Il a été aperçu en Ardèche… 3 ans après avoir perdu sa balise GPS ! Une heureuse découverte selon les naturalistes qui assuraient le suivi de cet aigle de Bonelli. 30millionsdamis.fr s’est entretenu avec ceux qui ont retrouvé sa trace.

Le premier aiglon né en Ardèche vient d’être retrouvé ! Le rapace avait fait l’objet, en juin 2019, d’un double marquage : une balise GPS qui permet de suivre ses déplacements et une bague (gravée de codes alpha-numériques) susceptible d’être lue à plusieurs centaines de mètres, avec le matériel optique adapté. Si la balise GPS a permis de suivre l’oiseau pendant plus d’un an, elle a fini par stagner sur un point fixe, dès septembre 2020...

Identifié grâce à une bague et un piège photo

« Alors que l'aigle avait "disparu des radars", nous n’avions plus qu'à espérer qu'un jour nous puissions observer l'oiseau dans d'assez bonnes conditions pour lire la bague et l'identifier avec certitude, confie Michel Mure, chef de projets LPO Auvergne-Rhône-Alpes, joint par 30millionsdamis.fr. C'est ce qui s'est passé cette année : nous avons pu lire sa bague, 4 ans après sa naissance et 3 ans après qu'il ait perdu sa balise ! »

L’aigle s’est installé avec sa partenaire, à l’automne 2022, dans les gorges de l’Ardèche, sur un site pourtant vacant depuis longtemps. « Après maintes tentatives pour les identifier, l’utilisation d’un piège photo a réussi l’exploit, précise la LPO. La femelle n’était pas baguée et le mâle… était bien notre aiglon » !

Une bonne nouvelle pour l’espèce et pour le site

Le département ne compte que 4 couples d’aigles de Bonelli, de sorte qu’en moyenne, seuls 2 à 3 aiglons parviennent à l’envol chaque année : « Il est donc rare d’avoir des nouvelles d’un aiglon plusieurs années plus tard, confirme Michel Mure. Alors, savoir qu’un aiglon né en Ardèche vient coloniser, 3 ans et demi plus tard, un site vacant ardéchois, sans être chauvin, ça fait plaisir ! »

Les retrouvailles sont d’autant plus réjouissantes pour la biodiversité que l’aigle devenu adulte a formé un couple, laissant présager de nouvelles naissances par la suite ! Et il est fort à parier que ce jeune couple s’installe définitivement sur le site, eu égard à la fidélité qui caractérise les aigles de Bonelli entre partenaires, mais aussi vis-à-vis de leur site de reproduction. D’autres sites sont par ailleurs disponibles dans le département pour accueillir spontanément d’autres couples.

Une espèce menacée par les activités humaines

La présence de ces aigles en Ardèche témoigne ainsi de l’efficacité des efforts fournis pour préserver l’espèce. « Cette excellente nouvelle nous conforte dans la politique à mener en termes de gestion des sites occupés et vacants de cette espèce, assure l’association. Cela confirme l’intérêt des partenariats développés – notamment dans le cadre du Plan National d’Actions – en faveur de l’Aigle de Bonelli, entre les gestionnaires d’espaces naturels, l’Etat, la LPO AuRA en Drôme-Ardèche et les différents actes locaux ».

Mais encore faudra-t-il que les rapaces ne succombent pas aux activités humaines. Car malheureusement, l’espèce est toujours victime de tirs illicites, d’électrocutions contre les câbles, d’empoisonnement au plomb de chasse et de destruction de leurs habitats. En mai 2023, c’est un pygargue à queue blanche qui a été victime d’un acte d’une cruauté inouïe : relâché un an plus tôt dans le cadre d’un programme de réintroduction, il a été retrouvé mort, la tête et les pattes coupées, au sud de l’Allemagne.