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Biodiversité

Le lynx ibérique n’est plus « en danger » mais reste « vulnérable »

Selon l’UICN, plus de 400 lynx ibériques ont été réintroduits dans certaines parties de la péninsule ibérique depuis 2010./©iStock-Jose Angel Cortes Garcia

Selon la Liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), le statut du lynx ibérique s’améliore grâce à des actions concrètes menées pour contrer les menaces et restaurer sa population et son habitat. Florian Kirchner, responsable du programme espèces au comité français de l’UICN, livre plus de détails à 30millionsdamis.fr.

Des raisons d’espérer ! Le lynx ibérique est passé de « En danger » à « Vulnérable » sur la Liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) des espèces menacées. « Le risque de disparition recule, mais il est toujours menacé », tempère cependant Florian Kirchner, responsable du programme espèces au comité français de l’UICN, joint par 30millionsdamis.fr.

62 individus matures en 2001 contre 648 en 2022

 

« C’est extraordinaire comme progression, mais ça ne s’est pas fait tout seul. »

Florian Kirchner, UICN

Quelques chiffres permettent de se rendre compte de cette avancée dans la conservation de l’espèce. En 2001, on dénombrait 62 individus matures, contre 648 en 2022, toujours selon l’UICN. La population totale (lynx jeunes et matures confondus) se situe aux environs de 2000 individus aujourd’hui. L’animal a également gagné du territoire au sens propre puisqu’il occupe désormais au moins 3 320 km2, contre 449 km2 en 2005, principalement au sud de l’Espagne et du Portugal.

« C’est extraordinaire comme progression, mais ce qui est important à souligner, c’est que ça ne s’est pas fait tout seul, ça s’est fait grâce aux efforts déterminés qui ont été menés sur le long terme, année après année », ajoute Florian Kirchner. Alors comment ce statut a pu évoluer favorablement ? D’abord grâce à un programme de conservation, avec à la fois des actions sur la restauration de ses habitats (maquis et forêts méditerranéennes) et un élevage en captivité. « On a mis des lynx à l’abris dans des parcs zoologiques, on leur a permis de se multiplier, et ensuite on les a réintroduits dans la nature. » D’ailleurs, toujours selon les chiffres mis en avant par l’UICN, plus de 400 lynx ibériques ont été réintroduits dans certaines parties de la péninsule ibérique depuis 2010.

Des actions menées pour contrer les menaces

Puis il y a aussi eu des actions faites contre les menaces qui pèsent sur ces animaux, comme les collisions routières. « Cela passe par de la sensibilisation auprès des automobilistes. Ça peut être des endroits où on leur demande de ralentir (via des panneaux), pour faire savoir que sur ces routes du sud de l’Espagne et du Portugal, on peut croiser un lynx et donc qu’il faut être vigilant. Ce sont des animaux tellement rares que chaque collision a un impact lourd pour la population. »

Comment faire désormais pour conserver cette dynamique positive et protéger davantage le lynx ? « En s’assurant qu’on lui trouve d’autres habitats favorables pour qu’il étende son aire de répartition, en poursuivant les efforts faits dans toutes les directions qu’ont été suivies jusqu’à maintenant », précise Florian Kirchner. Y compris dans la lutte contre les menaces et notamment la surveillance contre le braconnage.

Une ombre au tableau cependant, une menace indirecte sur laquelle « on n’a pas la main » : le nombre de lapins européens est en chute dans la région du sud de la péninsule ibérique. Cela est dû à la dégradation de son habitat et au déclenchement de maladies, parfois mortelles. Or le lapin européen est la proie principale du lynx et cette situation l’a grandement affecté. « On espère qu’il n’y aura pas de nouvelles épidémies brusques et massives qui vont toucher les lapins, sinon les ressources alimentaires du lynx repartiraient à la baisse. Cela ne serait pas un bon signe pour la population. C’est assez difficile et c’est l’élément sur lequel on a du mal à lutter. »

Situation inverse pour le lynx en France

Le lynx boréal reste gravement menacé. On estime la population autour de 150 individus./©iStock-AB Photography

De l’autre côté des Pyrénées, en remontant un peu plus haut à l’est, vers les Alpes et les Vosges, la situation est bien différente pour le lynx boréal présent en France. Lui est toujours considéré « En danger » sur la Liste rouge de l’UICN et demeure gravement menacé, avec un effectif très faible. On estime la population autour de 150 individus sur l’ensemble du territoire (Massif du Jura, Vosges, nord des Alpes, Beaujolais, Morvan, Bourgogne).

« La menace essentielle, là où il y a la plus grande mortalité qui est avérée, ce sont malheureusement les collisions routières, soutient Olivier Guder, vice-président coordinateur lynx de FERUS, joint par 30millionsdamis.fr. Si on fait le cumul, entre 2022 et 2023, on serait sur une quarantaine de lynx tués à la suite de collisions. Et là sur le début de l’année 2024, je sais qu’on était déjà à 13 lynx percutés et tués par collision en France. » Le manque de sensibilisation se fait ressentir, contrairement à la péninsule ibérique. « Il est important que l’Etat, très rapidement, puisse sensibiliser les automobilistes, par la mise en place de panneaux, notamment dans les zones où il y a de forts risques de collision. »

De vraies mesures réclamées

Autre solution avancée, la création de passages à faune sur ou en-dessous des axes routiers pour que les lynx ne soient pas percutés par les voitures. « Ce sont des ouvrages longs et coûteux mais qui sont très efficaces quand ils sont bien réalisés », ajoute Olivier Guder. Parmi les menaces restantes, on retrouve notamment les destructions illégales. 3 cas de lynx découverts tués par balle en 2020, un autre en 2022. Sur le début de l’année 2024, un lynx dont le cadavre a été retrouvé, a également été victime de coups de feu. « Et ça n’exclut pas, malheureusement, que d’autres lynx aient pu être tués de façon illégale, sans que les cadavres ne soient retrouvés. »

« On espère que les enquêtes vont enfin aboutir pour déterminer et trouver les coupables des quelques cas qui ont été avérés ces dernières années, afin de les condamner très lourdement de manière que ça serve d’exemple », martèle Olivier Guder, qui demande que « chaque lynx retrouvé mort à la suite d’une destruction illégale soit systématiquement remplacé par au moins un nouveau lynx relâché ».

Le fléau de la consanguinité

Puis il y a un troisième point noir menaçant la survie du lynx boréal : la consanguinité. Là aussi, la solution pourrait venir des relâchés de nouveaux lynx en France, « qui soient prélevés avec des souches génétiques différentes, capturés dans des pays un peu différents des lynx d’origine (ndlr : ces derniers provenant de Slovaquie), de manière à renouveler le patrimoine génétique des lynx présents en France ». Une demande faite à maintes reprises…