Maltraitance
À l’attention de la ministre de l’Environnement et Développement durable de la République Démocratique du Congo
Votre Excellence,
Depuis de nombreuses années, les animaux sauvages présents sur le territoire congolais, en particulier les primates, sont victimes de braconnage et alimentent le trafic malgré les règles strictes de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES).
Afin de combattre ce fléau, l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), établissement public placé sous votre tutelle, a communiqué début 2025 sur la mise en œuvre d’un programme de réhabilitation des jardins zoologiques et botaniques de la République Démocratique du Congo, rappelant les défis auxquelles sont confrontées les espèces d’animaux sauvages présentes sur le territoire congolais et les menaces pour leur survie.
Or il apparait que certaines actions visant à répondre aux objectifs de ce programme entrent en contradiction avec la mission de protection de la faune sauvage dévolue à l’ICCN et que des exportations d’espèces menacées continuent d’être approuvées par l’Etat congolais, en violation de ses engagements internationaux. En effet, récemment 12 chimpanzés, espèce dont l’exportation est formellement limitée et encadrée au titre de la CITES, ont quitté le territoire de la RDC pour être accueillis par un parc zoologique en Inde, dans la plus grande opacité quant à l’origine de ces animaux et aux conditions de cette transaction.
Par ailleurs, le programme mené par l’ICCN prévoit notamment le transfert inconsidéré de primates accueillis par des sanctuaires et centres de réhabilitation vers les zoos du pays, notamment à des fins d’expérimentation de techniques de reproduction. Déraciner des primates de ces structures d’accueil irait à l’encontre de toute logique de protection et pourrait mettre à mal des années de travail et d’efforts de réhabilitation.
Les chimpanzés sont des êtres complexes qui partagent 98.6% de leur patrimoine génétique avec les humains. La réhabilitation de ces animaux issus de sauvetages est un véritable métier, exigeant des infrastructures adaptées et des compétences spécifiques, afin de soigner les traumatismes engendrés par le trafic dont ils ont été victimes.
Face au déclin préoccupant de la biodiversité, l’Etat congolais se doit de protéger ses espèces sauvages indigènes en menant une lutte intense contre le braconnage, la corruption et le trafic.
En signant cette pétition je vous demande, avec la Fondation 30 Millions d'Amis, d’intervenir auprès de l’ICCN pour mettre un terme à ce programme insensé et de lever la menace qui pèse sur les sanctuaires en les soutenant dans leur mission – difficile mais nécessaire – aux côtés de l’État, et de garantir un strict respect des conventions internationales, en particulier de la CITES.