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Culture

Frank Deschandol, la consécration d’un passionné « des petites bêtes »

La guêpe-coucou (à droite) pond ses œufs dans les terriers d'autres guêpes et côtoie une guêpe ammophile des sables (à gauche)./©Frank Deschandol

Le photographe havrais a remporté le prix du meilleur photographe de faune sauvage de l’année 2020, dans la catégorie « comportement des invertébrés ». Son cliché d’une guêpe-coucou accompagnée d’une autre guêpe dans une rive sableuse de Normandie a subjugué le jury par sa beauté. 30millionsdamis.fr l’a rencontré.

« J’ai souhaité mettre en avant ces petites bestioles de notre quotidien que l’on voit peu et que l’on connaît mal ». A l’heure où la photographie animalière regorge de clichés de mammifères, Frank Deschandol a toujours eu les yeux rivés vers d’autres espèces… plus petites ! 

Du talent et… un peu de chance !

Passionné par les insectes depuis toujours, le Havrais consacre des heures à ces « petites bêtes ». Cette passion vient d’être par ailleurs récompensée par le très prestigieux « Wildlife Photographer of the Year » dans la catégorie « Comportement : invertébrés » (13/10/2020). Sa guêpe-coucou venant parasiter le nid d’une autre espèce de guêpe impressionne par sa composition. « Cela a été une surprise pour moi d’être primé, confie le photographe à 30millionsdamis.fr. Il y a tellement d’images magnifiques. C’est un véritable honneur. »

Il faut dire qu’une scène magistrale s’est présentée devant son objectif. « Cette photographie, je l’ai prise l’été 2019 dans l’estuaire de la Seine près du Havre, précise Frank Deschandol. Je voulais absolument avoir la guêpe-coucou en vol. C’est une guêpe très colorée, très petite car elle mesure 5 à 6 millimètres de long. Ce n’est pas évident du fait de sa taille et de sa vitesse. Elle est quasiment invisible à l’œil nu. C’est pourquoi j’ai construit un dispositif avec un obturateur rapide et un vieux disque dur pour la capter. La chance a fait le reste… »

« Réhabiliter ces animaux mal aimés et mal connus »

Et quelle chance ! Alors que la guêpe-coucou est sur le point de pondre ses œufs dans le terrier d’autres guêpes, elle est rejointe par une guêpe ammophile des sables s’invitant ainsi dans un cliché coloré et puissant. « Avoir deux espèces sur la même photo, c’est assez rare et difficile à obtenir, sourit le lauréat. Mais il faut tout de même un matériel adapté et s’y connaître en biologie pour y parvenir. Un insecte, c’est plus petit : donc plus difficile à prendre même s’ils sont moins farouches que les oiseaux. » 

Le "Lanterfly" du genre Pyrops est une espèce proche de la famille des cigales. ©Frank Deschandol

Avant d’obtenir ce cliché ‘’parfait’’, Frank Deschandol s’est forgé une réelle expertise des insectes qu’il photographie depuis 1993. « J’ai toujours été passionné par les petites bestioles, décrit-il. J’ai démarré avec des clichés d’oiseaux puis j’ai dévié vers les reptiles, amphibiens avant d’arriver aux insectes. Je veux réhabiliter ces animaux mal aimés comme la guêpe. Et cela tombe bien puisqu’ils sont aussi en déclin. Sauf qu’on en parle moins… » 

La photo pour sensibiliser sur le déclin des insectes

Les études successives sur les populations d’insectes sont effectivement unanimes : les espèces d’insectes sont en chute libre. Une étude citée dans la revue Biological Conservation (10/02/2019) parle même d’un « effondrement catastrophique de tous les écosystèmes naturels ». Ainsi, 40 % des espèces d’insectes seraient en déclin et, depuis 30 ans, leur biomasse diminue de 2,5 % par an. « Il y a une dégringolade que l’on constate sur le terrain, se désole Frank Deschandol. La raréfaction est une réalité. Si l’on prend l’exemple de la guêpe-coucou, elle est extrêmement dépendante d’autres espèces qu’elle vient parasiter. Elle ne peut pas exister sans eux. Cela peut créer l’effet désastreux d’un château de cartes. »

Le Limacodidae, une chenille d'un papillon de nuit. ©Frank Deschandol

Par son art, Frank Deschandol met l’accent sur la beauté qui se trouve à nos côtés mais qu’on a tendance à ignorer. « Je crois que la photographie est un vecteur important pour la protection des animaux, estime le Normand. Des personnes qui ne connaissent pas certaines espèces comme la guêpe-coucou se poseront davantage de questions après avoir vu le cliché. Cela permet d’attiser la curiosité. C’est le vrai pouvoir d’une photo. » 

Comme lui, de nombreux photographes mettent leur art au service de la cause animale comme Gianni Giardinelli et les animaux de compagnie ou encore les organisateurs de la Comedy Wildlife Photography Awards