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Etude

Les animaux (aussi) pratiquent des gestes barrières pour éviter les contaminations !

De nombreuses espèces animales, comme les singes, pratiquent la distanciation pour empêcher la transmission de maladies. ©AdobeStock

Les animaux s’organisent naturellement pour éviter les transmissions de maladies. Tel est le constat révélé récemment par des chercheurs dans la revue Trends in Ecology & Evolution (30/07/2020). L’objectif des scientifiques ? S’inspirer de l’organisation rigoureuse de ces animaux pour l’appliquer aux humains. Revue de détails par 30millionsdamis.fr.

Quarantaine et distanciation sociale ! Deux gestes barrières que maîtrisaient les animaux… bien avant l’émergence de la crise sanitaire liée au Covid-19. Car chez nos 30 millions d’amis, lorsqu’un individu tombe malade, le comportement du groupe évolue et s’adapte depuis des millénaires !

Des espèces animales s’isolent pour empêcher la propagation de virus

Comment éviter les transmissions de maladies tout en conservant des rapports sociaux ? Pour le savoir, des scientifiques étudient depuis 7 ans le comportement de 5 espèces animales. S’il en faudrait une vingtaine pour établir une véritable théorie scientifique, les résultats obtenus sont déjà probants (V. Romano, A. MacIntosh, C. Sueur, « Stemming the Flow : Information, Infection, and Social Evolution », Trends in Ecology & Evolution, 30/07/2020) ! Après avoir été contaminés par un parasite, de nombreux animaux mettent en place des gestes barrières pour empêcher toute contamination.

 

Les exemples d’évitement social et d’auto-isolement abondent dans la nature.

C. Sueur - chercheur au CNRS

« Les exemples d’évitement social et d’auto-isolement abondent dans la nature, déclarent les scientifiques dans leur étude. La langouste des Caraïbes évite les tanières abritant des individus infectés par un virus mortel ; les souris immunodéprimées réduisent leurs propres taux de contact social en évitant les rencontres avec les membres du groupe (…) ; les mandrills évitent de toiletter les régions du corps contaminées. » De la même manière, « les fourmis atteintes par [un] champignon s’isolent, mais en plus de ça, les fourmis qui ne sont pas infectées, elles, arrêtent aussi de se contacter les unes les autres, analyse sur France 3 Cédric Sueur, éthologue au CNRS à Strasbourg et co-auteur de l’étude. Afin de protéger la colonie et la reine, les  individus vont former une sorte de cercle barrière pour empêcher la propagation de maladies. »

S’inspirer des mécanismes d’évitement pratiqués chez les animaux ?

L’observation et l’analyse de ces mécanismes d’évitement pourraient nous aider à bien des égards ! En effet, les animaux peuvent nous permettre de savoir comment se comporter lorsque, malgré les risques d’infection, la nécessité d’acquérir des informations sociales demeure. « Les animaux vont pratiquer la distanciation sociale, comme les humains, mais tout en continuant à vivre en société et à communiquer ensemble, explique l’éthologue sur France CultureCar d’un côté, des maladies nous empêchent de nous contacter physiquement, mais d’un autre coté, nous avons besoin de proximité pour échanger des informations ».

 

Une interaction plus responsable avec le monde naturel pourrait atténuer l'émergence des zoonoses.

C. Sueur

A cet égard, si les fourmis pratiquent, en cas de maladie, la distanciation sociale, elles vont concomitamment passer d’un système d’échange d’antenne à antenne vers un système plus global, lié aux phéromones. De la même manière, depuis le début de la crise sanitaire, les humains ont basculé vers des échanges beaucoup plus virtuels. Les chauves-souris, quant à elles, adoptent un comportement de « fission-fusion » qui consiste à changer de gîte d’une nuit à l'autre pour « maximiser l’exactitude des informations et minimiser le risque de maladies infectieuses ».

Des stratégies radicales

A contrario, certains animaux – gorilles, chimpanzés, abeilles – vont adopter des stratégies radicales et préférer délaisser voire tuer l’individu malade, au risque d’anéantir des groupes entiers. D’où l’intérêt de connaître les mécanismes susceptibles d’annihiler ces pressions et, ainsi, éviter ces écroulements de populations. Pour les chercheurs, l’objectif est à terme de transposer chez l’humain l’application des mécanismes animaliers efficaces : « En les trouvant, on peut essayer de voir comment ils peuvent être mieux adoptés par tous, conclut C. Sueur. Ces études ouvrent un grand champ de possibilités ! ». Toujours est-il que dans la mesure où la plupart des maladies infectieuses émergentes dans les populations humaines sont zoonotiques, la distanciation sociale et la communication digitale pourront certes ralentir la propagation des agents pathogènes, mais seule « une interaction plus responsable avec le monde naturel pourrait atténuer leur émergence ».