Oiseaux, amphibiens et poissons peuvent être perturbés par la lumière artificielle qui illumine les zones urbaines et rurales. Pourtant, ces nuisances – parfois fatales – peuvent être évitées. 30millionsdamis.fr revient sur les dangers qui pèsent sur ces animaux et sur les solutions pour y pallier.
Bâtiments publics, monuments, parcs, routes, giratoires, façades et jardins, ponts et viaducs, ou encore commerces et bureaux… Les sources lumineuses artificielles se multiplient en France et auraient augmenté de 89% ces 25 dernières années, selon l’Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturnes (ANPCEN). À l’échelle mondiale, 83% de la population ne connaitrait plus de nuit noire (Atlas mondial de l’éclairage nocturne, 2016). Et cette pollution lumineuse n’est pas sans conséquence pour certains animaux.
Les oiseaux, les rapaces nocturnes et les chauves-souris sont les premiers impactés. Parce que leur cycle de vie s’appuie sur l’alternance des jours et des nuits, les éclairages ont, par définition, une incidence sur leur rythme biologique et sur leurs comportements. « Leurs cycles de reproduction et de recherche de nourriture sont perturbés, provoquant un risque pour leur progéniture et leur survie », révèle l’Association Agir pour l’Environnement, dans son livret pédagogique sur la pollution lumineuse. De nombreux cas de mortalité d’oiseaux sont également à déplorer au pied d’infrastructures puissamment lumineuses, dangereusement attirantes voire aveuglantes.
Les cycles de reproduction et de recherche de nourriture sont perturbés.
Association Agir pour l'Environnement
Par ailleurs, l’éclairage urbain perturbe les insectes qui utilisent habituellement la lumière de la lune et des étoiles pour se déplacer : « Ces derniers se trouvent désorientés, cherchent en rond leur chemin et finissent par mourir d’épuisement », déplore Anne-Laure Dugué, responsable du programme « faune en détresse » pour la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). « Les illuminations artificielles représentent la deuxième cause de mortalité des insectes, après les insecticides, ajoute Valérian Tabard, coordinateur pédagogique pour la LPO Occitanie. En saison estivale, 150 insectes meurent chaque nuit par point lumineux ». Si certaines chauves-souris tirent profit des réverbères qui piègent les insectes dont elles se nourrissent, en revanche, les chauves-souris lucifuges qui recherchent l’obscurité - pour l’hivernation et la reproduction - en sont pénalisées. De sorte que la pollution lumineuse contribue à dérégler la chaîne alimentaire.
La lumière nocturne constitue tout autant une menace pour les amphibiens. Les éclairages artificiels peuvent effectivement perturber le compromis entre, d’un côté, leur recherche de nourritures et de partenaires et, de l’autre, leurs efforts pour se cacher des prédateurs. Les poissons, quant à eux, peuvent être dérangés par l’effet de barrière que représente cette luminosité. C’est notamment le cas des anguilles qui ne se déplacent que la nuit pour repeupler les milieux.
Au niveau national, deux arrêtés du 27 décembre 2018 tendent à prévenir, réduire et limiter les nuisances lumineuses. Parmi les principales mesures, figurent par exemple l’interruption des lumières éclairant le patrimoine, les parcs et jardins publics au plus tard à 1h du matin (ou 1h après la fermeture du site), l’extinction des feux pour les parkings desservant un lieu ou une zone d’activité 2h après la fin de cette dernière, mais aussi, l’interdiction de tout éclairage vers le ciel, ou encore l’ajustement des températures de couleur selon le lieu concerné (agglomération, campagne ou espace naturel protégé).
Par rapport à d’autres nuisances, la lumière est facile à dépolluer.
Romain Sordello - Office Français de la Biodiversité
Selon les représentants de l’ANPCEN et de la LPO, ces dispositions apparaissent toutefois décevantes car trop modestes sur l’éclairage public et dénuées de tout moyen de contrôle et de sanction. Il revient alors aux municipalités d’aller plus loin, par exemple, en interdisant toute projection lumineuse au milieu de la nuit (comme le font déjà un tiers des communes françaises) ou en présence d’oiseaux qui nichent sur les grèves le long des cours d’eau. Elles peuvent également recourir à l’éclairage intelligent qui ne s’allume qu’en présence de personnes. « On peut aussi agir sur le spectre lumineux, la forme du lampadaire, la hauteur du mât, qui constituent des déterminants assez forts de la pollution lumineuse », explique Romain Sordello, ingénieur en biodiversité, au Journal de l’Environnement. Ainsi, grâce à leur engagement pour la réduction de la pollution lumineuse et la préservation de la biodiversité, 570 communes ont rejoint le label « Villes et Villages étoilés », initié par l’ANPCEN, en concertation avec la LPO.
« Par rapport à d’autres nuisances, la lumière est facile à dépolluer : il suffit juste d’éteindre, c’est beaucoup plus simple qu’un sol qu’il s’agit de dépolluer, confie R. Sordello. « Les villes et leurs lumières sont apparues assez récemment à l’échelle de l’évolution des espèces, il y a à peine 200 ans. Les oiseaux n’ont pas eu le temps d’évoluer et de s’adapter pour identifier le danger, conclut Louis Sallé, spécialiste des migrations à la LPO auprès de Libération. Mais nous pouvons nous adapter facilement pour ne pas trop perturber leur environnement ».
AnneV 13/03/2020 à 17:56:03
L'humain est la cause de la destruction de la faune et de ......la sienne !!! Nous allons dans le mur et les lobbies et un certain égoïsme sans compter l'immobilisme pathologique (et financier) de nos chers gouvernants font que ce sera sans doute plus vite que prévu !! Vous avez ressenti "l'hiver" vous ?!!!!!!!!