Fondation 30 Millions d'Amis

Fondation 30 Millions d'Amis
Faites un donFaire un don

La Ferme des Aubris

La Ferme des Aubris, un havre de paix pour les équidés maltraités ou abandonnés

Le refuge de la Tuilerie

Refuge "la Tuilerie" un havre de paix pour les animaux sortis de l'enfer

 €

Votre don ne vous coûte que
XXX après réduction fiscale

Faune

Renard, putois, geai… des « nuisibles » selon le gouvernement

Malgré leur rôle essentiel dans la régulation, le putois, le geai des chênes et le renard restent des cibles privilégiées des chasseurs.../©Pixabay

Le ministère de la Transition écologique a dévoilé le projet d’arrêté qui classe les espèces dites « nuisibles » dans les départements français pour la période du 1er juillet 2019 au 30 juin 2022. Certaines espèces dont les populations ne cessent de diminuer en font partie, d’autres ont un vrai rôle écologique. 30millionsdamis.fr fait le point sur ces incohérences.

Et les nouvelles victimes des chasseurs et des piégeurs sont… ? François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire a rendu public le projet d’arrêté classant par département les espèces « susceptibles de causer des dégâts pour la période du 1er juillet 2019 au 30 juin 2022 ».  Ce classement régi par l’article R. 427-6 du code de l’environnement se justifierait en fonction des risques que certains animaux feraient peser sur « la santé et la sécurité publique », sur « la protection des écosystèmes » et sur « les activités agricoles, forestières et aquacoles ». 

Nouveauté cette année, le terme de « nuisible » a disparu ! Le résultat reste toutefois le même que par le passé : le nombre d’animaux tués car « susceptibles de causer des dégâts » s’élèveraient à plus de deux millions, selon l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS).

Le renard (encore) dans le viseur… pour concurrence déloyale aux chasseurs ?

Parmi les principales victimes, le renard continue d’être injustement ciblé. Déjà sujet à la pratique honteuse du déterrage à l’instar des blaireaux, cette technique consistant à acculer l’animal au fond du terrier à l’aide d’un chien avant de le saisir avec une pince puis de l’achever au fusil ou à l’arme blanche, les canidés sont considérés « nuisibles » dans 91 départements, comme en 2015. Pourtant, le renard joue un rôle bénéfique contre la propagation de maladies et la régulation. « Le classement du renard est une véritable aberration, soulève Madline Reynaud, directrice de l’ASPAS. Il faut qu’il sorte de cette liste ! Nous disposons de toutes les études scientifiques qui prouvent le rôle essentiel du renard, notamment pour le monde agricole. Si on persiste à le mettre dans ce classement, c’est parce qu’il est un concurrent des chasseurs de faisans et de perdrix. »

La Fondation 30 Millions d’Amis a récemment secouru deux renards qui avaient été capturés par des chasseurs pour entraîner leurs chiens, dans le Cher (07/06/2019). 

Des oiseaux… dont le geai, également ciblés

 

Le classement du renard est une véritable aberration!

Madline Reynaud, ASPAS

Certains oiseaux se retrouvent également fichés, comme la corneille noire, la pie bavarde, le corbeau freux et l’étourneau sansonnet. Figure également dans la liste le geai des chênes ! « C’est invraisemblable, s’insurge Yves Verilhac, directeur de la LPO. Le geai ne provoque aucun dégât avéré ! Pire, il n’y a pas de présence significative de l’espèce démontrée dans l’Ariège (09) et le Lot-et-Garonne (47) alors que ces deux départements demandent le classement sur tout le territoire départemental… » En revanche, le geai est très utile puisqu’il est « le premier forestier de France par le nombre d’arbres plantés », explique Y. Verilhac. Cet oiseau a pour habitude de cacher des graines pour se nourrir… et d’en oublier un certain nombre ! 

Plus largement, c’est la cohérence de la liste qui interroge les associations de protection animale, dont la Fondation 30 Millions d’Amis. « Le tir des espèces, qu’on appelle bêtement régulation, ne sert à rien, fustige Yves Verilhac. C’est méconnaître l’écologie, les dynamiques de populations… Il faut sortir de la logique de destruction massive à une logique de cohabitation. Concentrer les moyens de protection en amont des activités, notamment agricoles. Et pour cela, il faudrait évacuer les enjeux des particuliers. »

Le putois classé « espèce en danger »… mais sur la liste !

 

Le tir des espèces, qu’on appelle bêtement régulation, ne sert à rien.

Yves Verilhac, LPO

De son côté, la fouine est dans la ligne de mire de 68 départements et la martre dans 29 départements. Au-delà de toute cohérence, la présence du putois en Loire-Atlantique et dans le Pas-de-Calais fait tâche. Dans le premier, le montant des dégâts est dérisoire avec 991 euros de dégâts occasionnés chez des particuliers en 2017-2018 ! Or, le putois voit sa population fortement décliner ces dernières années à cause de la réduction de son habitat naturel. L’animal est même classé sur la liste rouge des mammifères menacés en France par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et fait l’objet d’une étude pour le placer dans les espèces protégées. L’ASPAS rappelle que plus de 6000 putois sont tués chaque année… 

Même punition pour la belette dans le Pas-de-Calais. Si le nombre de ses individus n’est guère connu, l’utilité de l’animal est imparable puisqu’il il se nourrit de rongeurs, rouage essentiel pour la régulation. En outre, les dégâts occasionnés par la belette sur les élevages se révèlent extrêmement marginaux. Sa présence relève donc du non-sens. « La présence des mustélidés dans ce classement n’a pas lieu d’être, critique Madline Reynaud. Là encore, ce n’est une question d’intérêt puisque le Pas-de-Calais est le département de Willy Schraen (le président de la Fédération nationale des chasseurs, NDLR). C’est scandaleux ! » 

Il est encore possible de contester ce classement ; la consultation publique sur ce sujet est ouverte jusqu’au 27 juin 2019