L’Astrichelys radiata (dite aussi tortue étoilée de Madagascar) est une espèce menacée, inscrite dans l’annexe I de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages (CITES). / @Antoine Cadi (SOPTOM)
Convoitée pour son apparence atypique et sa rareté, la tortue étoilée de Madagascar est victime de trafic au sud-ouest de l’île. Traquée par les braconniers, sa population se réduit considérablement. 30millionsdamis.fr s’est entretenu avec Antoine Cadi, président du Village des tortues de la SOPTOM, pour évoquer sa conservation.
Il n’y en aurait plus que quelques centaines de milliers dans la nature… C’est le triste constat posé par Antoine Cadi, président de la Station d'observation et de protection des tortues et de leurs milieux (SOPTOM). Sur les 340 espèces de tortues recensées dans le monde, l’Astrichelys radiata – plus connue sous le nom de « tortue étoilée de Madagascar » – figure malheureusement parmi les plus menacées. Il y a cinquante ans, « sa population en comptait plusieurs millions », révèle le spécialiste à 30millionsdamis.fr. Le reptile est victime d’un trafic en expansion dans le monde, depuis son propre pays d’origine.
Reconnaissable aux motifs étoilés de sa carapace, l’Astrichelys radiata est perçue comme « la tortue la plus belle du monde ». Sa rareté endémique plaît. Mais cela fait d’elle une cible idéale pour les braconniers. Sa viande est prisée dans les pays d’Asie, et elle intéresse particulièrement les pays du nord de l’Europe comme pièce de collection, ou simplement comme nouvel animal de compagnie (NAC). Un problème majeur pour sa survie en raison des longues heures de transport et du manque d’hydratation qu’elle subit. Enfermées dans des sacs, sans eau, sans nourriture, peu d’entre elles survivent à l’arrivée. Quant aux rescapées, elles ne parviennent pas toujours à s’adapter à un climat différent de leur île natale.
Un membre de l'association Soptom assurant le suivi d'une tortue radiata @Antoine Cadi (SOPTOM)
30 000 tortues radiata ont exportées à l’international entre 2018 et 2021, selon un rapport TRAFFIC. Avec l’effondrement économique du pays depuis le début des années 2000, elle apparait pour les habitants de l’île comme un atout économique, parfois alimentaire. Face au danger d’extinction de l’espèce, des efforts sont néanmoins faits pour améliorer sa conservation : « Plus de 20 000 tortues ont été saisies par les autorités malgaches en quelques mois de collecte », rapporte le président de Soptom, qui mobilise les forces de l’ordre et la population locale. Les unes pour former les douaniers face au trafic des tortues, l’autre pour sensibiliser les nouvelles générations à sa protection.
Malgré les efforts déployés, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) prévoit un risque d’extinction d’ici 2050 si le trafic se poursuit. La tortue radiata figure dans la liste rouge de l’UICN et est inscrite dans l’annexe I de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages (CITES) depuis 1975. « Il est difficile de recueillir des preuves le long de la chaîne de contrôle permettant d’engager des poursuites » contre les braconniers, informe le rapport Traffic. Pour autant, Antoine Cadi ne cède pas au pessimisme : « On se bat au quotidien, et on sera toujours là pour les années qui viennent », assure-t-il.
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