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Recherche de sanctuaire pour les cétacés sauvés de la captivité

L'Europe manque de sanctuaires pour accueillir les cétacés sauvés des delphinariums. ©Pixabay

Transfert de deux bélugas d’un aquarium chinois vers une baie protégée en Islande, projet de réserve marine pour les dauphins sauvés des parcs aquatiques en Grèce… Alors que de plus en plus de pays légifèrent contre la captivité des cétacés, 30millionsdamis.fr fait un tour d’horizon des sanctuaires – encore trop peu nombreux – qui se préparent à accueillir les mammifères marins rescapés.

Une eau turquoise, une nature préservée, le calme absolu. Parlons-nous de la destination de vacances idéale ? Non, d’un havre de paix pour les cétacés secourus des delphinariums. Sur l’île de Lipsi en Grèce, le « tout premier sanctuaire permanent destiné aux dauphins sauvés de la captivité » est en construction pour accueillir une dizaine d’animaux, dans des conditions optimales de climat et de protection. Toutefois, l’ouverture de ce sanctuaire n’interviendra pas avant 2020… Pendant ce temps, 3000 dauphins, baleines et orques à travers le monde se morfondent toujours dans des bassins trop étroits, à des fins de divertissement.

Besoin urgent de sanctuaires

« Nous avons impérativement besoin de ce type de sanctuaires, surtout en Europe, s’alarme Christine Grandjean, présidente de l’association "C’est Assez !". Pour l’instant, lorsque les delphinariums ferment, les animaux sont transférés vers d’autres delphinariums à l’étranger - notamment en Chine - où leurs conditions de détention sont pires ». Triste exemple de ce procédé, 7 dauphins cédés par d'autres parcs aquatiques sont décédés dans le zoo-mouroir grec d'Attica entre 2010 et 2017. Parmi eux, Delphi est mort seulement 8 jours après son arrivée ! « Certains animaux ne pourront jamais retourner à la vie sauvage, admet Christine Grandjean. Mais il faut qu’au moins ils puissent finir leur vie dans des conditions les plus proches possibles de leur milieu naturel ».

L’Islande ouvrirait-t-elle la voie ?

En Islande, le sanctuaire pour bélugas de la baie de Klettsvik a déjà accueilli ses premiers pensionnaires en juin dernier. "Petite blanche" et "Petite grise", deux femelles bélugas âgées de 12 ans, proviennent d’un aquarium de Shangaï. Fait pour le moins surprenant, du moins au premier abord : à l’origine de cette vaste réserve de 32 000 km2 destinée aux bélugas se trouvent l'organisation "Whale and Dolphin Conservation" (WDC) et l'association "Sea Life Trust" du groupe "Sea Life"...l’un des plus importants réseaux mondiaux d’aquariums et de delphinariums !

Dans un pays qui pratique encore la chasse aux mammifères marins, le financement d’un sanctuaire par une société qui exploite les cétacés pour le profit, pose question. « Le fait que des sanctuaires puissent être financés par des delphinariums ne me choque pas. Nourrir et soigner des dauphins est très coûteux, or les organismes prêts à contribuer dans la durée sont rares, nuance Christine Grandjean. Faire venir des visiteurs qui paient l’entrée peut aussi être une solution acceptable, à condition d’en limiter le nombre et que les animaux aient suffisamment d’espace pour pouvoir se cacher. »

Le succès du sanctuaire islandais pour bélugas n’est malheureusement pas assuré. L’inquiétude demeure pour l’instant sur la capacité de "Petite blanche" et de "Petite grise" à s’adapter à leur nouvel environnement, bien qu’elles aient été entraînées à retenir leur respiration plus longtemps et à gonfler leur musculature pour faire face aux marées et aux courants. L’orque Keiko – le héros du film Sauvez Willy – avait été réhabilité dans cette même baie en 1998, bien avant la création du sanctuaire.

Le monde entier se détourne des delphinariums

Plusieurs autres projets de sanctuaires sont en cours. Aux Etats-Unis, le groupe "Virgin Holidays" prévoit d’en construire un en Floride afin de réhabiliter les dauphins du National Aquarium de Baltimore. La chercheuse Lori Marino et son association "Whale Sanctuary Project" portent quant à eux un projet de sanctuaire pour les orques à la frontière entre les Etats-Unis et le Canada. Néanmoins, il faudra plusieurs années avant que tous ces établissements ne voient le jour.

Au Canada, l’adoption du projet de loi dit "Free Willy" (Sauver Willy) interdit désormais la captivité des baleines et des dauphins mais aussi leur importation ou leur exportation. En France, l’association C’est Assez ! et les fondations 30 Millions d’Amis et Brigitte Bardot se sont réunies à plusieurs reprises avec le ministre François de Rugy pour réclamer l’interdiction de la reproduction des cétacés dans les parcs aquatiques. Les ONG demandent à présent à la nouvelle ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, de prendre des mesures courageuses.

7 Français sur 10 opposés à la captivité des cétacés

Selon un sondage Ifop exclusif pour l'association "C'est Assez!", la Fondation 30 Millions d'Amis et la Fondation Bardot (décembre 2018), 7 Français sur 10 sont opposés à la captivité des dauphins et des orques dans des parcs aquatiques, alors que quatre établissements tricolores de ce type continuent à exploiter les cétacés pour leurs spectacles (Marineland à Antibes, Planète Sauvage près de Nantes, le Parc Astérix à Plailly et le Moorea Dolphin Center à Tahiti).