pour Anne-Sophie Deville, la connaissance et la protection de la biodiversité ont toujours été une vocation. Aujourd’hui, elle transmet à tout un chacun cette passion, grâce à l’art de la pédagogie qu’elle manie avec brio.
Entourée, dès son plus jeune âge, d’animaux domestiques (chiens, poules, canards, moutons, chèvres, chevaux…) et sauvages (lapins de Garenne, rapaces, insectes…), A.-S. Deville a toujours secouru la faune blessée ou fragile. « J’élevais dans ma chambre des moineaux tombés du nid ; je les trouvais d’ailleurs très ingrats quand je les voyais s’envoler dans les airs après quelques semaines sans jamais revenir, plaisante cette Biterroise. J’ai évolué, comme beaucoup d’enfants de mon époque, dans le monde merveilleux de Disney où toutes les princesses communiquent avec les animaux sauvages et je me persuadais de faire la même chose ! »
Comme disait le Cdt J.-Y. Cousteau : "On aime ce qui nous a émerveillé, et on protège ce que l’on aime".
A.-S. Deville
Au fil des ans, sa soif de comprendre son environnement l’a orienté vers une formation en biologie animale, au point de soutenir une thèse sur les stratégies alimentaires du Flamant rose et sa conservation en Camargue, en partenariat avec le CNRS et le centre de recherche de la Tour du Valat. Puis, sa curiosité sans faille l’a incité à rapidement étoffer son champ de recherche. A la sortie de sa thèse, Anne-Sophie a rejoint l’émission Thalassa (France 3) et Orca Production (une société de production de documentaires Suisse) en tant que scénariste et assistante de réalisation, avant de devenir collaboratrice scientifique dans un musée et responsable pédagogique dans un refuge !
Au printemps 2019, c’est une chienne – aux origines en partie loup Tchèque ou de Saarloos – qui a conquis le cœur de la scientifique : « Ça été le coup de foudre dès le premier coup de patte ! J’ai dû lui trouver un nom car elle avait été récupérée errante, ni pucée, ni tatouée. Maïka veut dire goutte de mer en basque. Une goutte qui garde tous ses secrets, sur sa naissance et sa première année de vie ». Depuis ce jour, les deux « dames » ne se quittent plus !
« Aujourd’hui, ma petite contribution pour la préservation de la nature se joue, à mon échelle, surtout dans la vulgarisation scientifique et l’appui à des actions concrètes de conservation, quand je le peux ». Et pour cause, les publications qui fleurissent son compte Instagram permettent, avec pédagogie et humour, de diffuser des connaissances sur la faune sauvage pour susciter l’émerveillement et inciter à sa protection : « Je suis persuadée que, comme disait le Commandant J.-Y. Cousteau : "On aime ce qui nous a émerveillé, et on protège ce que l’on aime" ! »
Associer une photo à une explication participe à notre envie d’agir pour la préservation de la biodiversité.
A.-S. Deville
Pour y parvenir, cette Haute-Savoyarde d’adoption lit des articles scientifiques, participe à des conférences et s’interroge constamment sur les spécificités comportementales ou biologiques des animaux. « Le challenge est ensuite de passer du résultat d’une publication indigeste au fun fact accessible et compréhensible, confie Anne-Sophie D. C’est un exercice que j’aime beaucoup car il permet de présenter autrement, sous un angle humoristique – parfois en faisant un parallèle avec nos comportements d’humains – des faits scientifiques sur les animaux ».
Ses textes, à la fois drôles, accessibles et percutants, accompagnent de beaux clichés, tous issus de photographes dont elle souligne, au passage, le talent ! « Une belle photo animalière est déjà un vecteur émotionnel puissant. Mais l’associer à une explication qui décrypte les dessous d’un comportement animal, participe, je pense, encore davantage à accroître notre attachement à la biodiversité et donc, notre envie d’agir pour sa préservation ».
De l’émission d’ultrasons par le Tenrec Rayé pour communiquer grâce au frottement rapide de ses piquants, à l’utilisation d’une brindille par les Macareux Moine pour se gratter le dos, en passant par le rougissement des perroquets sous le coup de l’émotion… La biologiste prend plaisir à partager des anecdotes décalées et surprenantes !
Anne-Sophie Deville veille également à combattre les préjugés qui fragilisent certaines espèces : « Rétablir des vérités sur des idées préconçues m’importe beaucoup, que ce soit sur la gestion de certaines populations sauvages sur la base de raisons sanitaires ou économiques infondées, ou sur la question des espèces classées "nuisibles" ». Cette amoureuse de la nature est particulièrement choquée face au traitement de ces espèces considérées comme "susceptibles d’occasionner des dégâts". « La vénerie sous terre, méthode barbare d’un autre temps, a été interdite dans de nombreux pays européen ; pas en France. Alors qu’un renard a une espérance théorique de vie d’une dizaine d’années, chez nous 90% meurt avant d’atteindre l’âge de deux ans, déplore A.-S. Deville. Tuer en masse les renards maintient leurs populations dans un état d’instabilité et de stress permanents qui empêche toute autorégulation par un mécanisme de densité-dépendance naturel ».
Malheureusement, la fragilité de la vie sauvage est d’autant plus prégnante en cette crise sanitaire. Si le trafic mondial d’ivoire, par exemple, a connu une forte baisse, grâce à la fermeture des frontières, en revanche, beaucoup d’organisations de protection de la nature vivant en grande partie de l’écotourisme, traversent une crise sans précédent. « Beaucoup de ces structures ne peuvent plus payer leurs employés, conduisant à des actions de conservation affaiblies et même parfois à une recrudescence alarmante du braconnage de viande de brousse face au chômage croissant et à la crise financière, fustige Anne-Sophie. Si certaines questions ont des réponses simples, d’autres demandent plus d’expertises et de connaissances. Je crois beaucoup aux connaissances qu’apporte la science. Elle ne résoudra pas tout, mais, bien menée, elle est un outil puissant pour notre avenir ».
nous pour eux 30/12/2020 à 19:35:52
Il faut vraiment réagir car tout est en train de disparaitre ! Nous nos petits enfants sont émerveillés devant la nature c'est une éducation ! Merci Mme Anne-Sophie Deville. Il faut de plus en plus de personnes ainsi pour continuer le flambeau l'émerveillemen afin de continuer à protéger le vivant ... Je pense que ça devrait faire aussi parti des cours à l'école...
Yo1964 30/12/2020 à 11:49:32
SPLENDIDE !
Je souhaite que notre monde soit de plus en plus protégé par de telles personnes et de telles initiatives. Malheureusement, je partage l'avis de INVARIANT qui dit que les dépenses dans les jeux vidéos abrutissent nos enfants et les détournent de l'essentiel : la nature, les livres, et les animaux...
invariant 30/12/2020 à 09:48:23
TRES BEAU TRAVAIL!FÉLICITATIONS MADAME.
HELAS QUE DE DÉPENSES DANS LES JEUX VIDEO OÙ LES ENFANTS FIN ISSENT PAR NE PLUS FAIRE LA PART DES CHOSES
ENTRE LE VIRTUEL ET LE RÉEL. LA LECTURE DE VOS LIVRES EST LE MEILLEUR OUTIL POUR LE RESPECT DU VIVANT.