La moitié des hippopotames qui se reproduisent de manière incontrôlée en Colombie depuis la mort de leur ancien propriétaire – le narcotrafiquant Pablo Escobar – devraient être envoyés dans des sanctuaires en Inde et au Mexique dans les prochains mois. 30millionsdamis.fr salue cette initiative – la seule à même de les protéger – impulsée par la reconnaissance de leur personnalité juridique en 2021.
Opération sauvetage pour les « hippopotames d'Escobar » ! Arrivés en Colombie fin 1980 pour occuper le zoo privé du célèbre narcotrafiquant Pablo Escobar, ces mammifères se sont retrouvés livrés à eux-mêmes en liberté, après la mort de leur propriétaire en 1993. Au fil du temps, ils se sont reproduits de manière incontrôlée, au point de devenir un danger pour les habitants de la région et pour la survie des espèces animales indigènes, comme les lamantins et les capybaras (petits mammifères herbivores rongeurs).
Des sanctuaires déjà prêts à accueillir les hippopotames
Pour y remédier, et face à l’échec du programme de stérilisation, le gouvernement colombien a annoncé avoir amorcé le processus tendant au transfert de 70 hippopotames (soit plus de la moitié des effectifs actuels) vers des sanctuaires au Mexique et en Inde. « C'est possible : nous avons déjà de l'expérience dans la relocalisation des hippopotames dans les zoos du pays », assure David Echeverri López, porte-parole de l'autorité environnementale locale (HuffPost).
« Nous espérons que les permis requis par les institutions nationales pourront être approuvés au cours du premier semestre de cette année, ajoute le gouverneur du département d’Antioquia, Anibal Gaviria. Nous avons déjà défini comment les hippopotames doivent être capturés, gardés et transportés [dans des conteneurs en fer, NDLR] »… Un soulagement pour de nombreux habitants, même si une poignée d’entre eux préféraient les voir comme « les animaux de compagnie du village » (Associated Press).
Un sauvetage impulsé par la consécration de leur personnalité juridique
Toujours est-il que les transferts des mastodontes vers des sanctuaires devraient ainsi empêcher la chasse de ces êtres vivants, sensibles… et dont la personnalité juridique a été explicitement consacrée ! En effet en 2021, des ONG de protection animale colombiennes contestaient la décision du gouvernement ordonnant la stérilisation chimique des pachydermes au moyen de fusils à fléchettes. Selon les organisations, ce procédé de stérilisation faisait courir un danger pour les animaux, contrairement à la stérilisation médicale qu’elles demandaient par voie de justice. Pour appuyer leur requête, ces ONG avaient sollicité l’appui d’experts américains. Et c’est précisément pour permettre à ces experts de témoigner, en faveur et au nom des hippopotames, que la justice américaine avait consacré leur personnalité juridique.
Une étape cruciale pour la reconnaissance de droits effectifs et exécutoires au profit des animaux.
Stephen Wells - ALDF
Autrement dit, pour la première fois, une cour américaine reconnaissait la possibilité pour des animaux d’exercer un droit légal en leur propre nom. Stephen Wells, le directeur de l’association à l’origine de la demande, avait qualifié cette décision « d’étape cruciale dans la lutte pour la reconnaissance, au profit des animaux, de droits effectifs et exécutoires ». A l’instar des hippopotames d’Escobar, d’autres animaux se sont déjà vus consacrer le statut de « personne non-humaine », tels les éléphants Kaavan et Mara, l’orang-outan Sandra ou le chimpanzé Cécilia.
Pour la reconnaissance d’un statut de personne animale en France
Et parce qu’un droit de n’a de valeur que si on a le droit de le faire valoir, la Fondation 30 Millions d’Amis œuvre pour la reconnaissance, dans le code civil, d’un statut de « personne animale » pour renforcer l’efficacité des dispositions protectrices existantes. L’élévation du statut des animaux permettrait ainsi de leur conférer de véritables droits subjectifs invocables devant un juge, mais relatifs car distincts de ceux des humains.
Une (r)évolution juridique souhaitée par 7 Français sur 10 (IFOP/30 Millions d’Amis, octobre 2019) et soutenue par les 197 000 signataires de la pétition lancée à cette fin par la Fondation 30 Millions d’Amis.
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