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Interview

« Pourquoi j’ai arrêté la chasse ! »

Lassé des dérives de la chasse en France, Grégoire Trunet explique les raisons qui l'ont poussé à abandonner son fusil au profit de son appareil photo./©Grégoire Trunet

Grégoire Trunet a rangé son fusil de chasse pour se consacrer à la photographie. Devenu particulièrement critique sur les chasseurs, le Bayonnais se livre sans concession pour 30millionsdamis.fr. Mythe de la régulation, élevages, accidents de chasse… tout y passe !

Avant d’arrêter, vous aimiez la chasse…

Grégoire Trunet : Je viens d’une famille de chasseurs et j’ai commencé à pratiquer la chasse avec mon grand-père. L’idée de me balader avec lui, c’est ce qui me plaisait le plus. Mon grand-père n’était pas là pour faire de carton. Il n’avait que 4 ou 5 balles quand on sortait. Dès qu’il voyait un animal magnifique, il ne voulait pas tirer. Il avait une certaine éthique. A la vingtaine, j’ai passé mon permis pour chasser moi-même, mais déjà ce n’était plus pareil…

C’est-à-dire ? 

Quand je me suis retrouvé seul à chasser, ça a perdu de son charme. Je me disais souvent : « Est-ce que ça vaut vraiment la peine de tirer sur ce chevreuil ? » Je n’ai jamais aimé tuer. Quand on est gamins, on ne réfléchit pas trop. Mais là, je ne pouvais plus me cacher. Je ne pouvais plus croire aux contes de fées que nous raconte la Fédération de la chasse notamment sur la régulation des nuisibles.

 

Quand on fait de l’élevage pour tirer à tout va, c’est du ball-trap !

Qu’est-ce qui vous a convaincu d’arrêter ?

Il n’y a pas eu de déclic particulier. Disons que l’idée a fait son chemin au fur et à mesure. En parallèle, je faisais déjà de la photographie. Cette activité me procurait bien plus de plaisir. Je ne détruisais pas la nature. Le dernier animal que j’ai tué était une bécasse. Je me sentais mal car les populations d’oiseaux ne cessent de chuter et je faisais partie du problème. Chasser, c’est violent. C’est brutal.

Qu’est-ce qui vous révolte aujourd’hui dans la chasse ?

Ce qui est catastrophique, c’est le mythe de la régulation. Hormis le sanglier, la faune sauvage se régule très bien toute seule. Les renards font le boulot. Et pourtant, ils sont persécutés partout en France. Or, là où ils ne sont pas chassés, cela se passe très bien. Quant aux populations de sangliers, elles ont été créées de toutes pièces par les chasseurs eux-mêmes. Ils se positionnent en sauveurs d’une situation qu’ils ont initiée. Quand on fait de l’élevage pour tirer à tout va, c’est du ball-trap ! On marche sur la tête…

 

La chasse est surprotégée par le gouvernement.

Êtes-vous surpris par la multiplication des accidents de chasse ?

Ce qui me surprend, c’est qu’il n’y en ait pas plus ! Il y a vraiment un bon Dieu dans nos campagnes… Sur la route, quand vous roulez trop vite, vous êtes puni. Dans la forêt, il n’y a pas de police. Je me souviens d’un chasseur à côté de moi qui avait tiré sur un oiseau. Je lui demande quel animal il avait tué. Il me répond : « Je ne sais pas, j’attends que mon chien me le rapporte ! » Tout le monde sait pourtant qu’il faut identifier l’animal avant de le tirer. La population de chasseurs vieillit et se radicalise.

Les politiques sont-ils trop permissifs envers les chasseurs ? 

La chasse est surprotégée par le gouvernement. Je ne suis en rien un activiste. Mais on leur laisse faire ce qu’ils veulent pour des raisons électorales. Quand on sait que la chasse à courre ou la chasse à la glu persistent en France, c’est terrible. On n’est plus au Moyen-Âge. Pourquoi martyriser un animal comme cela ? La France a 200 ans de retard ! 

© Grégoire Trunet

 

Grâce à la photographie, je m’approprie la nature sans lui nuire.

Vous sentez-vous isolé dans votre démarche ?

Non. Un de mes meilleurs amis n’a pas renouvelé son permis de chasse pour les mêmes raisons. Et j’en connais d’autres qui ont suivi le même chemin. Je crois que la chasse va mourir de sa belle mort. Il y a une prise de conscience de plus en plus importante, notamment chez les jeunes. Et les chasseurs sont de moins en moins défendables. Par ailleurs, beaucoup sont très mauvais naturalistes. Quand j’ai vu leur campagne sur « les premiers écologistes de France », je suis tombé des nues. J’en ai croisé qui ne savaient même pas faire la distinction entre une mésange et un phragmite. Ce ne sont pas des amoureux de la nature. 

Que vous apporte la photographie ? 

Je profite bien plus de la faune sauvage avec mon appareil photo. Tout semble rentrer dans l’ordre autour de moi. Je m’approprie la vie sauvage sans lui nuire. Ce sont de vrais moments de bonheur sans rien prélever, sur la pointe des pieds. Je ne regrette en rien mon choix.