Les primates subissent jusqu'à 36 heures de vol avant d'arriver aux laboratoires d'expérimentation animale. ©Animal Testing
Des animaux seraient acheminés par la compagnie aérienne Air France vers des laboratoires en France, aux États-Unis et au Canada, selon une enquête de l’association Animal Testing. Des chevaux entassés dans des caisses en bois, des reptiles emballés dans des sacs plastiques et des singes transiteraient par l’aéroport parisien Roissy-Charles-de-Gaulle. 30millionsdamis.fr a pu consulter certains documents qui attesteraient de ces affrètements.
Un douloureux parcours ! Primates, chevaux, reptiles, ou encore poissons endurent de longs transports par avion, depuis leur élevage d’origine dans les pays de l’hémisphère sud jusqu’aux laboratoires de recherche en Europe et en Amérique du Nord. La nouvelle enquête de l’ONG Animal Testing, menée ces derniers mois en infiltration dans le service vétérinaire de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, révèle que la compagnie Air France – déjà mise en cause par le passé pour ce type d’activité – continue de convoyer des animaux à des instituts de recherche en France, mais aussi au Canada et aux Etats-Unis. Infligeant aux futurs cobayes des conditions de voyage choquantes... bien que réglementaires. « Tout ce que nous avons constaté était légal, confie à 30millionsdamis.fr Audrey Jougla, présidente de Animal Testing et auteur de l’ouvrage « Profession : animal de laboratoire » (éd. Autrement - 2015). Mais nous avons malgré tout été consternés par l’étroitesse des contenants utilisés. »
Pour l’expérimentation animale, il faut des laboratoires, des élevages, des importateurs et des transporteurs.
A. Jougla, Animal Testing
Les lanceurs d'alerte ont constaté des conditions de transports rudimentaires, engendrant pour les animaux anxiété et nervosité. Des chevaux entassés dans des caisses en bois, sans séparation, des reptiles et des poissons dans de simples sacs plastiques... « C’était une surprise pour nous d’observer des conditions de transport aussi inappropriées, car les importateurs ont plutôt intérêt à ce que les animaux arrivent en "bon état" », s’étonne Audrey Jougla. Outre les nombreux signes de stress constatés, l’enquête d’Animal Testing témoigne également de la mort d’un primate, dont la dépouille a été retrouvée dans sa caisse. « Même si nous ne savons pas dans quel état de santé se trouvait ce singe, le sang dans sa bouche laisse penser à une commotion, présume la présidente de l’association. Cela démontre aussi qu’il existe un certain niveau de perte. »
Les temps de transport subis par les animaux donnent le vertige. « Entre deux longs courriers et une escale, les trajets peuvent aller facilement jusqu’à 36 heures, précise A. Jougla. Un véritable tour du monde ! ». Pris en charge par Air France, les "lots" sont en effet tenus de suivre les routes aériennes de la compagnie, transitant donc par Paris. Ce qui aboutit à un itinéraire loin d'être direct, tel que Vietnam – Paris – Canada, ou encore... Ile-Maurice – Paris – Texas ! Au bout du voyage, pour ces animaux déjà exténués, le cauchemar de l’expérimentation animale. Si les primates, les poissons et les reptiles feront principalement l’objet de tests de médicaments et d’autres substances potentiellement toxiques, les chevaux, quant à eux, serviraient selon l'association à effectuer des prélèvements, notamment de sang.
Parmi les destinataires identifiés - sur des documents que 30millionsdamis.fr a pu consulter - figurent les entreprises américaines Covance – infiltrée par l’association PETA en 2004 – et Charles River, ainsi que le laboratoire britannique Huntingdon Life Sciences (HLS). Mais aussi des structures françaises, à l’instar du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Fontenay-aux-Roses (92), du laboratoire de toxicologie Citoxlab d’Evreux (27), et du SILABE de Strasbourg (67), un centre de conditionnement de primates. Mais pourquoi ces organismes font-ils venir leurs cobayes de l’autre bout du monde, plutôt que d’élevages situés à proximité ? « Il existe des espèces exotiques qui ne peuvent provenir que de pays étrangers, ainsi que des souches spécifiques, pour lesquelles il y a peu de demande et donc peu de producteurs », explique Audrey Jougla.
Dans les document de transport que la Fondation 30 Millions d'Amis a pu consulter (un exemple ci-dessus), l'item n°16 permet d’identifier l’utilisation prévue pour les animaux transportés (élevage, abattage, etc.). La case « organismes agréés » correspond à différents types de structures, y compris les organismes de recherche scientifique . Dans le cas présent, il s'agit bien d'un laboratoire pratiquant l'expérimentation animale.
Si les laboratoires pratiquant l'expérimentation animale constituent les responsables habituellement dénoncés par les associations de protection animale, l’enquête d’Animal Testing démontre que les intermédiaires de l'ensemble de la chaîne - du producteur au destinataire - doivent également être mis en cause. « Pour que l’expérimentation animale continue, il faut aussi des élevages, des importateurs et des transporteurs. Le système fonctionne uniquement par cet enchaînement d’acteurs », note la présidente de l’association. « Air France continue de fournir les laboratoires parce que cela lui permet de diversifier son activité économique, et surtout parce que c’est rentable, dénonce-t-elle. Mais la nocivité de l’image renvoyée devrait mettre une pression supplémentaire sur l’entreprise pour changer, enfin, de comportement. » A ce jour, la compagnie aérienne n'a pas officiellement réagi aux révélations de l'ONG.
Air France continue à fournir les laboratoires en cobayes, parce que c’est rentable !
Audrey Jougla, Animal Testing
L'enquête d'Animal Testing intervient dans un contexte déjà très tendu pour la compagnie aérienne, dont les revenus ont brutalement chuté suite aux restrictions de déplacements mises en place par les gouvernements face à la pandémie de Covid-19. Pour Audrey Jougla, ce contexte est une raison supplémentaire pour que l'implication indirecte de la 1ère compagnie aérienne française dans l'expérimentation animale soit connue : « Air France va recevoir une aide financière de l’Etat [7 milliards d’euros en prêts bancaires, NDLR], cela nous paraît d’autant plus essentiel de faire passer l’information sur son implication dans l’expérimentation animale : ce sont nos impôts qui vont sauver cette compagnie ! ».
De son côté, le Groupement de réflexion et d’action pour l’animal (GRAAL) – soutenu par la Fondation 30 Millions d’Amis – réclame un droit de retraite obligatoire pour les animaux de laboratoire. Une seconde vie pour ces victimes innocentes... en attendant une interdiction définitive de l’expérimentation animale, souhaitée par 86 % des Français lorsque des alternatives sont disponibles (baromètre Fondation 30 Millions d’Amis /Ifop - janvier 2020).
rm 10/06/2020 à 00:26:58
Polluxopoil 01/05/2020 à 17:15:31
guilaine 80 01/05/2020 à 16:04:21
aniwatata 01/05/2020 à 16:00:57
Je suis horrifiée, dégoûtée, et leur donner 7 milliards en plus, c déguelasse ce que ces labos font subir à de pauvres animaux sans défense, aux mains de monstres!!!! Je n'en peux plus de cette société cruelle!!! Il faut continuer à enquêter et interdire ces expériences sans nom