Le Parlement britannique a voté mardi 14 mai 2024 l’interdiction de l’exportation d’animaux d’élevage vivants. La Fondation 30 Millions d'Amis se réjouit de cette décision pionnière – qu’elle réclame elle-même pour la France – alors que l’Union européenne autorise toujours cette pratique.
Un pas de plus en faveur du bien-être animal ! Mardi 14 mai 2024, le Parlement britannique a voté en faveur de l’interdiction de l’exportation d’animaux d’élevage vivants. Ce projet de loi, réclamé depuis 50 ans par les associations de protection animale, proscrit l’exportation de milliers de bovins, chèvres, moutons, sangliers et chevaux destinés à l’abattage ou à l’engraissement. Ce vote représente l’étape parlementaire finale d’un texte déjà approuvé par la Chambre des Communes. Pour la RSPCA, principale organisation britannique de protection des animaux, il s’agit de « l'un des plus grands jours du bien-être animal de l'histoire moderne ». Le texte a reçu sur la sanction royale le 20 mai 2024.
40 millions d’animaux exportés depuis soixante ans
Chaque année, des millions d’animaux sont exportés du Royaume-Uni, et plus exactement 40 millions depuis les années 1960, selon les données du gouvernement d’outre-Manche. Un « commerce odieux » pour Emma Slawinski, l’une des responsables de la RSPCA. « Les animaux transportés ont longtemps enduré des voyages surpeuplés (…) - conduisant à l'épuisement mental, aux blessures, à la faim, à la déshydratation et au stress », fait savoir l’organisation dans un communiqué (en anglais).
Ces animaux subissent de nombreuses heures de voyages, parfois « plus de 100 heures » selon l’ONG. « Je serai hantée à jamais par l’odeur qui sort d’un camion d’exportation, et les appels des animaux à l’intérieur desquels on peut encore entendre alors que le navire quitte le port et navigue au loin », poursuit E. Slawinski.
Une avancée grâce au soutien public
« Exporter vivants des animaux afin de les abattre est un commerce absurde et d’un autre siècle »
Yvan Savy, directeur du CIWF France
Pour parvenir à l’adoption de cette loi, les campagnes menées par les associations animales s’appuient sur les mobilisations publiques. Manifestations, tournées de sensibilisation et pétitions ont appelé le gouvernement britannique et les parlementaires à mettre un terme à ce commerce. « Nous sommes heureux de cette décision historique. Exporter vivants des animaux afin de les abattre à des milliers de kilomètres est un commerce absurde et d’un autre siècle », a déclaré Yvan Savy, directeur du CIWF France.
Des célébrités ont également apporté leur soutien à ce projet de loi. « Je suis très fière de dire qu'ensemble, nous avons interdit les exportations d'animaux vivants ! », a réagi Dame Joanna Lumley, actrice et productrice britannique, marraine du CIWF. Une persévérance au fil des ans qui a finalement conduit le gouvernement britannique à revoir sa législation en la matière. « Cette campagne a été un exemple incroyable de pouvoir populaire - et ce que nous pouvons tous réaliser ensemble pour le bien-être des animaux », confirme E. Slawinski.
Un élan pour les pays membres de l’UE ?
Plusieurs membres de la Chambre des Lords regrettent toutefois que la loi ne s'applique pas en Irlande du Nord pour qui, en vertu des règles post-Brexit, certaines réglementations de l'UE, en particulier en matière commerciale, continuent de s'appliquer. Les ONG de protection des animaux d'élevage exhortent quant à elles l'Union européenne à interdire elle-aussi l'exportation d'animaux vivants vers les pays tiers. Malheureusement, cette option a récemment été écartée par la Commission. Dans sa proposition de révision de la réglementation fin 2023, toujours en cours de négociation, celle-ci lui a préféré un durcissement des exigences sur l'état des bateaux et la bientraitance des animaux à bord.
Néanmoins, d’autres pays hors UE ont récemment pris des mesures visant à améliorer les conditions d’animaux d’élevage soumis à de longs trajets. L'Australie s'est par exemple engagée à mettre fin à l'exportation de moutons d'ici 2028 et un tribunal brésilien a d’ores et déjà interdit l'exportation d’animaux vivants à partir des ports du pays. « Nous encourageons la France à intégrer cet objectif dans les futurs plans de filière. Car c’est bien toute l’Union européenne qui doit suivre ce mouvement déjà amorcé par d’autres pays. C’est possible ! », a appelé Yves Savy.
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