Mathieu Madénian : « À jeun, un chasseur raconte des conneries »

Quelques jours plus tôt, sur RTL, le célèbre humoriste Mathieu Madénian a usé de son humour corrosif pour plaisanter sur les incidents liés à la chasse : « Il y a quand même une bonne nouvelle : cela fait 5h qu’il n’y a pas eu d’accident de chasse, ça s’applaudit ! ». Quelques semaines après la recommandation sénatoriale tendant à l’interdiction de l’alcool à la chasse, le comédien s’amuse à saluer tous les chasseurs qui écoutent en direct sa chronique à 7h20… « et qui sont en train de finir l’apéro » !

L’humoriste évoque aussi l’intervention de Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs, qui déclarait en 2021 sur RMC : « Je prends du plaisir dans l’acte de chasse, j’en ai rien à foutre de réguler »… Et d’en conclure que « ça c’est un chasseur à jeun : il ne dit que des conneries ! ». Et difficile, selon M. Madénian, d’en vouloir aux chasseurs qui confondent les habitants des villages avec des sangliers : « c’est aussi la faute des habitants qui sortent en jogging, pas coiffés, pas maquillés » !

« C’est un peu facile de stigmatiser les chasseurs, sous prétexte qu’ils ont des armes d’une portée d’un kilomètre, plaisante de son côté Guillaume Meurice. Mais le mieux pour les promeneurs, c’est quand même de ne pas sortir les jours de chasse et je donne le même conseil aux autres animaux ! S’arrêter de vivre, c’est quand même le meilleur moyen d’éviter la mort », ironise-t-il.

Franjo : « Il faut combien de grammes avant de voir un sanglier sur un vélo ? »

Le stand-up, aussi, peut-être l’occasion pour les humoristes d’exprimer des convictions. En 2018, au Jamel Comedy Club, Franjo dénonçait déjà l’hypocrisie de certains chasseurs qui ont confondu un animal avec un humain. « À Fontainebleau, on n’a pas peur des sangliers mais du chasseur qui nous prend pour un sanglier, plaisante le stand-upper. Il y a un qui a tiré sur un vététiste, croyant avoir vu un sanglier… Mais il faut combien de grammes avant de voir un sanglier sur un vélo ? Toute façon, je pense qu’il faut être saoul pour chasser : on ne peut pas tuer un lapin et trouver ça marrant sobre ». Au Paname Comedy Club, c’est Ahmed Sparrow qui interpelle avec malice ces chasseurs qui se fourvoient : « Quand l’animal, avant de mourir, il crie "Tire pas Dédé, c’est moi", il y a un indice ! ».

L’expression de préoccupations sociétales majeures

Sur scène ou à la radio, ces sketchs engagés reflètent les maux de notre société et les attentes des citoyens. Ils témoignent ici d’une prise de conscience sociétale croissante pour la protection des animaux. « Si l'humoriste a le pouvoir de rire des travers ou des particularités de la société, c'est le public qui lui accorde ce pouvoir », assure Emmanuel Choquette, enseignant en communication de l'Université de Sherbrooke, au Canada (Fémininbio, 2021).

Ainsi, en évoquant les abus de la chasse, Ahmed Sparrow a voulu se saisir d’enjeux de société : « Sur deux points : la protection des animaux et les risques encourus à la chasse, confie l’humoriste à 30millionsdamis.fr. Pour moi, c’est scandaleux : il s’agit là de pratiques du Moyen-Age et on laisse ça encore passer ! C’est comme la corrida : à un moment, il faut ouvrir les yeux : comment peut-on faire d’une souffrance animale un spectacle ? »

Un outil de sensibilisation à la cause animale 

À son tour, l’humour apparaît comme une arme de sensibilisation du public au bien-être animal. « Dans mes sketchs, je parle de ce que je ressens ; il s’avère que parfois mon ressenti concerne des causes plus sérieuses et forcément je donne mon avis dessus, confirme Ahmed Sparrow. Et s’en prendre à des animaux, ça me touche : c’est une histoire de sensibilité. » « L’exercice de la chasse est d’une absurdité telle que le thème est assez courant dans le stand-up, conclut le producteur - et maître incontesté de l’humour en France - Kader Aoun, joint par 30millionsdamis.fr. Sortir avec un fusil pour tuer des animaux, c’est une blague en soi ! »