L’humanité vit actuellement sa sixième extinction de masse. Si les populations d’animaux vertébrés (poissons, oiseaux, mammifères) ont chuté de 60% en 40 ans, les invertébrés n’en sont pas moins impactés. Parmi eux, les lucioles ont vu leurs effectifs s’effondrer par la faute de l’Homme. 30millionsdamis.fr s’inquiète du déclin de cette espèce si importante. À chacun de prendre ses responsabilités pour enrayer ce fléau.
Les lucioles sont en danger ! En cause ? Le développement des activités humaines… C’est ce que vient de révéler une étude menée par des chercheurs américains en concertation avec l’Union internationale de la Conservation de la nature (BioScience, février 2020). Un constat d’autant plus alarmant qu’il concerne une espèce à l’image féerique et dont le rôle environnemental est majeur.
Parmi tous les risques auxquels les lucioles sont exposées, la perte de l’habitat se révèle être la principale menace. « De nombreuses espèces sauvages déclinent parce que leur habitat se réduit », déplore Sara Lewis, professeur de biologie à l’Université Tufts et directrice de l’étude. C’est notamment le cas des femelles de la branche Lampyris noctiluca en Angleterre : n’ayant pas d’ailes, ces lucioles ne peuvent fuir l’urbanisation ou l’agriculture intensive pour atteindre d’autres prairies qui constituent leur écosystème. En Malaisie, les lucioles appartenant à la famille Pteroptyx tener subissent les effets dévastateurs de la conversion de leur habitat - les mangroves - en plantations d’huile de palme et en zones de pêche intensive.
La pollution lumineuse, quant à elle, constitue la deuxième cause du déclin des lucioles. La lumière artificielle, devenue essentielle pour 80% de la population mondiale, joue d’ailleurs un rôle crucial dans le déclin des insectes (Biological Conservation, janvier 2020). Piégés près des éclairages, ils meurent d’épuisement ou de faim. Chez les lucioles, « la pollution lumineuse affecte réellement les rituels d’accouplement », explique Avalon Owens, biologiste et co-auteure de l’étude. En effet, la bioluminescence qu’elles émettent vise à attirer leur partenaire. Or, la pollution lumineuse issue de l’urbanisation vient perturber voire annihiler ces repères, aux dépens de leur reproduction.
Lorsqu’il n’est pas réalisé de manière durable, le « tourisme des lucioles » - particulièrement intense en Asie - peut également menacer leur population. Ainsi, en Thaïlande, ce tourisme a généré un trafic de bateaux à moteur à grande vitesse ayant entraîné l’érosion des berges et, par la même occasion, la destruction de leur habitat. En outre, l’utilisation de lampes de poche et de flashs d’appareils photographiques interfère avec les rituels de séduction. Le déclin de la population de lucioles peut aussi s’expliquer par le commerce dont elles font l’objet. Au Japon à la fin du 19ème siècle, puis aux Etats-Unis dans la deuxième moitié du 20ème siècle, mais aussi en Chine cette dernière décennie, plusieurs millions de lucioles ont été capturées pour être revendues. Parce que les lucioles vivent généralement en milieu humide, le changement climatique - et notamment la sécheresse qu’il induit - peut tout autant entraîner la disparition de populations dans certaines régions. Enfin, l’usage des pesticides, la pollution des eaux et la prolifération d’espèces invasives viennent compléter la liste des causes du déclin.
Ce constat est d’autant plus alarmant que les lucioles jouent un rôle précieux dans leur écosystème. Ainsi, elles sont la proie de nombreuses espèces, notamment d’oiseaux, dont l’alimentation, et donc la survie, en dépendent. Par ailleurs, en tant que petits prédateurs, ces coléoptères limitent la propagation des populations d’insectes considérés comme indésirables, à l’instar des chenilles et des limaces. Les lucioles sont, en outre, d’excellentes pollinisatrices et participent à cet égard à la production d’aliments et de médicaments. Dans certaines régions du monde, elles vont même jusqu’à contribuer à l’attractivité des territoires dans le cadre d’un écotourisme. Par exemple, en Asie, sur l’île de Taïwan, les touristes peuvent, en petits groupes, emprunter des passerelles surélevées pour observer les lucioles sans dégrader leur habitat.
Dès lors, enrayer le déclin de ces insectes supposerait, selon les spécialistes, de favoriser des aires protégées autour de leur habitat, de contrôler la pollution lumineuse, de réduire l’utilisation des pesticides, ou encore, de développer des pratiques touristiques respectueuses de l’environnement. En France, l’Observatoire des Verts Luisants et des Lucioles, fondé en 2015 par le Groupe Associatif Estuaire et le CNRS, contribue à la réhabilitation de ces espèces en invitant le public - y compris non spécialiste - à relever la présence d’insectes.
AnneV 13/02/2020 à 18:32:55
"La planète brûle, et nous regardons ailleurs" cette phrase de J. Chirac n'a jamais été autant d'actualité !!!! Pendant combien de temps allons nous regarder "ailleurs" ?!!!!!