Les géniteurs des canards à foie gras subissent eux-aussi l'enfer... piégés dans des cages éventrées parmi les cadavres de leurs congénères, les rats et les asticots. ©L214 Éthique & Animaux
Cages éventrées, animaux blessés, cadavres en putréfaction, couche épaisse d'excréments au sol... L214 révèle l'agonie des canards reproducteurs de la filière foie gras au sein d'un élevage des Pyrénées-Atlantiques. La Fondation 30 Millions d'Amis réaffirme son soutien au « Référendum pour les animaux », réclamant la fin des cages et de l'élevage intensif.
Immonde ! Entre les murs d'un bâtiment délabré situé à Lichos (64), au mois d'août 2020, un lanceur d'alerte est parvenu à filmer les conditions dans lesquelles survivent plusieurs dizaines de canards de Barbarie, destinés à la reproduction pour la filière « foie gras du Sud-Ouest », selon l'association L214 qui diffuse les images dans une enquête choc. A proximité immédiate de leurs congénères morts laissés en putréfaction, les palmipèdes se blessent les pattes sur les parois grillagées de leur prison métallique. Les quelques animaux qui parviennent à s'extraire des cages éventrées sont, eux, condamnés à patauger dans une épaisse couche d'excréments... où les asticots pullulent.
Plongée dans l’horreur d’un élevage de canards reproducteurs pour la filière foie gras. ©L214 Ethique & Animaux
En 15 ans d'enquêtes de terrain, jamais je n'avais vu une situation pareille.
Sébastien Arsac, L214
Toujours selon les défenseurs des animaux, les canards de Barbarie détenus par cet établissement béarnais – exploités pour leur semence – servent à inséminer des canes de variété « Pékin » afin de donner naissance à des canards hybrides, dits « mulards ». Parmi cette progéniture stérile, les femelles sont broyées ou gazées tandis que les canetons mâles, eux, seront élevés pendant 80 jours puis gavés durant 10 jours jusqu'à décupler la masse de leur foie. « En 15 ans d'enquêtes de terrain, jamais je n'avais vu une situation pareille, affirme Sébastien Arsac, porte-parole de L214. Le bâtiment semble totalement à l'abandon, de vieilles cages sont complètement défoncées... Pourtant, [...], des canards [...] y survivent au milieu de dizaines de cadavres en putréfaction, d'asticots, de rats et d'autres insectes. »
Outre la souffrance permanente des canards piégés dans une atmosphère suffocante, incapables de déployer leurs ailes tant leurs cages sont exigües, les lanceurs d'alerte dénoncent une situation « totalement hors de contrôle ». Le risque sanitaire s'avère majeur, eu égard à la proximité des animaux vivants avec leurs congénères en putréfaction, mais aussi avec des rats ou encore des insectes nécrophages. La possibilité d'une pollution environnementale serait également à craindre, des « flots d'excréments » s'échappant du bâtiment pour s'écouler ensuite à proximité d'un cours d'eau... pourtant classé Natura 2000 [site naturel reconnu pour sa biodiversité exceptionnelle, NDLR].
Les carences des contrôles dans le secteur du foie gras sont importantes.
Sébastien Arsac, L214
L'association a déposé plainte contre l'établissement, réclamant sa fermeture immédiate (pétition). Elle exige également de la part du ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, « un audit général des élevages reproducteurs et couvoirs de la filière foie gras et la publication in extenso des rapports d'inspection. » En décembre 2019, une précédente enquête révélait l'agonie de milliers de canetons femelles, jetées vivantes à la poubelle... le couvoir en question fournissant, lui-aussi, la filière foie gras. « Ces graves situations, coup sur coup, laissent penser que les carences des contrôles dans ce secteur sont importantes », estime Sébastien Arsac. D'après le Plan national de contrôles officiels pluriannuel (PNCOPA) 2016-2020 cité par l'association, seul 1 % des élevages français ferait l'objet de contrôle par les services vétérinaires chaque année.
Contactés par 30millionsdamis.fr, les services du ministère de l'Agriculture n'ont pas souhaité réagir. De son côté, la Fondation 30 Millions d'Amis réaffirme son soutien au Référendum d'Initiative Partagée (RIP) pour les animaux, prônant notamment la fin des cages ainsi qu'une sortie de l'élevage intensif ; une mesure réclamée par plus de 8 Français sur 10 (baromètre Fondation 30 Millions d'Amis /Ifop, 2020).
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