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Culture

Cochon, perroquet, chat… Ces animaux qui ont comparu devant des tribunaux

Les cochons sont parmi les animaux qui ont été les plus sujets aux procès durant l'histoire./©Wikimedia Commons (domaine public)

Du 13ème à la fin du 17ème siècle, les animaux pouvaient faire l’objet d’un procès au même titre que les humains. Excommunication, exorcisme ou exécution, plusieurs affaires sordides ont émaillé l’histoire. 30millionsdamis.fr revient sur ces pratiques judiciaires étonnantes qui interrogent alors même que le principe de n'appliquer le droit qu'aux seuls humains est aujourd'hui remis en cause.

Nombre de leurs détracteurs n’hésitent pas à caricaturer les défenseurs de la cause animale et à les accuser d’anthropomorphisme. Il y a plusieurs siècles de cela, la question ne se posait pas. Des centaines de procès ont ainsi mis en scène des animaux entre le 13ème et la fin du 17ème siècle en France. Perroquet, cochons, chevaux ou encore chats ont ainsi occupé les bancs des accusés. Une présence qui démontre qu’à l’époque, les animaux avaient bien une conscience aux yeux des humains. « Mais aussi une personnalité, renchérit Eric Baratay, historien et spécialiste de la relation homme-animal. Toutefois, il faut prendre en compte le contexte. Il y avait à l’époque une empreinte de l’Eglise. D’ailleurs, c’était l’idée d’une communauté des créatures de Dieu où les animaux, comme les hommes, pouvaient subir des procédures religieuses diverses. »

30millionsdamis.fr a sélectionné quelques-unes de ces procédures emblématiques.

Le perroquet qui en disait trop

Il est l’un des procès d’animaux les plus célèbres. « Jacot », le perroquet de Louis Auguste, conseiller auprès du roi sur le terrain de la justice, était célèbre pour ses convictions un brin… royalistes. Et pour cause, l’animal avait pour habitude de répéter « Vive le roi ! », « Vive l'empereur ! » Voire « Vive l’Eglise ! ». Des cris qui passaient plutôt bien au sein de la société… jusqu’à la Révolution ! En 1793, « Jacot » et son maître sont arrêtés. Le perroquet se retrouve à la barre et le juge attend de lui qu’il répète ses fameuses tirades royalistes… ce qu’il ne fait pas ! Bien sûr, l’idée était de piéger Louis Auguste qui, malgré la fidélité de son animal, est condamné à la guillotine le soir-même. « Jacot », quant à lui, échappe à la condamnation et prononcera désormais des éloges à la Nation.

Procès en sorcellerie pour les chats noirs

Ce n’est un secret pour personne, les chats noirs ont souvent (et à tort) été associés à la sorcellerie entraînant leur condamnation à mort. De nombreux procès ont ainsi été intentés pendant le Moyen-Âge contre cet animal portant prétendument malheur. Au 13e siècle, le chat était un véritable martyr et est pourchassé par l’Église et l’État. Symbole de cette cruauté, la veille de la Saint-Jean, le 23 juin 1471, une multitude de chats maltraités ont été brûlés par la famille royale sous l’hilarité du public.

Les cochons habitués au prétoire

C’est le procès le mieux documenté en termes de jugement d’animaux, d’après France Culture. En 1386, alors que des cochons se trouvaient dans les rues afin de « collecter » les détritus dans la région de Falaise (Normandie), une truie serait à l’origine d’un accident avec un nouveau-né. Ce dernier serait tombé et l’animal aurait commencé à le dévorer. Le procès fait l’effet d’une bombe et durera neuf jours ! La truie est lourdement condamnée à être traînée sur une claie avant la pendaison. « Avant de la pendre, on l’a habillée avec des vêtements de femme, explique Michel Pastoureau, historien et auteur de l'ouvrage « Le Cochon : histoire d'un cousin mal aimé », sur France Culture. Et le juge bailli de Falaise a eu deux idées extraordinaires : d’une part, il a demandé à ce qu’une grande peinture soit faite pour l’église de la Trinité de Falaise, pour garder mémoire de l’événement. Et de l’autre, il a demandé aux paysans de venir voir l'exécution de la truie avec leurs cochons pour que ça leur fasse enseignement. » 

 

La notion de personne pourrait ne pas être réservée qu’aux êtres humains.

Eric Baratay - Historien

A noter que 35 affaires judiciaires de cochons ont pu être retrouvées dans les archives. Il serait l’animal le plus jugé en Europe entre le 13e et le 17e siècle représentant 90% des procès d’animaux. « Les cochons et les chevaux étaient des animaux très présents dans les rues des villes, explique Eric Baratay, auteur de l’ouvrage « Aux sources de l’histoire animale (Ed. de la Sorbonne, 2019). C’est pourquoi ils étaient plus sujets aux incidents. Maintenant, il faut nuancer car ces affaires n’étaient pas aussi fréquentes. »

Des dauphins et des insectes exorcisés

D’autres animaux ont également fait l’objet d’une attention particulière de la justice d’antan. Comme ces dauphins qui se sont invités sur le Port de Marseille en 1596 avant de faire des dégâts provoquant la convocation de l’évêque de Cavaillon pour les… exorciser ! De même, des limaces, des sangsues, des rats ou encore des mulots ont dû « répondre » de leurs actes devant la justice. Assez communs, les animaux dits « ravageurs » comme les insectes pouvaient se retrouver sous le joug de l’excommunication ou l’exorcisme. Ils font d’ailleurs partie des derniers procès mettant en scène des animaux à la fin du 17e siècle où ces procès vont disparaître. « On trouve une quantité de textes de théologiens qui s’élèvent contre ces procès en disant que c’était tout à fait ridicule étant donné que les animaux n’ont ni âme, ni intelligence, ni raison, documente Eric Baratay. C’est un des effets du cartésianisme. On met en place une restriction du droit aux humains. Dans les milieux intellectuels, l’idée que l’animal n’a pas de raison se répand. » 

De nos jours, pas de procès mais un élargissement du droit aux animaux !

Si ce pan de l’histoire peut surprendre aujourd’hui, il est cocasse de constater qu’un retour à la reconnaissance d’une conscience chez l’animal s’élève au sein de la société. Après avoir obtenu en 2015 que l’animal ne soit plus considéré comme un objet mais comme un être vivant doué de sensibilité dans le Code civil, la Fondation 30 Millions d’Amis veut aller plus loin en réclamant un statut de « personne animale » pour mieux défendre les animaux. « C’est effectivement intéressant car cela coupe le pied aux détracteurs caricaturant les défenseurs de la cause animale en les taxant de radicaux, exprime Eric Baratay. Le fait de vouloir étendre le droit à d’autres êtres que les humains n’est pas une nouveauté. D’ailleurs, plusieurs pays considèrent des espèces voire des fleuves comme des sujets de droit. Elargir le droit, ce n’est pas faire des animaux des humains. La notion de personne pourrait ne pas être réservée qu’aux êtres humains. »

Des milliers d'animaux condamnés à mort en dehors des tribunaux...

En attendant la consécration juridique de cette personnalité animale, des milliers d'animaux innocents sont condamnés à mort chaque année... en dehors des tribunaux ! Abandonnés, les animaux amenés en fourrière peuvent être euthanasiés s'ils n'ont pas été réclamés par leur maître dans le délai légal de garde de 8 jours ouvrés. Certes, la loi prévoit la possibilité de confier ces animaux à des organisations de protection animale, seules habilitées à les proposer à l'adoption. Mais eu égard au nombre incommensurable de chiens et de chats abandonnés – 100.000 chaque année – les refuges sont engorgés et ne peuvent tous les recueillir. De sorte que l’euthanasie, censée constituer un dernier recours, concerne, dans les faits, de trop nombreux innocents. Pour enrayer ce fléau, la Fondation 30 Millions d'Amis propose 10 pistes législatives contre l'abandon