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Visiblement affaibli, l’animal « égaré » – baptisé « Gus » – a été pris en charge par le Service des parcs et de la faune du DBCA (Department of Biodiversity, Conservation and Attractions) qui estime son âge entre 1 et 2 ans. « Notre principale préoccupation, pour commencer, c'est que l'oiseau était très sous-alimenté, confie Carol Biddulph, sa soigneuse, dans une vidéo transmise à 30millionsdamis.fr. Il était très maigre et donc nous avons dû passer par un processus progressif pour le réalimenter ; ni trop vite, ni trop lentement, juste comme il faut. Avec d’abord des liquides, ensuite de la bouillie, puis du poisson entier. »   

L’urgence de le remettre à l’eau

Gus a pu reprendre quelques kilos, passant de 21,3 kg à son arrivée, à 24,7 kg une vingtaine de jours plus tard. « Il adore se regarder dans le miroir », dit, amusée, sa soigneuse. Carol Biddulph a déjà vu des animaux arriver « de Nouvelle-Zélande, des îles de l'océan Indien ou encore des îles subantarctiques. Des choses bizarres arrivent dans la vie et il n'y a pas toujours de réponse », philosophe-t-elle. Au cours des 20 jours de soins, elle a pu voir le manchot reprendre peu à peu un comportement normal, boire de l’eau salée. « Gus » semble enfin prêt à reprendre la route, ou plutôt l’océan !

« En tant que rééducateur, mon travail consiste à remettre les oiseaux en état de partir car il n’y a pas de seconde chance. Tu dois t'assurer qu'il va bien, qu’il soit à la hauteur, que son plumage soit impeccable, que sa glande salée fonctionne bien. C'est tout ce que je peux faire, le reste dépend de lui », confie Carol Biddulph à l’aube du relâcher du manchot. « Avec un temps plus chaud à l'horizon, il était urgent de le remettre dans l'océan où il pourrait se thermoréguler. »

Retrouvera-t-il l’Antarctique ? L’optimisme des spécialistes

Dans la matinée du 20 novembre 2024, après avoir passé plusieurs contrôles vétérinaires, « le manchot empereur a été relâché d'un navire du Parks and Wildlife Service au large de la côte sud de l'Australie occidentale », indique le DBCA. À bord du bateau, un vétérinaire et un agent de la faune sont présents, accompagnés par Carol Biddulph. Sans hésitation, l’oiseau marin s’élance en plein océan Austral : « Il a un long voyage à faire pour rentrer chez lui. J'ai toute confiance qu'il va y arriver », lance la soigneuse, émue.

La question que tout le monde se pose : Gus parviendra-t-il vraiment à parcourir de nouveau 3000 km jusqu’en Antarctique ? « Il est arrivé indemne en Australie, même s'il était un peu maigre, donc il a toutes les chances de retourner chez lui », pense Carol Biddulph. Un optimisme partagé par Yvon Le Maho : « Les manchots empereurs en sont capables. Tout va dépendre des capacités de Gus à s’alimenter correctement. » « Ces manchots ont de grandes capacités d’orientation, ils font des grandes distances, ajoute Emeline Pettex. Ils arrivent à revenir à leurs colonies de naissance donc je pense que s’il ne fait pas de mauvaises rencontres, il a des chances de rentrer chez lui. »

La menace du réchauffement climatique

Le DBCA précise que « les membres du public sont invités à signaler toute nouvelle observation du manchot empereur le long de la côte », au cas où Gus se perdrait à nouveau. Une ligne d’assistance téléphonique a été mise en place. En Antarctique, on estime la population de manchots empereurs entre 500 000 et 600 000 individus. L’espèce a été placée sur la Liste rouge de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) des espèces menacées en 2019.

« Les tendances populationnelles sont plutôt négatives, déplore Emeline Pettex. Et avec les projections qu’on fait de réchauffement climatique, on estime qu’il pourrait y avoir une baisse très forte des populations jusqu’à -70 % d’ici 2100. » L’oiseau marin ayant un mode de vie complètement associé à la glace, la réduction de ces espaces met donc en péril ses habitudes de reproduction. Son accès à la nourriture est aussi menacé, notamment à cause « des pressions de pêche qui sont de plus en plus élevées sur le krill (petit crustacé des eaux froides, ndlr). Il faut limiter le réchauffement climatique et ses effets le plus vite possible et le plus drastiquement possible. S’il n’y a pas de banquise, il n’y a pas d’empereur. »

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