Fondation 30 Millions d'Amis

Fondation 30 Millions d'Amis
Faites un donFaire un don

La Ferme des Aubris

La Ferme des Aubris, un havre de paix pour les équidés maltraités ou abandonnés

Le refuge de la Tuilerie

Refuge "la Tuilerie" un havre de paix pour les animaux sortis de l'enfer

 €

Votre don ne vous coûte que
XXX après réduction fiscale

Culture

Lionel Prado : « Rencontrer un loup, c’est un secret confié par la nature »

Le loup de l'Himalaya, sous un clair de lune. ©Lionel Prado

Fasciné par la liberté des grands prédateurs, le photographe Lionel Prado s’intéresse à la cohabitation entre l’Homme et les animaux sauvages. Ce passionné de nature a confié à 30millionsdamis.fr ses plus belles rencontres, ses motivations et ses espoirs.

« Je ne cherche pas seulement le "beau", j’essaye de porter un message de reconnexion avec la nature ». A travers ses œuvres, qui mettent en valeur les humains et les animaux sur fond de paysages à couper le souffle, Lionel Prado s’interroge sur nos relations complexes avec les grands prédateurs. Depuis les cimes de l’Himalaya jusqu’aux denses forêts d’Amérique du Nord, sans oublier les Alpes françaises, le photographe professionnel est parti à la rencontre des loups, des ours, et de tous ceux qui, ici ou ailleurs, partagent avec eux leur territoire. A l’origine de cette quête, une passion viscérale pour la liberté. « Petit, j’étais fasciné par le personnage de Croc Blanc, un chien loup, se souvient le jeune homme. Alors que l’humain essaye d’effacer son côté sauvage, les grands prédateurs suivent leur instinct. Partir sur leurs traces, c’est renouer avec ce que nous avons perdu. »

Rencontre avec les loups de l’Himalaya sous le clair de lune

Pourtant, rien ne semblait prédestiner le jeune niçois, titulaire d’un master en informatique, à une carrière artistique. « J’ai grandi dans un contexte éloigné de la nature, et c’est la photographie qui m’a ramené à elle », confie-t-il. En 2012, l’artiste réalise ses premiers clichés avant d’obtenir, 4 ans plus tard, la bourse Iris-Terre sauvage, d’une valeur de 5000 euros. Une dotation qu’il met à profit pour explorer la région du Ladakh, au Nord de l’Inde, où il décide de vivre quelques mois parmi les nomades, parcourant les pentes enneigées avec son objectif. « Pour photographier des animaux sauvages, il faut d’abord suivre leurs traces, puis rester à l’affût en se fondant dans le paysage, explique l’artiste, dont la patience a fini par porter ses fruits. Autour d’une carcasse, il y avait deux loups. Eclairés par la lune, nous sommes restés ensemble plusieurs heures, raconte-t-il. C’était un moment fort, hors du temps. »

Autre rencontre marquante pour le jeune photographe, celle d’un ours grizzly dans les forêts du Grand Nord canadien. Si le loup se montre plutôt craintif face à l’Homme, ce n’est pas toujours le cas de l’ursidé : « Je ne savais pas à quoi m’attendre, j’avais les jambes qui tremblaient, avoue-t-il. A ce moment-là, je me suis senti faire partie du cycle de la vie, où tu peux être le prédateur… ou la proie ! ». Mais c’est dans sa région d’origine, les Alpes du Sud, que l’artiste vit son face-à-face le plus bouleversant. « C’était à la fois furtif et magique. Le loup m’a regardé, mais il ne semblait pas dérangé par ma présence. Il a ensuite continué son chemin, s’émerveille-t-il. C’est comme un secret confié par la nature : le loup se montre à toi, il te fait confiance, et ça te confère une responsabilité. »

« C’est dans le dialogue qu’on fera avancer les choses »

Après 4 hivers passés à sillonner les alpages dans l’espoir de croiser le Canis lupus, cet instant féérique, tant attendu, motive Lionel Prado à poursuivre son travail. « C’est au moment où on n’y croit plus que les choses arrivent, affirme-t-il. La persévérance est très importante. » Persévérance, mais aussi curiosité et ouverture d’esprit, pour tenter de répondre à la question qui depuis longtemps l’obsède : comment vivre en harmonie avec ces grands prédateurs ? Depuis près de deux ans, l’artiste se rend auprès de Français qui ont choisi le « retour à la terre », vivant dans une perspective d’autosuffisance en symbiose avec l’environnement. « Je travaille avec une famille d’éleveurs de chèvres dans les Alpes. Favorables au retour du loup, ils ne veulent pas asservir l’endroit, ils essayent au contraire d’avoir un minimum d’impact », explique le photographe.

Convaincu que la clé de la cohabitation entre les Hommes et les loups réside dans la surveillance et la protection des troupeaux, l’artiste fustige la politique actuelle de régulation du canidé. « Les battues aux loups déstabilisent les meutes et augmentent les risques d’attaque sur les troupeaux, c’est prouvé scientifiquement », affirme-t-il. Le gouvernement prévoit pourtant d’abattre jusqu’à 100 loups en 2020… « La question n’est pas d’être pro-loup ni anti-loup, mais de voir le problème dans sa complexité, prône le jeune homme. Quand je rencontre quelqu’un, quel que soit son avis sur le loup, j’échange toujours avec lui. Car c’est dans le dialogue qu’on fera avancer les choses, et surtout pas en stigmatisant les uns ou les autres ! ».

Casser le mythe du « Petit Chaperon Rouge »

C’est donc par la parole mais aussi par l’image, au cœur de son travail partagé sur son compte Instagram et sur son site web, que l’artiste souhaite faire changer les mentalités. « Les gens ont peur du loup, parce qu’ils ne le connaissent pas vraiment. Avec mes photos, j’essaye de casser le mythe du "Petit Chaperon Rouge" en faisant connaître d’une autre manière cet animal », affirme-t-il. Partager ses émotions et ses espoirs, tout en gardant le « secret » que lui confie la nature. En effet, le photographe ne souhaite pas divulguer les lieux précis de ses rencontres avec le prédateur. « C’est aussi ma façon de les protéger », sourit le jeune homme, qui se prépare déjà pour un nouvel hiver en leur compagnie.