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Interview

Hélène Gateau : « La place de l’animal dans la famille est un intérêt de société »

Aux côtés de son chien Colonel, Hélène Gateau se sent comme une véritable "dog mom"./©H. Gateau

La journaliste et vétérinaire Hélène Gateau a suscité le débat avec son dernier ouvrage « Pourquoi j’ai choisi d’avoir un chien (et pas un enfant) », paru chez Albin Michel. Elle y revendique la place de nos 30 millions d’amis au sein de la famille dans nos sociétés et lève ainsi un tabou.

30millionsdamis.fr : Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’écrire sur ce sujet ? 

HÉLÈNE GATEAU : Je suis tombée sur l’allocution du Pape François qui regrettait que les chiens et les chats remplacent les enfants. S’il en parle, c’est qu’il y a un sujet. J’avais alors besoin de comprendre ce qu’il pouvait se passer autour du lien entre une femme et un chien. Et j’y ai noté, preuves scientifiques à l’appui, qu’il y avait beaucoup de similitudes avec le lien d’une mère avec son enfant. Dans ce livre il y a aussi une dimension cathartique. Je l’ai écrit car ça m’interroge sur qui je suis. Et je ne suis pas la seule dans ce cas.

 

Être une femme célibataire avec son chien vous attire son lot de jugements.

C’est-à-dire ? 

Être une femme célibataire avec son chien vous attire son lot de jugements. Pour autant, le fait de ne pas avoir d’enfant a toujours été un choix. Par ailleurs, la façon dont je m’occupe de mon chien est totale. Je lui donne énormément de mon temps, je m’investis entièrement pour lui. Je me suis rendue compte qu’au fil du temps, j’exprimais une sorte de maternité dont j’avais besoin sans pour autant souhaiter un enfant.

Ce choix a-t-il chamboulé votre entourage ? 

Certains m’ont dit que mon chien était un palliatif. D’autres, que je faisais un transfert. Il y a comme une sorte d’intrusion dans ma vie intime, comme si ma parole n’avait pas de poids. Mais non, j’ai fait un choix que j’assume pleinement.

©H. Gateau

Parlez-nous de Colonel…

Colonel est un Border Terrier de 4 ans. Ce sont des chiens que j’adore depuis toujours. J’ai même fait ma thèse vétérinaire sur le comportement des terriers. J’apprécie le côté rustique, rugueux et malicieux de ces chiens. Je peux aussi l’emmener partout ! Il est poli envers les chiens et les humains. Je suis une vraie « dog mom ». Il a quand même son caractère et aime se frotter aux plus gros que lui.

 

Le lien d’attachement pour un chien est similaire à celui d’une mère avec son bébé.

Avez-vous la sensation de lever un tabou avec ce livre ?

Sylvain Tesson, qui a gentiment écrit la préface du livre, parle avec justesse de ce tabou. Et c’est vrai que c’est un thème qui n’a jamais été abordé jusque-là. Les études scientifiques, qui sont abordées, prouvent que le lien d’attachement qu’on a pour un chien est similaire au lien d’attachement d’une mère avec son bébé. 

Cela vous a valu quelques attaques…

Je me prends parfois des réflexions agressives, des incursions dans ma vie intime. Beaucoup s’arrêtent au titre. On m’a même dit que c’était le summum de la dégénérescence de l’Occident ! Toutefois, je ne dis pas qu’un enfant et un chien, c’est la même chose ! Je ne prends pas mon chien pour un enfant et je ne verse pas dans l’anthropomorphisme. Mon livre est un hommage aux chiens, une espèce pour laquelle j’éprouve une grande fascination.

 

Je ne fais de mal à personne avec ce livre, au contraire.

Avez-vous reçu des témoignages de soutien ?

J’ai effectivement reçu énormément de témoignages de femmes soulagées qu’un tel sujet voie le jour dans les médias. Certains n’ont pas pu avoir d’enfants et peuvent mettre des mots sur la relation avec leur animal. Il y a aussi des mamans qui ont un chien. Je ne fais de mal à personne avec ce livre, au contraire. Toutes ces réactions, toute cette couverture médiatique montre que j’ai peut-être visé juste. Il y a un intérêt de société sur la place de l’animal dans la famille.

Est-il plus facile de sortir ce livre aujourd’hui qu’il y a 10 ou 20 ans ? 

Oui, je le pense. La place de l’animal a pris beaucoup plus d’importance ces dernières années dans notre société. Avant, il n’y aurait pas un seul éditeur qui aurait accepté ce bouquin ! Mais il reste du chemin à faire pour ne pas être jugée. D’ailleurs, un éditeur me l’a refusé pensant que c’était trop tôt.